vendredi 30 mars 2012

Autisme : La méthode des 3i


LA MÉTHODE DES 3 i

Définitions et quelques vignettes cliniques

 Un article de Iaqov Demarque
Psychanalyste
Professeur au Centre Belge de Psychanalyse et Psychosomatique
 

D’où vient cette méthode ?


 - de l’expérience réussie avec un enfant il y a 7 ans
 - des principes de plusieurs méthodes américaines basées sur le jeu
 - de l'expérience obtenue par le suivi de plus de 100 enfants avec succès aujourd'hui
 - de rencontres avec des chercheurs
 - de toutes les observations faites dans le tableau « Ce qu’il faut savoir sur l’autisme ».

 Ses Caractéristiques :


Stimulation individuelle :
 - Seul avec un adulte
 - Dans une petite pièce aménagée, qui lui permettra de se concentrer en évitant les bruits,
 la lumière, équipée d’une table, de 2 chaises, de quelques jeux installés en hauteur.

Stimulation intensive :
 - 40 heures par semaine (incluant week-end et vacances), 6 heures par jour, ce qui implique une trêve scolaire.
 - Le succès de l’éveil de l’enfant est la résultante du « stock d’heures investies »
 On ne peut pas tricher avec le temps ni le raccourcir, le temps de ce travail dépendra de chaque enfant.


Stimulation interactive :
 - La communication est l’objectif prioritaire à travers toutes les activités  et non l’apprentissage de connaissances et de savoir-faire.
 Par ex : si on fait de la pâte à modeler, l’important n’est pas de savoir la rouler et l’aplatir,  mais de capter le regard de l’enfant de façon permanente ou d’amorcer un dialogue et un échange gestuel et verbal. Les connaissances et les savoir-faire suivront naturellement.

 Ses Supports :


LE JEU
Le jeu a une place centrale pour le développement et l’éveil de tout enfant.
 Le jeu lui permet de créer la détente qui va engendrer l’éveil progressif nécessaire pour passer
 par tous les stades du jeune enfant qu’il a occultés : regard, pointage, marionnettes, quatre pattes et langage... donc de pouvoir entrer en relation avec les autres visuellement, gestuellement, verbalement, comme le font tous les enfants entre 0 et 2 ans, par étape.


Donc il faut tout transformer en jeu et s’amuser sans aucune attente comme avec un tout petit, en partant toujours de ses centres d’intérêts.
 Rentrer dans son monde tout doucement par l’affection, la tendresse et le respect pour l’amener peu à peu au nôtre.
Un programme évolutif est défini chaque mois après une évaluation globale de l'enfant de 0 à 5.
Dès le niveau 4 atteint et dès que l’enfant parle, imite, regarde bien, il commence par étapes à réintégrer l’école.

Ses Exigences :


- Implication des parents dans le suivi individuel de l’enfant et pour la coordination de l’équipe des intervenants. Acceptation de la méthode par tous les intervenants (même des professionnels : orthophoniste, psychomotricien, psychologue…) : application dans son intégralité.
- Travail d’équipe : parents, volontaires, orthophoniste, psychomotricien, psychologue, professeurs et directeur de l’école, responsables de l’Association A.E.V.E.
 Les objectifs mensuels sont pris en équipe, avec le conseil permanent de l’association.
 Ceci suppose des réunions bilans régulières : tous les mois à jour fixe avec toute l’équipe.
 Le rapport est fait par la psychologue et donné à chaque intervenant.

Ses Objectifs :


- Prendre le temps de le faire repasser à son rythme par tous les stades du développement  sans apprentissage et par le jeu interactif. Ce qui l’amènera à :
-          être un enfant comme un autre, capable de communication, de rentrer en relation et de se sociabiliser.
-          être autonome non par l’acquisition de réflexes mais de comportements spontanés ou personnels... grâce à sa possibilité d’imiter les autres.
-          L’intégrer à l’école par étape, d’abord par l’école à la maison (remise au niveau scolaire de son âge) puis l’école (quelques heures puis mi temps...).

Donc, en jouant dans sa salle de jeu, il quittera un peu l’école pour sortir de sa bulle et pour mieux y revenir au niveau des enfants de son âge, jouant et travaillant comme les autres. Il pourra quitter l'école, pour mieux y revenir.

Sa mise en oeuvre, dans le cadre de l'Association AEVE, dont elle est issue.


1° Contact avec des responsables de l’association
2° Suivi d’une Formation parents par les 2 parents : organisée une fois par mois à Paris
3° Remise des documents et de la méthode
4° Accord sur la mise en place et engagement écrit de respecter la méthode
5° Installation d’une salle de jeu adaptée et conforme aux directives de la méthode
6° Appel aux volontaires (après rédaction de l’affiche) : famille, proches, voisins, étudiants, paroisse, éducateurs... par voie d’affiches et d’articles dans la presse locale ou régionale.
7° Etablissement du nouveau planning hebdomadaire de l’enfant
8° Réunion d’information et de formation des bénévoles animée par un membre de l’Association
9° Démarrage.de la méthode
 Penser à filmer quelques séances
 Mettre un cahier « Compte rendu » à remplir par les parents et les volontaires
10° Passation du test BECS, évaluant le niveau de développement de départ de l’enfant
11° 1ère réunion des volontaires animée par notre association  suivi ensuite de tous les compte rendus constituant le dossier de l’enfant
12° Suivi hebdomadaire d’une psychologue formée à la méthode et réunion bilan mensuelle
13° Rencontre, échanges et témoignages avec les autres parents lors du forum annuel

Ne pas vouloir aller trop vite
Ne rien attendre d’une séance
Se fixer des objectifs à long terme
Voir les progrès à long terme
Savoir que les régressions seront fréquentes et précèderont souvent un grand bond en avant

Son adaptation, dans une optique psychanalytique.


Après deux années de travail avec la méthode des 3i, je me suis trouvé par moments un peu « coincé » dans cette méthode qui, à certains égards me semblait manquer de souplesse, et particulièrement au travers de l’attitude parfois trop rigide de certains professionnels, ou encore d’un certain sectarisme, perceptible dans le « formatage » de parents, complètement inféodés à cette méthode.

Difficile dès lors pour eux d’entendre ce qu’à parfois à dire un psychanalyste sur la question, sans compter les fois où j’ai perçu, de leur part, ou de celle de la psychologue responsable, une nette opposition, quand ce n’était pas franchement de l’hostilité….

Actuellement, je ne suis plus, dans le cadre des « 3i » qu’une petite fille de 9 ans.
Je suis « autrement », une petite fille syndrome de Rett, de 3 ans, ainsi que plusieurs autres enfants, issus de familles Rom en demande d’asile.

Pour ce faire, j'ai apporté quelques adaptations à la méthode des 3i, notamment grâce à des apports issus de celle "inventée" pour son fils par Barbara Donville, psychothérapeute, et en m'inspirant essentiellement des écrits de Jean-Claude Maleval, de Richard Abibon, et de Robert et Rosine Lefort.


Quelques vignettes cliniques.


MÉLUSINE


En juin 2009, je remarque une affichette ainsi libellée : « Mélusine a besoin de vous ! »
Il s’agit d’une petite fille de ma localité, atteinte, disait l’affiche, « d’une maladie orpheline ». Les parents lançaient un appel à des volontaires, pour constituer une équipe qui serait formée et supervisée par une psychologue, à cette fameuse « méthode des 3i ».
J’avais du temps libre et je me sentais, allez savoir pourquoi, attiré par cette « aventure ». j’ai donc pris contact avec la maman et rencontré pour la première fois une petite fille de cinq ans, au regard absent, et qui poussait de terribles cris stridents. Immédiatement, en moi-même, je me suis dit : « elle doit être autiste ».
En fait, elle était atteinte, d’après un diagnostic posé dans une clinique universitaire, du syndrôme de Rett…
J’ai pris rendez-vous pour la première séance de formation, et je m’y suis rendu, un peu perplexe. Beaucoup moins toutefois que le matin du 13 août 2009, date à laquelle j’allais prester ma première séance, seul à seul, avec Mélusine !
Mélusine m’avait adopté dès le premier contact, lorsque j’avais rencontré sa maman. Pendant que je parlais avec cette dernière, la petite m’a enlacé de ses bras, autour de ma taille, tout en me regardant fixement… J’avais été très impressionné, et touché aussi ! Sa maman m’avait di : « ah, elle vous a choisit ! » Et de fait…
La première séance fut mémorable !
Je n’avais aucune expérience de l’autisme et, je dois bien l’avouer, je n’avais jamais été un papa « pouponneur » ! Les petits, ce n’était pas trop mon truc. J’avais peut-être changé les langes de mes propres enfants deux ou trois fois en tout et pour tout…
Dans la salle de jeu, à la demande de la maman de Mélusine, nous avions ôté nos chaussures. Je fus d’abord très surpris et, quelque part ennuyé, de voir que la petite semblait adorer l’odeur de mes pieds, qu’elle respirait à pleins poumons en les plaquant sur son visage. Mais je laissais faire, bien sûr. C’était une entrée en matière somme toute normale : Mélusine prenait ainsi connaissance avec mon identité ! Par après, d’autres bénévoles le remarquèrent aussi : Mélusine avait un odorat très développé et s’en servait pour reconnaître les gens, qu’elle venait volontiers flairer…
Comme la consigne qui nous avait été donnée était de laisser faire, de la laisser choisir ses jeux elle-même et de ne jamais lui dire « non », tant qu’on était dans la salle de jeu, je la laissai me désigner une caisse de gros blocs Légo (un de ses jeux-fétiches) et la lui donnai…
Elle se mit alors à vider et remplir alternativement la caisse, tout en poussant des cris…
Puis, sans transition, elle alla se coucher sur son lit et, en moins de temps qu’il n’en fait pour le dire, elle se dénuda complètement !
Bien qu’on nous ait prévenus, lors de la formation, que cela pouvait arriver, j’étais évidemment assez surpris et ennuyé, d’autant qu’on nous avait donné cette fameuse consigne de l’interdiction du « non ». Je m’aperçus très vite aussi qu’il n’était pas question d’essayer de la rhabiller : elle s’y opposait violemment et, de toute manière, se re-déshabillait ensuite.
Je résolus alors de faire comme si de rien n’était, et m’assis à sa petite table, avec un livre, en faisant des commentaires sur les images… Du coin de l’œil, je l’observais : elle essayait de se rhabiller tant bien que mal, puis vint s’asseoir sur mes genoux.
Un point était donc marqué. 
Mélusine allait cependant continuer pendant plusieurs semaines à se déshabiller apparemment sans raison. Il y avait bien une hypothèse, qui voulait que chez certains enfants atteints du syndrôme de Rett, la peau soit à ce point sensible qu’ils ne supportent pas d’être vêtus. Personnellement, je n’ai jamais adhéré à cette hypothèse. J’ai plutôt l’impression qu’Mélusine répondait à une pulsion en agissant de la sorte, ce que corrobore d’ailleurs la remarque d’une autre bénévole qui note que non seulement elle se déshabille, mais « elle se tripote les parties intimes». Ce qui du reste est plutôt positif puisque cela range son comportement dans la normalité !
Ces comportements exhibitionnistes ont cessé totalement au bout de cinq à six semaines.
Très rapidement aussi, elle se montra capable d’aller seule aux toilettes, ce qu’elle fait même parfois aujourd’hui sans le demander. (Elle omet juste encore de s’essuyer lorsqu’elle va à la selle.)

Premiers progrès :

Les premiers progrès « remarquables » furent de l’ordre du langage.
Il faut savoir qu’Mélusine a eu, jusqu’à l’âge de plus ou moins 22 mois une évolution quasi normale, mis à part quelques petits soucis moteurs apparus assez tôt. Elle marchait (sans apparemment être passée par le stade du « quatre pattes »), elle était propre et surtout, elle parlait. Elle a pris le sein jusque l’âge de 7 mois. Sa régression, surtout au niveau du langage est apparue progressivement, pour finir par une perte totale de l’usage de la parole . Mélusine s’est aussi mise à pousser de longs cris stridents.
Les parents ont consulté maints spécialistes, qui ont écarté assez rapidement l’autisme « pur » pour finir par, après avoir identifié dans son sang la présence d’un gène mutant, la diagnostiquer comme étant victime du syndrôme de Rett. Un diagnostic en soi terrible, puisqu’il exclut toute possibilité de guérison ou même d’évolution positive, et ne débouche que sur un pronostic vital des plus sombres…
Or, force est de constater aujourd’hui, après 17 mois d’application intensive de la « méthode », et l’apport d’autres thérapies que je dirais « parallèles » (hippothérapie, homéopathie, naturothérapie, logopédie (méthode Padovan), natation, orthopédie, podiatriste, décodage bio…) que les progrès sont réels et constants, tant sur le plan psychique que moteur. La croissance, elle aussi, semble être tout à fait normale. Ce qui va totalement à l’encontre du diagnostic de Rett, et de ses pronostics !
Très vite, Mélusine s’est mise à acquérir un vocabulaire d’une cinquantaine de mots de base, avec, il est vrai, parfois des difficultés d’élocution.
Les jeux sont pour certains devenus traditionnels : cubes, dinette, marionnettes, puzzles… Sa manière de jouer s’affinait petit à petit : les phases stéréotypées de vidage-remplissage firent place à des ébauches de constructions en briques Légo…

Une histoire de tours....

Un jour qu’elle montait deux grandes tours, je lui posai la question de savoir qui étaient ces tours, l’une plus grande, et l’autre plus petite
-La grande tour, c’est Mélusine ?
-OUI ! (elle répond catégoriquement, en acquiesçant de la tête)
-Ah, je comprends maintenant ! C’est ça que tu voulais me dire ?
-OUI ! (même manière catégorique, cette fois avec un sourire jusqu’aux oreilles et un petit soupir d’aise dont elle a le secret !)
-Ah ! Et Mélusine, c’est la grande tour de maman ?
- silence, elle fait « non » de la tête et me lance « Titia ! » (Alexia, sa petite sœur)
-Ah, donc, c’est Alexia la grande tour de maman ?
-Non ! (cette fois, elle le dit , avec un petit sourire en coin)
-C’est Mélusine, alors la grande tour de maman ?
-OUI ! (de nouveau catégorique)
A noter qu’Mélusine semble vraiment ravie de cette conversation. (Elle a un langage non verbal hyper développé, de même qu’une extraordinaire capacité à comprendre et à observer les choses, tout en n’ayant pas l’air d’y toucher !)
Le reste de la séance se déroule de manière très calme, avec peu d’appel à d’autres jeux, à part sa dinette qui l’occupe un moment pour « faire comme maman » et me donner à boire et à manger (ce qu’elle ne fait habituellement pas !)
Nous parlons beaucoup. Mélusine me raconte sa séance d’hippothérapie de la veille, en s’aidant des images d’une revue. Je lui  parle d’elle, de sa maman, et je profite de son grand intérêt actuel pour une jument qui va bientôt pouliner pour lui parler de sa spécificité de fille :
-Oui, tu vois, Charly, lui, il n’a pas de bébé dans son ventre, parce que c’est un garçon. Mais Nala, c’est une fille, comme toi, comme Alexia et comme maman. Tu te souviens que tu étais dans le ventre de maman ?
-Mélusine se mord la lèvre inférieure, hausse les sourcils et opine de la tête.
-Plus tard, quand elle sera grande, Mélusine aura peut-être aussi un bébé dans son ventre.
(Elle me regarde dans les yeux.)
-Tu voudrais avoir un bébé dans ton ventre ?
-Mélusine fronce les sourcils et prononce un « Nooonnn ! » très appuyé.
Elle se lève brusquement et dit « pipi ». Elle va se soulager à la salle de bain, et revient en s’étant rhabillée.

Une hypothèse :


Les tours renvoient évidemment à un concept phallique.
Si l’on fait l’anamnèse généalogique d’Mélusine, on apprend que sa maman a été rejetée par son propre père parce qu’elle était une fille. Celui-ci n’accordait de vraie « valeur » qu’à un garçon, et s’est désintéressé de ses deux filles. Lorsque la maman d’Mélusine fut enceinte, elle ne voulait, elle, pas de garçon, mais une fille. Il semble bien que la grossesse ait d’abord été gémellaire, et qu’un des deux fœtus ait été perdu vers le 2ème – 3ème  mois. Mélusine s’est donc formée en partie en compagnie d’un jumeau mort. (Ceci peut avoir une importance pour la suite[1])
Mélusine est une enfant désirée, tout comme sa petite sœur. Leur maman aurait d’ailleurs souhaité avoir plus d’enfants.
Il semble qu’Mélusine ait occupé une place phallique dont elle aurait été « destituée » à la naissance de sa petite sœur. C’est à ce moment, où  Mélusine a brusquement perdu la place phallique qu’elle occupait exclusivement jusqu’alors qu’on peut situer le début de sa régression, et interpréter les cris qu’elle poussait, comme destinés à remplir un vide qui la terrorisait .
On pourrait donc penser à une forme d’autisme secondaire, réactionnelle…

 

Les progrès continuent…


A dater de l’épisode des « tours », les progrès vont continuer de manière parfois frappante, particulièrement après le temps des vacances d’été, durant lequel Mélusine va pouvoir se retrouver « en famille », avec ses parents et sa petite sœur.
Au retour de ces vacances, elle a manifestement « grandi » sur tous les plans. Les dialogues deviennent plus fréquents, les jeux plus élaborés. Mélusine partage, imite (souvent avec beaucoup d’humour), fait des farces, mime des sentiments…
A l’heure actuelle, elle entre volontiers dans des jeux de rôles où elle fait intervenir un tiers comme, par exemple, son grand cheval en peluche.
Je note aussi que son caractère s’affirme, avec de véritables oppositions, qu’elle prend plaisir à faire avec moi des séances de grimaces dans le miroir, qu’elle est toujours aussi câline, sinon plus. Ainsi, il lui arrive fréquemment de se coucher sur mon dos et d’y rester lorsque je me relève, s’abandonnant dans une détente totale et absolue.
Elle manifeste aussi des réactions de plus en plus normales à la douleur (cris, pleurs), alors qu’auparavant, elle semblait y être totalement insensible…
Lors des Intervisions entre les membres de l’équipe de soins (une quinzaine) avec la psychologue, on constate une constante dans la progression, avec des différences marquées dans certains domaines, selon les personnes.
Mélusine désigne les volontaires par leur prénom, ou par un surnom, parfois les deux (elle m’appelle parfois « Jean-ie », et le plus souvent « Yali ». Quant à ma fille, qui est psychologue et lui donne ses leçons d’hippothérapie, elle l’appelle soit « Lulu » (elle se prénomme Ludivine), soit, le plus souvent « Wawi ». Elle connaît aussi les noms de tous les poneys et chevaux sur lesquels elle est montée jusqu’ici.  Elle a acquis, en grande partie grâce à l’hippothérapie, une plus grande confiance en elle (elle trotte et galope accompagnée, et « en redemande » !) et surtout un meilleur équilibre.
En salle de jeu, elle semble actuellement donner la préférence aux jeux « physiques » (ballon, toboggan, trampoline) et aux jeux de contact personnel. Elle peut rester toute une séance (une heure trente !) sans réclamer un jeu, se contentant de venir sur les genoux, de se coucher sur moi, ou de se lancer dans des conversations sans fin (avec un mélange de mots « vrais » et de mots qui lui sont propres, mais selon des phrases structurées et avec des intonations justes), dont beaucoup tournent soit autour des chevaux, soit des bébés. Il faut savoir en effet qu’elle a été marquée successivement par deux naissances : celle d’une petite pouliche, et celle du bébé de la sœur de sa maman (un garçon, qu’elle identifie très bien comme tel !). Elle commence aussi à jouer avec un bébé-poupée, mais reste encore assez brutale et peu intéressée envers lui. Par contre, elle est très attirée par les vrais bébés, et éprouve un besoin incoercible de les toucher et de leur faire des bisous.
Son regard aussi a beaucoup évolué : de fuyant qu’il était au début, il est passé par un stade de scrutation curieuse, les yeux dans les yeux, et est maintenant un « vrai » regard, très vivant et expressif. (Je joints quelques photos à l’appui de cette vignette clinique).

 

Soucis psychosomatiques :


Je les classifie comme tels car, à mon avis, ils n’ont pas d’autre origine que psychique.
Il y a d’abord une kyrielle d’allergies alimentaires : Mélusine est allergique au gluten (comme nombre d’enfants dits autistes), ainsi qu’à certains aliments et/ou huiles (pépins de raisins, noisettes, bananes..)  Ses allergies (les médecins ont préféré employer le terme d’intolérances)  se manifestent par l’apparition de plaques cutanées très importantes et par un état de choc. D’autres aliments peuvent avoir des effets plus inattendus : ainsi les bananes, qui induisent inévitablement chez elle des rires interminables, sans contrôle, ni raison , ni limite. Son alimentation est donc sévèrement contrôlée. Mais elle mange énormément et très sainement.
Sa peau est très sèche, avec un terrain propice à l’eczéma et au psoriasis, et elle souffre des « intestins poreux ». Je mets cette dernière pathologie entre guillemets, sachant que ces deux « problèmes » (psoriasis, soucis intestinaux et/ou maladie de Kron ) sont très souvent liés à des problèmes psychiques et à certains terrains psychotiques.
A signaler aussi une circulation déficiente des extrémités des membres, qui provoquent parfois des problèmes, surtout au niveau des pieds, avec des signes d’artérite au niveau des orteils. Pour ce faire, elle est soignée par homéopathie et par aromathérapie, avec des résultats très encourageants et rapides.
Personnellement, c’est surtout la question de ses « allergies » et de ses problèmes de peau (qui semblent plus anciens et antérieurs à sa régression)  et d’intestins qui me posent question. Ne sont-ce pas là des moyens qu’elle utilise inconsciemment pour exprimer des choses qu’elle ne sait formuler autrement ? En tous les cas, il me semble que conjointement à ses acquis au niveau du vocabulaire et de la syntaxe (les phrases « sujet-verbe-complément » ne sont pas rares !) ces problèmes que je considère comme psychosomatiques semblent régresser fortement.
La maman d’Mélusine se demande si ces allergies ou intolérances alimentaires ne pourraient pas être liées à un « choc » subi sur l’un ou l’autre plan, la première fois qu’elle a mangé de ces aliments. Personnellement, je pense évidemment que c’est possible, voire même probable.

 



En guise de conclusions…


Mélusine, depuis la mise en place de la méthode, voici dix-sept mois, progresse de manière constante, même si le rythme de progression peut parfois paraître assez long (surtout, évidemment pour les proches et les parents). On n’a constaté, jusqu’ici, aucune régression dans aucun domaine.
Je suis absolument convaincu qu’Mélusine contient « en elle » tous les éléments de son évolution, mais qu’il faut juste qu’elle apprenne à s’en servir et que, pour ce faire, elle continue à se désinhiber, ce qui, de toute évidence est en bonne voie.
Côté « réception », Mélusine démontre clairement qu’elle « capte » et comprend tout, avec une sagacité et une intelligence assez extraordinaire. Un simple et bref regard, parfois très furtif, lui permet d’enregistrer une foule de choses. Elle fait preuve aussi d’une très grande capacité de mémorisation.
Je dirais donc volontiers que tous les espoirs sont permis, et le sont tout à fait raisonnablement.
J’ajouterai que, loin de moi l’idée de poser un quelconque diagnostic ou contre-diagnostic, ce qui n’est nullement mon rôle, il ne me semble pas, aujourd’hui, qu’Mélusine entre dans une catégorie d’autisme classique. Je préférerais parler, à son sujet, même si je ne suis évidemment pas un « fan » du DSM IV, d’un « Trouble Désintégratif de l’Enfance » . (F84.3) (299.10)[2] , tout à fait curable, sans laisser de séquelles quelconques. Je ne crois pas du tout à la thèse du syndrome de Rett, diagnostiqué en quelque sorte « en désespoir de cause » : certains médecins préfèrent parfois avancer ainsi un diagnostic plutôt que d’admettre leurs propres limites… Et la présence, dans son sang, de ce fameux « gène mutant » n’est pour moi nullement une preuve en cette matière ! D’autant que les symptômes tendent tous à disparaître, ce qui semble être du jamais vu, si l’on excepte le cas rapporté par une naturopathe canadienne et, vraisemblablement, certains autres qui n’ont pas été rapportés par crainte d’une levée de bouclier toujours possible de la part des tenants du « scientisme » !

Objets autistiques ?

J’ai longtemps hésité à identifier un objet autistique chez Mélusine. Toutefois, l’absence d’objet transitionnel classique (poupée, chiffon…) et la récurrence de certains objets « durs » qui l’accompagnent très souvent, tant dans la maison que lors de promenades à l’extérieur (livres, briques « légo »…) semblent aller dans le sens de l’O.A.
Je me demande aussi s’il n’existerait pas chez elle un O.A. complexe, de type conceptuel qui constituerait en l’idée de « cheval », ce qui expliquerait une certaine fixation sur les chevaux et sa propension toute particulière à imiter fréquemment leur hennissement à la perfection.
Ceci reste à déterminer et à préciser et le sera dans un article orienté sur le sujet.

Mathieu


PRESENTATION:
Mathieu est un petit garçon de 6 ans, très doux et gentil, généralement très calme en dehors de crises parfois violentes dues à des douleurs intestinales importantes et subites.
Mathieu est fils unique.
Sa maman est fonctionnaire, son papa travaille dans l’Horeca.
Le milieu est relativement aisé et le couple équilibré et uni.
Il n’y a pas d’animaux à la maison, hormis des poissons rouges.
ANAMNESE :
Sa maman a été profondément affectée, durant sa grossesse, par la maladie d’une proche et par son décès. L’accouchement s’est cependant déroulé sans problème.
Mathieu a été un bébé très calme, qui s’est assis pour la première fois à six mois, a marché à treize mois et a mangé de tout sans problème jusqu’à l’âge de deux ans.
Vers 18 mois, Mathieu ne répondait pas à l’appel de son prénom, et ne regardait pas ses parents. Il babillait très peu.
Des examens en vue de rechercher un éventuel problème de surdité se sont avérés négatifs.
Les parents ont alors décidé de consulter de nombreux spécialistes qui ont débouché sue le diagnostic suivant[i] : « Troubles envahissants du développement, non spécifiés », « catégorie qui inclut sous le terme d’autisme atypique des tableaux cliniques qui diffèrent de celui du trouble autistique par un âge de début plus tardif, par une symptomatologie atypique ou sous le seuil, ou par l’ensemble de ces caractéristiques. Dans la CIM 10, l’autisme atypique est codé F84.1. »[ii]
A deux ans et demi,, âge « légal »,  Mathieu est rentré à l’école maternelle avec en parallèle une thérapie du développement à raison de trois fois par semaine. Il a semblé très vite aux parents que Mathieu n’avait pas sa place à l’école.
En avril 2004, Mathieu est pris en charge par un hôpital spécialisé. Il y fait de gros progrès au niveau relationnel, mais son évolution reste très lente car même dans ce petit groupe de 7 enfants et de deux éducateurs où il se trouve, Mathieu ne trouve pas sa place. Ce sont surtout les relations avec les autres enfants qui posent souci, alors que Mathieu interagit volontiers avec les adultes.
Les professionnels du centre constatent alors que les prises en charge individuelles sont plus bénéfiques à Mathieu et que la vie en collectivité lui convient moins.
Depuis le mois de juin 2009, Mathieu est pris en charge quotidiennement à son domicile par une équipe de bénévoles dans le cadre de la « méthode des 3i ».
Il a acquis le regard, il progresse, il est souriant, sociable, réceptif, attachant et volontiers câlin. Il apprécie de plus en plus la présence des adultes et n’aime plus jouer seul.
Mathieu apprécie beaucoup la piscine, le bain et les jeux d’eau.. (Souvenir de sa vie fœtale ?)
En dehors de la méthode proprement dite, il fait de l’hippothérapie le samedi matin, et reçoit des massages tous les dimanche.
Il commence à pointer, soit seul, soit en utilisant le bras du bénévole.
Il est très obéissant et respectueux des consignes. Il est très sélectif avec la nourriture (c’est en train de changer fortement)
Il fait des nuits complètes, se lève seul (parfois très tôt) allume la lampe et descend rejoindre ses parents.
Mathieu ne parle pas, et interagit très peu avec les intervenants. Il est très difficile de capter son regard plus de quelques secondes. Actuellement, il babille en se bouchant les oreilles.
Il ne contrôle pas ses sphincters et n’est donc pas propre. Il ne va pas au petit pot.

Antécédents médicaux :

·         Une hospitalisation en début de vie pour un laboratoire du sommeil, en raison de troubles de l’endormissement assez lourds.
·         Une hospitalisation pour une gastro-entérite avec déshydratation.
·         Une hospitalisation pour une PH métrie.
·         Mathieu a fait aussi une adénite mésentérique et une otite, l’adénite ayant  laissé des traces mnésiques manifestes qui provoquent chez lui de graves  crises d’angoisse au moindre mal de ventre.
·         Son bilan neurologique et métabolique sont normaux.
·         Il ne présente pas d’allergie au gluten.
·         Actuellement, il continue à prendre du Risperdal à raison de 0,2 mg par jour.
Je passe sur les diverses évaluations  de sa PEP-R (échelle de développement) qui n’ont guère d’intérêt d’un point de vue psychanalytique.

Etapes de l’évolution de l’enfant durant son séjour (de deux ans) en centre de jour :

·         Octobre 2008, mise en place de la méthode PECS et d’un soutien logopédique. Un rapport pédopsychiatrique daté de cette époque évoque les points suivants :
  • 1.       Absence de mise en place des compétences-socles
  • 2.       Elan à l’interaction variable
  • 3.       Mise en place du regard difficile, pas de suivi visuel.
  • 4.       Attention perturbée. Pas d’épisode notoire d’attention conjointe. (faire deux choses en même temps).
  • 5.       Absence de pointage.
  • 6.       Absence de gestes symboliques à visée communicative.
  • 7.       Capacités d’imitation très limitées
  • 8.       S’exprime par cris et gestes [iii].
  • 9.       Pas de son de la langue, pas de mots.
  • 10.   Compréhension verbale très limitée
  • 11.   Sélectivité de la nourriture.
  • 12.   Peu d’intérêt pour les objets, si ce n’est pour les tapoter ou tapoter avec.

·         Février 2009 : Mathieu montre de plus en plus de signes autistiques. Il est décidé de mettre en place une thérapie du développement.

·         Septembre 2009 : Les professionnels du Centre essayent de comprendre les possibles intrications de son épisode mésentérique dans le développement de ses troubles (angoisses nocturnes importantes, hypersensibilité aux bruits, repli sur soi). C’est à cette époque qu’est initié le traitement par Risperdal. On remarque aussi certains progrès, au niveau de la communication et une plus grande propension aux câlins. 

·         Mars 2010, les progrès sont très minimes. Les différents intervenants du Centre ont l’impression qu’il n’existe chez Mathieu « rien de continu ou de lié» (sic !) C’est à ce moment que les parents de Mathieu optent pour le retrait du centre et le démarrage de la méthode des « 3i » à leur domicile.

J’ajoute à ceci qu’un rapport très complet du SUSA[iv] produit différentes évaluations parfois très précises mais peu intéressantes d’un point de vue psychanalytique. Je n’en fais donc pas mention dans cette vignette clinique destinée à l’usage interne de notre espace de travail « Enfance et Psychanalyse ». Je souligne simplement une prise de position assez tendancieuse de cet organisme « officiel » contre la méthode des « 3i » (qui donne cependant d’excellents résultats, bien meilleurs en tout cas pour Mathieu que ceux générés par la méthode PECS)  et un a priori à l’encontre de la maman, que je trouve du plus douteux effet et qui tendrait à démontrer que le cognitivo-comportementalisme régnant en maître sur cette institution est largement plus « culpabilisant » pour les mères que ne l’est la psychanalyse !

MATHIEU AUJOURD’HUI  (juin 2011):

Je suis Mathieu une fois par semaine, durant une séance de 90 minutes.
Il m’a très rapidement adopté et je peux noter les faits suivants :
·         Mathieu est très dynamique : il saute, danse au son de la musique, tourne joyeusement autour de moi et se balance avec une grande force dans sa nacelle.  Il se montre aussi un parfait acrobate et un grimpeur averti lorsqu’il s’agit d’aller dénicher sa collation sur l’étagère du haut !
·         Il est très gai, et manifeste une évidente compréhension pour ce que je lui dis, au travers de sourires ou de mimiques particulières du visage. Je lui parle comme à un adulte, évoquant mes sensations et les siennes lorsque par exemple il s’intéresse à ma barbe, à mes oreilles, ou s’escrime à plier les siennes.
·         Il pointe de plus en plus fréquemment, sans avoir recours à mon bras.
·         Il sait se montrer très attentif si on fait mine de ne pas s’occuper de lui. Ainsi, il observe ce que je fais lorsque j’écris dans mon carnet, ou si je joue avec un de ses jouets. Il vient alors voir, systématiquement !
·         La semaine dernière, par deux fois il m’a imité : il a fait à plusieurs reprises le geste de lancer et de rattraper une balle, puis s’est promené dans toute la pièce en coinçant une balle entre son menton et sa poitrine.
·         Il adore sauter avec moi sur son trampoline.
·         Il va volontiers devant le miroir, et commence à s’observer sous toutes les coutures. Je le touche du doigt en nommant les parties de son visage et en comparant avec moi.
·         Mathieu me décoche un sourire ravi lorsque je le félicite.
·         Par moment, il vient me regarder au fond des yeux et murmure à mon oreille.
·         Il y a quelques semaines, Mathieu a exprimé son angoisse après que j’aie fait « disparaître » par le toboggan un petit mouton en peluche qu’il aime beaucoup : il a alors pris mon carnet de notes et y a gribouillé un curieux dessin : un cercle dans lequel pénètre une pointe constituée de violentes hachures. (Voir en illustration)
·         Il apprécie que je le prenne en photo ou que je le filme, et il aime surtout voir le résultat, et donc découvrir son image.
·         Alors que je le félicitais en battant des mains et en répétant « super », Mathieu a répété clairement « per » !

REFLEXIONS PERSONNELLES :

·         Les parents sont très ouverts et intéressés par la psychanalyse, ce qui évidemment facilite mon travail. Ils sont actuellement encore « suivis » par le psychiatre du centre dans lequel Mathieu a été deux ans, et me disent que « ça leur fait du bien ». C’est je pense positif et de bon augure.
·         Je pense qu’il peut y avoir chez Mathieu une réminiscence de sa vie fœtale qui fait qu’il a peut-être « encaissé » inconsciemment les angoisses et la dépression subies par sa maman au cours de sa grossesse. J’ai eu l’occasion d’en parler avec elle et elle-même s’interroge beaucoup à ce sujet. Je lui ai conseillé de parler de sa grossesse à Mathieu, en s’adressant à lui comme à un « grand » : il est tout à fait à même de comprendre, me semble-t-il .
·         Certaines angoisses, principalement vespérales ou nocturnes semblent se répéter toujours aux mêmes heures et dans les mêmes circonstances : je pense qu’elles doivent renvoyer à un fait qui a pu être déterminant dans l’évolution de l’enfant.
·         Je crois aussi que l’épisode mésentérique évoqué dans son anamnèse a dû déterminer certains comportements actuels.
·         J’imagine que ses douleurs abdominales sont liées aussi au fait qu’il se retient jusqu’à la dernière minute, par peur de perdre une partie de lui-même. Je pense que sur ce point, il pourra commencer à être propre lorsque la parole commencera à venir (cette dernière étant perçue par l’enfant dit autiste comme une sorte de « vidange » de lui-même, ce qui évidemment l’angoisse très fort !) Un progrès semble se montrer dans ce registre dans la mesure où Mathieu, depuis quelque temps, se désintéresse de sa tutute.
·         Mathieu se montre de plus en plus en confiance avec moi, et câlin. Il adore les jeux de découverte des mains, du visage, etc… Je les accompagne évidemment toujours d’explications. J’ai le sentiment qu’il comprend et retient très bien ! Il sait aussi se montrer farceur !



Compte rendu de deux séances distantes de 15 jours : celle du 06 mai 2011 et celle du 20 mai 2011.

Séance du vendredi 06 mai :


Avant la séance, entretien avec le papa de Mathieu :

Durant cet entretien, le papa m’explique que Mathieu accepte à présent d’aller sur le petit pot. Pour rappel : Mathieu n’est pas encore propre et on est obligé de lui mettre des langes en permanence. Il est toutefois de plus en plus gêné par ses langes mouillés. Afin de l’aider à la transition « en douceur », on a installé dans sa salle de jeu un WC chimique, sur lequel il accepte d’aller.
Dès qu’un intervenant voit que Mathieu commence à chipoter à son lange, il lui ôte et l’assied sur le pot. Mathieu y reste volontiers, en riant.
Il ne fait pas encore dans le pot, mais dès qu’on lui remet son lange, il se soulage.
Le papa pense que le déclic s’est fait récemment : suite à un problème de fosse sceptique bouchée, les parents avaient dû installer ce WC chimique dans la pièce attenante aux toilettes. Or, à deux ou trois reprises, Mathieu a surpris son papa sur le pot ! Ceci expliquerait donc cela ?
Le papa me signale aussi que Mathieu n’accepte pas qu’on lui mette de nouvelles chaussures. Cela provoque chez lui de véritables crises de colère.
Son sommeil, depuis les vacances de Pâques, est meilleur (Mathieu dort plus la nuit), mais il est encore assez agité, notamment par des périodes de rêves. Il semble que cette agitation soit directement proportionnelle à celle des journées.

La séance proprement dite (90 minutes en salle de jeux)

L’accueil de Mathieu est chaleureux : j’ai droit à un bisou et à un large sourire.
D’emblée, Mathieu se met à faire des gestes compulsifs (stéréotypie) devant le radiateur, face à la fenêtre. Lorsque je l’imite, il me regarde, arrête et me caresse la barbe en me regardant attentivement, puis il me fait un bisou.
Il remarque mon carnet sur la table, le prend, le sent, lui fait un bisou, puis le met sur le sol et accroupi devant lui, il se met à le tapoter…
Je remarque que, à chaque fois que je prends des notes dans ce carnet, Mathieu me regarde intensément, puis vient doucement près de moi, me caresse la joue, me donne des bisous et « murmure » à mon oreille en faisant « mmmmmhmmmhmmmm… » Si, au moment où il vient vers moi je le regarde, il fait volte face et retourne à sa fenêtre.
De plus en plus, Mathieu m’accepte à ses côtés lorsqu’il stéréotype près du radiateur. Mais si je lui en demande la permission, il refuse !
Une remarque importante : Mathieu accepte la frustration : ainsi, s’il tapote avec son biberon et envoie de l’eau partout, je lui explique qu’il ne doit pas, parce qu’un biberon, c’est fait pour boire, pas pour tapoter. Il accepte alors que je le lui reprenne sans problème. Idem avec d’autres objets, comme ma montre, mon Gsm ou mes lunettes. A remarquer aussi qu’il « sent » et « goûte » toujours un objet nouveau, et les objets venant de moi.
Je constate aussi que Mathieu recherche plus le contact physique, et que celui-ci est beaucoup plus intense et durable qu’au début, surtout si je ne le regarde pas, et que je commente chacun de ses gestes. A ce moment-là, Mathieu se met à rire et à babiller : « gageugagueu… »
J’essaye de l’intéresser au rythme avec un tambourin. Mathieu me regarde intensément pendant près d’une minute !
Il est aussi très câlin, et me demande à plusieurs reprises d’aller à bras. Durant ces échanges physiques, Mathieu produit de nouveaux phonèmes. Il dit « ga ga buf hé ! » . Je lui demande : « qu’est-ce que tu dis, Mathieu ? » Et Mathieu répète ! Il semble donc qu’un dialogue commence à s’amorcer (ce qui serait logique dans la mesure où plusieurs spécialistes, dont Françoise Dolto, on clairement remarqué que l’émergence du langage oral coïncide le plus souvent avec le contrôle acquis des sphincters : Mathieu est en marche vers la propreté, il va bientôt pouvoir  commencer à parler !
Remarque générale :  tant que je lui laisse prendre la main, Mathieu est très à l’aise avec moi.
Peu de jeux seront utilisés (et donc choisis par lui) durant cette séance, mis à part un livre de psychomotricité fine et de découverte en tissus, son épée en mousse avec laquelle il pénètre le radiateur ( !), ainsi que des pinceaux à maquillage, utilisés pour tapoter l’appui de fenêtre…
Il va beaucoup devant le radiateur, mais il interagit plus volontiers avec moi.

Séance du vendredi 19 mai 2011 :

Mathieu m’accueille très joyeusement, avec des sourires, des ires, des gazouillements.
Il me regarde longuement dans les yeux, front contre front.
En début de séance, il s’amuse à lancer une petite balle et à la poursuivre en sautant comme une grenouille..
Ensuite, pendant plus d’une minute, il joue avec ma tête, la manipulant, la caressant, essayant de la faire tourner en avant et sur le côté. Il caresse mes cheveux (qui sont raz, comme les siens) et surtout, les sent profondément, à pleins poumons, avec une satisfaction évidente ! Je pense que je lui ai manque : la semaine passée, je n’ai pas pu venir, suite à une grève du chemin de fer.
Mathieu cherche ensuite, avec une volonté déterminée, à ouvrir une « boîte à vache ». Il frappe violemment dessus, la tape sur l’appui de fenêtre… (Je constate qu’il en a déjà « explosé » deux, un peu comme, lors d’une séance précédente il a « explosé » un maracas !
J’ai le sentiment que ceci fait partie d’un ensemble : ses tapotements manifestent selon moi un fantasme de pénétration. J’ai le sentiment, pour l’avoir observé plusieurs fois, que Mathieu cherche à « rentrer dedans ». Mais dans quoi ? Dans le ventre de maman ? Personnellement je pense que oui, et je m’appuie sur d’autres faits, contextuels à ces tapotements souvent frénétiques : Mathieu qui met voluptueusement sa joue dans l’eau répandue du biberon sur l’appui de fenêtre, Mathieu qui reproduit sans cesse le même geste d’enroulement, comme s’il roulait une corde ( !) , Mathieu que de même joue durant des heures avec une corde qu’il manipule avec plaisir… J’ai la nette impression que Mathieu évoque avec nostalgie des souvenirs fœtaux. L’eau est un souvenir du liquide amniotique, l’enroulement, les cordes, un souvenir du cordon ombilical. Idem pour sa propension à se balancer dans sa loveuse,  dans laquelle il se repose parfois en position fœtale. (Il s’y est endormi il y a quelques semaines, durant un séance entière !) Ceci est à mon avis très important et mérite l’attention de toute l’équipe. Sans oublier que tout geste compulsif, chez un enfant autiste renvoie à une sensation viscérale de la présence de la mère (ou de la présence DANS la mère), présence à la fois enveloppante et sécurisante ! Il y a d’autres « indices » de ceci : son engouement pour la tente qu’on lui a mise dans le jardin, et qui est une image évidente du ventre maternel ! Et son goût marqué et prononcé pour l’eau ! (durant les vacances de Pâques, voyant la mer, Mathieu s’y est précipité tout habillé, et ne voulait plus en sortir !)
J’ai pris le temps de parler et d’expliquer ces choses à Mathieu, lui disant ce que je comprenais de ses compulsions. Durant tout ce temps, il me regardait, et marquait des signes évident de satisfaction et de compréhension : sourire ravi, acquiescement de la tête, etc…
Le geste compulsif qu’il répète le plus souvent est un enroulement des deux mains, comme pour rouler une corde (j’ai testé le mouvement devant lui, avec un cordon)
Mathieu exprime aussi sa joie de manière exubérante : après ce temps d’attention à mes explications, il se lâche littéralement devant le miroir, sautant, riant, se secouant dans tous les sens, puis il vient me faire un câlin.
Je décide de rechercher un poste de musique classique sur la radio, et je tombe sur « Radio Klara », une radio néerlandophone. Je fais l’expérience de pousser le son assez fort. (Généralement Mathieu a horreur de ça !) Mathieu non seulement ne se fâche pas, mais il écoute avec un plaisir évident. J’entreprends alors de l’imiter dans ses tapotements, au rythme de la musique, en modulant celle-ci avec ma voix. Immédiatement Mathieu « répond » en souriant et se met au même rythme que moi ! Cette fois, c’est lui qui m’imite !!!
Je parle sans cesse à Mathieu, lui expliquant chacun de mes gestes, avec des mots et des phrases « normaux », en lui disant que je sais qu’il me comprend très bien, lui expliquant qu’il y a toutes sortes de formes de langage, que la musique en est un, et que, contrairement à ce que disent les gens, Mathieu parle très bien. Simplement il parle une autre langue, avec ses gestes, son corps… Mathieu m’écoute, attentif et souriant…
En l’observant, je constate combien la musique conditionne son comportement : si elle est forte, rythmée, Mathieu s’anime ; douce, il se calme.
Je crois que le filon musical est à creuser !
En fin de séance, je module en chantonnant et en articulant très fort, les voyelles, tout en me bouchant les oreilles avec les doigts.
Mathieu semble fasciné et…il tente de m’imiter !
Enfin, ce qui est peut-être le plus important, et de toutes manières à signaler : Mathieu pointe de mieux en mieux et sait très bien ce qu’il désire. Comme je suis hésitant et que je lui tends un objet dont il ne veut pas (pourtant un biscuit qu’il adore !) Mathieu…me dit, clairement : « NON ! »
Je note aussi qu’il sait très bien dire « oui » de la tête !
J’ai appris, par son grand père, qu’il avait récemment fait quelques gouttes de pipi dans son petit pot. Et, durant toute cette séance, il n’y a pas eu le moindre accident ! Mathieu est clairement en route vers la propreté et vers le langage, qui devrait logiquement suivre !
Je pense aussi qu’il faut creuser la question de sa vie fœtale (grossesse de la maman et accouchement, puis période du post-partum) et que ceci nous donnera des indications précieuses pour la compréhension du fonctionnement de Mathieu, comportement qu’il y a lieu de lui expliquer, avec des mots simples mais normaux ! Mathieu est tout à fait à même de comprendre !


Maëlle, 9 ans, diagnostiquée autiste légère.


Présentation :

Maëlle est une petite fille de 9 ans. Elle est la cadette d’une fratrie de deux sœurs, respectivement de 14 et 12 ans.
Ses parents exercent tous deux des professions que l’on peut qualifier d’intellectuelles, la maman dans le domaine universitaire et littéraire, le papa dans le management.
Le milieu est aisé et cultivé. Les parents sont catholiques pratiquants.
Tous deux sont très impliqués dans l’éducation de leurs filles et dans le suivi de Maëlle en particulier. Le papa se montre très présent et attentif, malgré un travail très prenant. Il participe très activement au suivi de Maëlle via la méthode des « 3i », mise en place il y a 18 mois .
Maëlle, qui présente divers troubles assez invalidants, manifeste de profondes angoisses et a très difficile de s’intégrer dans les groupes de son âge. Elle présente de nombreuses stéréotypies, est obsédée par les chiens et fabule énormément. Lorsqu’on cherche à la faire sortir de ses stéréotypies, dont certaines très envahissantes comme lorsqu’elle s’identifie à un chien, elle « zappe » de manière magistrale pour y revenir. Dans ces moments là, elle peut se mettre à parler avec une vitesse étonnante.
Maëlle nourrit une véritable phobie pour tout ce qui est chiffres et donc, apparemment pour les mathématiques. Je dis apparemment car j’ai pu me rendre compte qu’elle avait, paradoxalement, certaines capacités pour le calcul mental.
Elle jouit d’une mémoire phénoménale, commence à lire et à écrire et est actuellement très demandeuse d’apprentissages, même si ces derniers sont encore manifestement pour elle une source d’angoisse.
Elle aime beaucoup la musique classique, préférentiellement à toute autre (avec un bémol depuis quelque temps : il semble qu’elle commence à s’intéresser à la musique que ses sœurs aiment) et joue du violon.
Diagnostiquée autiste légère, elle est actuellement déscolarisée et bénéficie depuis 18 mois du suivi particulier de la « méthode des « 3i ».
Je la suis en séances d’une heure trente, actuellement une fois par semaine, depuis un mois. Elle s’est montrée très méfiante au début car elle pensait que je venais « pour la faire travailler ». (Beaucoup des bénévoles qui s’en occupent sont enseignants, et certains lui prodiguent des leçons.)
Depuis quinze jours, elle se montre plus détendue et confiante et a accepté, lors de la dernière séance (la quatrième en l’occurrence) de me laisser « prendre la main » et de sortir de ses stéréotypies. Ceci sans forcer, bien entendu, et même, finalement très spontanément.
C’est cette dernière séance que je rapporte maintenant.

Séance du mercredi 09 mars 2011 :

A mon arrivée, « classiquement » (elle fait cela avec tous les intervenants), Maëlle me met le grappin dessus et tente de diriger le déroulement de la séance en se réfugiant dans un jeu de rôle tel qu’elle les pratique avec maestria et une imagination galopante.
Je lui dis ; « d’accord, mais j’aimerais bien qu’on fasse autre chose aussi. Par exemple que tu me fasses un joli dessin ». On passe donc une forme de « contrat », que Maëlle accepte d’autant plus volontiers qu’elle peut d’abord me faire entrer dans son jeu !
Nous commençons le jeu de rôle après qu’elle m’ait donné une sucette. (Elle me « paie » d’un bonbon lors de chaque séance depuis trois semaines !)
Quatre constantes reviennent dans ce jeu de rôle :
·         La présence de nombreux chiens, plus ou moins fantastiques, souvent dotés de pouvoirs extraordinaires.
·         La présence d’un voleur, qui s’introduit nuitamment dans sa chambre (elle joue alors le rôle d’une femme de 29 ans –toujours ce même chiffre qui revient dans ce cas- dont je suis censé être alors le mari. Bien sûr, lorsque vient le voleur, nous « dormons » ensemble !
·         La présence de personnes que je qualifierais d’autoritaires (Papa, Maman, Un gendarme, un docteur et…Monsieur le curé !) qui la grondent ou grondent une autre petite fille imaginaire et que certains de ses chiens ennuient, punissent en mordant, voire tournent en dérision… (i.e. « Stitch » qui, durant la Messe, entre dans l’église et « fait pipi et caca partout er sur la tête des gens et sur Monsieur le Curé », ce qui provoque chez elle de francs éclats de rire.
·         Une véritable obsession pour les dates de naissance ou d’achat de ses chiens, avec des calculs parfois justes, parfois abracadabrants et une notion imaginaire des valeurs. (i.e. un caniche de « trente centimètres », chiffre qui dans son esprit représente une taille géante !)
Après avoir joué durant une vingtaine de minutes, je m’assieds et Maëlle vient me rejoindre. Elle me pose toutes sortes de questions sur moi, sur ma famille, l’âge de mes enfants, celui de mes chiens et chats, de nos chevaux… C’est manifestement quelque chose qui lui tient à cœur. Pourquoi cette passion-phobie pour les chiffres ?
Ensuite elle me parle de « Stitch », son chien extraterrestre, qui est bleu et a des très grands yeux et des griffes immenses.
Stitch prend un malin plaisir à « entrer dans le trou des oreilles des gens , à leur percer le « tampon » (tympan !) avec ses griffes et à aller à l’intérieur de leur tête. Puis il va dans les trous de nez, dans la bouche, et il arrache les yeux… »
Maëlle fait une courte pose, puis : « il va venir pendant la nuit pour arracher ton nez, à toi aussi ! » et elle éclate de rire…
Elle continue ensuite, sans doute s’affranchissant puisque je rentre dans son jeu. (Je fais celui qui est étonné, qui a peur…).
« Il arrache aussi les tuyaux du cou, les nénés des madames et les zizis des monsieurs ! «  (Elle rit de bon cœur !) Il va aussi couper ton zizi, le mettre dans sa bouche et il va le manger dans son assiette. Et il va entrer dedans par le petit trou du bout et boire l’eau qu’il y a dedans ! C’est dégoûtant, hein ! » (Elle éclate de rire.)
Je lui dis que Stitch est vraiment très méchant, et que je suis triste qu’il veuille me faire tant de mal. Alors elle change de registre et me rassure en me disant : « oui mais c’est pour de rire : c’est un chien extraterrestre, donc il n’existe pas vraiment ». Elle m’explique aussi qu’il parle avec une grosse voix. (Elle change de voix pour l’imiter)
Je lui propose alors de dessiner Stitch, ce qu’elle fait volontiers avec un crayon bleu (Stitch est un chien bleu !) en m’expliquant ce qu’elle dessine. Elle commence par la tête, avec des yeux immenses, un long cou des oreilles pendantes, un corps allongé et quatre pattes munies de grandes griffes . Elle dessine aussi  une oreille, avec son « trou d’oreille », dans laquelle Stitch va introduire ses griffes.
Ensuite nous continuons à parler et elle me propose d’échanger certains de ses jouets avec les jouets qu’elle imagine chez mes filles. Elle ouvre ma mallette et fouille un peu dedans, avant d’y introduire des petits chiens en plastique. Elle veut aussi me prêter deux chiens à roulettes en bois.
Un quart d’heure avant la fin de la séance, Maëlle se ravise, reprend ses jouets et me demande : « tu veux pas que je te fasse encore un dessin ?
J’accepte, bien sûr, et lui propose de se dessiner avec sa famille (elle, papa, maman et ses deux sœurs). Mais Maëlle procède autrement :
Avec un marqueur noir, elle commence par se dessiner elle. Pour ce faire elle fait un cercle (visage) dans lequel elle dessine d’abord une bouche souriante, puis un nez (auquel elle s’applique, manifestement) de forme curieusement phallique, ainsi que deux yeux asymétriques. Pas d’oreilles, mais des cheveux avec une coiffure conventionnelle de fille.
Elle dessine ensuite d’un seul trait un tronc trapézoïdal (robe) et les bras du personnage. Pas de mains ni de jambes.
Elle dessine ensuite un chien, en bleu (je reconnais bien sur Stitch !), muni d’un collier et d’une laisse, rattachée à sa main droite, qu’elle ajoute en bleu sur son dessin initial. Elle ne dessine pas la main gauche, et dessine enfin se jambes, en bleu, qui fusionnent avec les pattes arrière de Stitch !
A 16 heures pile (la séance commence à 14h30), elle s’arrête et me dit : « tu sais quelle heure il est ? » C’est le signe de la fin de la séance et elle quitte la salle de jeu pour aller prendre sa collation.
A cet instant, je n’existe plus. (Elle reproduit ce scénario de fin à chaque séance, avec tous les intervenants. Elle a une prodigieuse notion du temps qui passe !)

Remarques :


L’histoire du voleur semble avoir un fondement dans la réalité : il y a eu récemment un cambriolage dans le bureau où sa maman travaille.
Mais elle traduit aussi une angoisse nocturne (Maëlle semble avoir des difficultés d’endormissement) qu’elle m’a exprimée lors de notre première rencontre, en présence de ses parents, en me racontant un cauchemar dans lequel elle voit son papa entrer de nuit dans sa chambre, puis se transformer en voleur qui passe par la fenêtre. (C’est la seule fois où elle m’a raconté ce cauchemar, et elle ne semble plus vouloir y revenir. Si je l’évoque, elle « zappe » immédiatement et se met à parler avec une vitesse folle, ce qui chez elle traduit son angoisse)
Ses stéréotypies canines, pour les appeler ainsi, me semblent tout à fait transformables en douceur en une simple passion (du reste de son âge) pour les chiens. Il me semble donc qu’il faut entrer dans son jeu pour le faire évoluer en ce sens, et surtout pas tenter de contrer cette stéréotypie.
Maëlle a de nombreux « doudous » chiens, auxquels elle donne parfois des noms bizarres, comme par exemple « Minuit moins quart », ainsi nommé parce qu’il était près d’elle une nuit qu’elle a fait un cauchemar à cette heure précise !
Au travers du jeu de rôle, Maëlle se met évidemment en scène et manifeste un plaisir certain à imaginer les réactions des adultes et à « se voir » gronder par eux.
D’après ce que je sais, elle aurait un âge affectif de 6 ans (ce qui n’est pas encore trop en écart avec son âge effectif (-9ans- ).  Son histoire de chien extraterrestre mangeur de zizis me pose question par son érotisme latent, ses idées de castration, etc… Je la mets en parallèle avec le début de son cauchemar (papa qui rentre dans sa chambre)

Leïlah, trois ans, syndrome de Rett


PRESENTATION:

Leïlah est née le 03 janvier en 2008, dans une famille musulmane d’origine Marocaine. 
Elle n'est pas scolarisée au moment de sa prise en charge.
Elle a une grande sœur de 10 ans, et un grand frère de 8 ans.
Les parents sont très ouverts, et très conscients de leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants. Leïlah est l’objet de tous leurs soins, et ils seraient prêts à tous les sacrifices pour l’aider.
L’ambiance familiale est des meilleures, on sent un réel amour tant entre les parents, que vis-à-vis des enfants.
Madame est puéricultrice, Monsieur est un ancien employé de la Sabena, actuellement au chômage, et qui se « donne » à fond pour ses enfants.
Leïlah est de taille normale, elle est vive et joyeuse. Elle semble parfois manquer d’équilibre et surtout, elle ne parle plus. Je note aussi un surpoids évident, dû, d’après ses parents, à la gourmandise.
Elle n’est pas propre et ne parle pas (plus).
ANAMNESE :
Leïlah, née avec une malformation laryngienne, présente depuis l’âge de six-sept mois de fréquentes infections des oreilles (otites purulentes répétitives, perforation du tympan) et une audition relativement faible.
Depuis quelques mois, les parents ont remarqué une régression marquée chez Leïlah, se manifestant notamment par une perte totale du langage.
Je note qu’en octobre 2010, suite à un petit « accident » (caca dans son lange, et badigeonnage avec ses selles) elle a été violemment grondée par une institutrice maternelle, ce qui a provoqué chez elle un véritable traumatisme. Depuis, elle va se réfugier derrière un divan lorsqu’elle doit déféquer, et souillant son lange, elle joue régulièrement avec ses selles (elle les porte à la bouche et en recouvre les objets et ses vêtements.)  Cet « événement » semble coïncider avec la constatation de la perte du langage.
Fin avril 2011, suite à une série d’examens approfondis, les médecins de la clinique de neurologie de l’hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, à Bruxelles, ont confirmé chez elle un diagnostic de syndrome de Rett (Leïlah est en effet porteuse de la mutation au niveau du gène MECP2), laissant les parents dans une totale détresse de par les implications pronostiques découlant de ce diagnostic.
Ceux-ci m’ont contacté par téléphone, pour me demander un RDV et avoir mon avis sur la méthode des « 3i », dans le cadre de laquelle je travaille avec trois autres enfants. Ils ont émis le désir de mettre en place cette méthode, et m’ont demandé quant à moi, de prendre en charge leur fille, en tant que psychanalyste, avant même la possible mise en place de cette excellente méthode .
Je suis actuellement Leïlah à raison d’une séance d’une heure trente par semaine, séance qui pourrait être doublée sur un autre jour, à la demande de son père . (Une séance le lundi, et une séance le jeudi)
J’ai aussi mis en place, après le 20 juin 2011, des séances d’hippothérapie qui se dérouleront le samedi, dans un manège de la région de Feluy.
D’autre part, un rdv est d’ores et déjà fixé entre les parents et la psychologue responsable des « 3i » en Belgique.

LEÏLAH  AUJOURD’HUI :

a)      Bilan psycho-développemental :

Ce bilan, initié dès janvier 2011 par une psychologue clinicienne a été réalisé au départ des sources d’informations suivantes :
  • Entretiens libres et semi structurés avec les parents.
  • Observations directes de l’enfant.
  • Administration du Brunet-Lézine.
  • Cotation du Childhood Autism Rating Scale (CARS).
  • Cotation de l’Autism Diagnostic Interview Revised (ADI-R).
Les résultats obtenus ont fait l’objet d’une analyse tant qualitative que quantitative, et ont permis les constatations suivantes :

ANALYSE QUALITATIVE :

1°. Communication :

Plan non-verbal :
  • L’enfant regarde son interlocuteur droit dans les yeux et use de son regard pour communiquer.
  • Les expressions faciales sont très expressives.
  • Leïlah , d’après ses parents, secoue la tête pour dire « non » lorsque, par exemple, elle ne veut plus manger. (le rapport précise que ce geste n’a pas pu être constaté en consultation)
  • On n’observe pas chez l’enfant de pointage proto-déclaratif pour désigner ce qu’elle désire.
J’ajoute personnellement à ceci que j’ai pu constater en séance les faits suivants :
  • En cas de frustration importante, Leïlah griffe, frappe et mord.
  • Elle peut aussi jouer de tout un registre d’expressions manifestant ses sentiments, de la joie à la colère, en passant par la tristesse.
Plan verbal :

Le langage, d’après les parents, s’était développé normalement jusqu’à l’âge de deux ans, puis a subitement disparu.
La psychologue clinicienne responsable de ce bilan précise que l’enfant n’a émis aucun son en consultation, mis à part ce qui pourrait ressembler à un « oui », mais prononcé hors propos, de manière non adressée.
J’ai personnellement remarqué, dès les deux premières séances, avec une accentuation nette lors de la seconde, que Leïlah disposait en fait de toute une série de phonèmes diversifiés.
Ainsi je note :
Lors de la première séance :
  • Wi
  • Bi
  • Re
  • Euh
Lors de la seconde séance :
  • Ba
  • Be
  • Bi
  • Bo
  • Beu
  • Reu
  • Gui
  • Wi
A noter que, lors de cette seconde séance, j’ai “chanté”, à plusieurs reprises, et en articulant très fort les voyelles, et que Leïlah me regardait, comme fascinée !  Je pense donc que l’on peut considérer cette seconde liste de phonèmes comme une imitation, ce qui me paraît très positif !
En fin de la seconde séance, Leïlah va prononcer très clairement un « mot » consonantique : « procrahé ! »

2° Relation aux autres :

Leïlah est très attachée à ses parents et le manifeste clairement.
J’ai pu moi-même observer qu’elle est très attachée à son papa, qui joue beaucoup avec elle, ainsi qu’à son grand frère (8 ans). Dans cette relation, elle semble apprécier beaucoup les jeux corporels.
J’ai pu constater aussi que, comme le notait la psychologue auteure du rapport, elle est tout à fait capable de narguer et de défier.
Selon les parents, elle serait aussi très attirée par les bébés, les petits garçons africains et les enfants qui pleurent : elle se montre alors très douce, très câline, voire consolante (donnant sa tétine à un bébé qui pleure). Ces faits, non constatés par la psychologue me semblent cependant très plausibles. (Nombre d’enfants de cet âge peuvent se montrer altruistes et maternants ! (cfr ce qu’en dit Françoise Dolto dans son Séminaire de Psychanalyse d’enfants[v] !)
Leïlah se laisse moucher sans problème.
3°. Jeux et relation objectale :
Avant la mise en place des séances, Leïlah ne démontrait aucun accès au jeu symbolique ni présymbolique. Elle me montrait aucun intérêt pour les jouets qu’on lui proposait, si ce n’est pour s’en emparer et les porter à sa bouche avant de les jeter.
La psychologue note l’absence d’attention conjointe, et la non acquisition de la permanence de l’objet. Elle note aussi qu’elle sourit face au miroir, puis se met à taper celui-ci contre le mur…
Personnellement, lors de la deuxième séance qui avait lieu dans sa salle de jeu, uniquement avec moi, les faits suivants :
Leïlah découvre d’elle-même son nouveau sac de légos, puis se roule sur le gros ballon, puis sur le tapis, avant de venir me faire un câlin, puis de retourner d’elle-même à ses légos, qu’elle prend un à un pour les jeter avec force sur le sol devant elle. Ceci apparemment sans manifester de sentiment ni de joie ni de colère, mais plutôt comme un geste compulsif.
Par contre, elle découvre avec un plaisir évident les animaux de l’Arche. Je les prends un à un et les jette dans l’Arche : Leïlah m’imite en gazouillant !
Elle me relance le gros ballon en riant !
Comme j’ai écrit son nom à la craie sur le tableau, elle vient le regarder, rit, puis tape dessus en étalant la craie. Elle rit beaucoup, et écoute attentivement tout ce que je lui dis. (Je lui parle normalement, lui expliquant chacun de mes gestes.)
Elle prend une craie, la regarde et… en mange la moitié ! (Elle me laisse lui retirer les morceaux de la bouche sans se fâcher ni pleurer)
Je note aussi qu’elle sait prendre son biberon et le tenir toute seule pour boire.
4°. Plan comportemental :
Un stéréotype particulier : Leïlah fait des « bras d’honneur ». Elle rit lorsque je l’imite, et reproduit ce geste pour que je recommence mon imitation.
Elle se touche beaucoup les parties intimes.
Elle a tendance aussi à mettre sa main dans son lange, pour en extraire les selles qu’elle malaxe et porte à sa bouche. Ce dernier comportement me paraît cependant relativement courant, pour ne pas dire normal et ne devrait pas, même s’il est gênant et désagréable (j’en ai fait l’expérience lors de la première séance !) être l’objet de remontrances. Ceci d’autant plus que ce sont des remontrances disproportionnées qui semblent avoir induit chez Leïlah un traumatisme qui pourrait expliquer son brusque arrêt de développement verbal et sa régression. N’oublions pas que chez le tout petit, l’odeur des selles est synonyme de présence ou de promesse de la présence de la mère, et que donc ce comportement peut être assimilé à une forme d’appel à l’aide ! Gronder et réprimander peut donc fortement perturber l’enfant !
Je note à ce sujet que si elle n’est pas propre, elle semble cependant avoir le contrôle de ses sphincters puisqu’elle se cache pour déféquer. Ajoutons aussi qu’au moment de l’événement traumatisant d’octobre dernier, la petite était alors en phase normale d’acquisition de la propreté !
5°. Fonctions sensorielles :
  • Auditive : normale.
  • Visuelle : me semble personnellement normale, même si la psychologue note la présence d’un signe de traitement atypique de l’information visuelle avec la présence d’un regard périphérique lors de la vision de certains dessins animés. Ceci me semble un peu « surréaliste »… Je n’ai en tout cas rien constaté de tel.
  • Gustative : son mode de prédilection ! Elle met tout en bouche !
  • Olfactive : Certaines odeurs peuvent la faire vomir.
  • Tactile : Ne semble pas aimer le contact des vêtements.
6°. Divers :
Le rapport signale des troubles moteurs, comme i.e. un important trouble de coordination, ainsi qu’un manque d’équilibre. Je l’ai effectivement moi-même constaté, mais est-ce pour autant qualifiable d’anormal à trois ans ?
Idem en ce qui concerne son absence de conscience du danger ! Je crois qu’il n’est pas bon de négativiser son aisance acrobatique ! Elle n’a elle non plus rien d’anormal !
Idem en ce qui concerne la coprophagie : presque tous les enfants « goûtent » leurs selles !
La peur des grands espaces, les « crispations nocturnes » ne me semblent guère non plus alarmants, d’autant qu’ils ne sont pas envahissants : quel enfant n’éprouve pas ce type de peurs ou d’angoisses ?

ANALYSE QUANTITATIVE :

D’un point de vue psychanalytique, je trouve cette dernière peu intéressante et surtout peu fiable. Les enfants sont des êtres humains ; ils sont par définition uniques et inévaluables ! Je mentionne toutefois, à titre indicatif les résultats des tests, car ils démontrent assez qu’on est loin d’un tableau autistique habituel !

1°. Le CARS :

Le résultat global, de 27,5 points est inférieur au seuil clinique pour un diagnostic d’autisme ;

2°. L’ADI-R :

  • Sphère des interactions sociales : 9 points (seuil positif à 10)
  • Sphère communicationnelle : 10 points (seuil positif à 7)
  • Sphère comportementale : 3 points (seuil positif à 3)
3°. Brunet-Lézine révisé :

Les quotients de développement sont respectivement de :
  • Posture : 15 mois (QD 43), donc retard modéré.
  • Coordination : 7 mois (QD 19), retard sévère.
  • Langage : 8 mois (QD 22) , retard sévère.
  • Socialisation : 10 mois (QD 27) , retard sévère.
La psychologue conclut à un retard global du développement nécessitant une stimulation intensive. Elle suggère de procéder à un bilan neurologique et génétique pour exclure toute étiologie de ce type. Elle conseille une scolarisation spécialisée afin que l’enfant puisse bénéficier d’une prise en charge multidisciplinaire.

Mes remarques :

Il est clair que nous ne sommes pas dans un tableau autistique classique.
Je ne mets pas en doute le sérieux avec lequel ces tests ont été mis en batterie, ni la compétence de ceux et celles qui y ont travaillé.
Mais je me dis que leur pratique même est artificielle et générative de stress pour l’enfant qui, forcément se comportera devant eux de manière inhibée. La simple différence observée par mes soins lors des deux premières séances est, sur ce plan, déjà très significative : un enfant, et a fortiori un enfant comme Leïlah se comportera différemment dans une relation transférentielle, qui ne saurait guère s’établir dans le cadre de « tests » !
Je pense donc, en mon âme et conscience, que la psychanalyse a ici un « plus » considérable à apporter, même si je défends moi-même l’idée d’une multidisciplinarité bénéfique !
Je donne enfin un aperçu des deux premières séances et de leur déroulement, qui laisse déjà apparaître une nette évolution comportementale entre la première et la seconde !

PREMIERE SEANCE : Lundi 23 mai 2011

La salle de jeu n’étant pas aménagée, la séance a lieu dans le salon.
Nous faisons connaissance, seul à seul. Leïlah me fait bon accueil, j’ai droit à des sourires, des rires et même un bisou.
Elle me lance une balle que je lui relance, en la faisant rouler. Elle semble apprécier et me la relance. 
Leïlah ne semble avoir peur de rien et escalade joyeusement table et fauteuils. Elle joue à allumer /éteindre la lumière  (jeu du « Fort-Da » !)
Comme elle entend et voit sa maman dans la cuisine, elle cherche à la rejoindre. Comme je me mets dans le passage pour l’obliger à rester, elle se fâche, me pince, me griffe, me mord et se met à crier.
Je la laisse aller, elle revient ensuite, rassurée, et nous reprenons le jeu, tandis que la maman en profite pour s’éclipser.
Leïla me demande à boire, en pointant la bouteille d’eau et le verre.  (elle boit seule, en soutenant son verre.)
Elle m’entraine à plusieurs reprises dans la cuisine et la salle de bains. Elle me pointe le plafond et disant « iiiih ! » (Sa maman passe l’aspirateur dans les chambres, et cela fait du bruit….) 
Au cours de la séance, nombreuses lalations : « iiiih , wi, bi, ruuu, euh »
Elle se réfugie en faisant une grimace, derrière le divan : elle a fait caca et joue avec ses selles, les portant notamment à sa bouche.
Je l’emmène, tout en dédramatisant la chose, à la salle de bain, la déshabille et commence à la laver. Sa maman arrive. Leïlah finit la séance avec juste un nouveau lange, et semble très à son aise.
Nous jouons un moment avec des peluches, qu’elle prend et porte systématiquement à sa bouche.
Elle accepte un chapeau.


DEUXIEME SEANCE : Lundi 30 mai 2011 :

La séance a lieu dans la toute nouvelle salle de jeux aménagée par les parents de Leïlah, à leur domicile.
Leïlah se retrouve seule avec moi, dans cette grande pièce, porte close. J’appréhende quelque peu une réaction de peur ou de fuite, mais au contraire, elle semble très à l’aise et ravie.Elle commence par découvrir ses légos, puis se roule sur le gros ballon de gymnastique, vient se vautrer avec délice sur le grand tapis de sport et termine son périple tout contre moi, pour faire un long câlin !
Pendant tout ce temps, elle n’arrête pas de babiller, des phonèmes bien distincts et différents : « Ba, be , bi, bo, beu, reu, gui, wi… »
Très active, elle revient rapidement à ses légos, qu’elle projette avec force devant elle.
Elle répète sans arrêt le même stéréotype curieux (un bras d’honneur ! ) et le fait manifestement ostensiblement, pour que je l’imite. Dès lors, elle rit, et elle s’arrête de le faire.
Leïlah découvre l’arche de Noé, et ravie regarde les animaux avant de les mâchouiller consciencieusement. Lorsque je remets ceux-ci à leur place, elle tente de m’imiter.
Puis elle réclame à nouveau un câlin.
Je lui remplis son biberon qu’elle a ramassé et porté à sa bouche. Elle boit goulument en le tenant fermement des deux mains, et sans le jeter !
Je lui écris son nom au tableau, je le lui explique… Elle me regarde, sourit, babille puis vient taper de la main sur le tableau et étale la craie d’un air ravi. Elle s’empare d’une craie et…en mange la moitié ! Je n’ai aucune difficulté à lui en ôter les fragments de la bouche. Elle boit ensuite de nouveau. Pas de pleurs, pas de peur… Tout va bien !
J’observe chez elle une franche latéralisation gauche.
Je remarque aussi qu’elle se touche beaucoup les parties intimes, mais je la laisse faire, sans faire de remarques ? Je l’empêche juste de plonger sa main à l’arrière de son lange. Au début, il faut que je retire sa main moi-même, mais elle se laisse faire sans se rebeller. En fin de séance, il suffira de dire « non » pour stopper le geste ! Elle comprend et enregistre parfaitement !
Elle émet une première lallation consonantique : « procrahé ! »
En fin de séance (la dernière demi-heure) Leïlah jour vraiment avec moi ! elle est à l’aise, elle rit et découvre mon visage (nez, yeux, oreilles, bouche) je la laisse m’explorer le visage et lui fait des commentaires (« ça, c’est mon nez, c’est par là que je respire, que je sens les odeurs… » je lui montre son nez sur elle, et dans le miroir…) Elle est ravie, rit beaucoup et me regarde au fond des yeux.
Elle ne pense même plus à la porte, et je dois moi-même lui expliquer que la séance est finie pour qu’elle veuille bien me suivre, en me tenant la main !
Pour moi, une excellente séance, qu’il faudrait au plus vite pouvoir multiplier !

REFLEXIONS PERSONNELLES :
Dès à présent, les séances auront lieu dans sa salle de jeu, où je vais m’efforcer d’appliquer les grandes règles des « 3i », dans l’attente d’une vraie mise en œuvre de la méthode, ce qui risque de pendre encore quelques mois.
Je proposerai aussi aux parents une séance supplémentaire, et vais essayer de mettre en œuvre quelque chose au niveau de l’hippothérapie.
Je vais aussi conseiller aux parents de prendre des rdvs avec un nutritionniste, un endocrinologue et divers thérapeutes, pour maximiser ses chances de sortir au plus tôt de sa phase régressive.

Iaqov Demarque



NOTES


 
 
[1] Mélusine a vécu une période de très grande angoisse à propos de la mort. Personnellement, avec plusieurs bénévoles de la méthode, nous avons constaté qu’elle refusait de regarder des photos d’animaux couchés, qu’elle réagissait très négativement en présence d’un cheval qui se roulait, et son papa nous a aussi confié qu’elle avait longtemps manifesté une angoisse très nette lorsqu’il s’allongeait, par exemple pour une sieste.
Il semble que, pour elle, couché = mort ! Je note aussi qu’elle a été très affectée par la mort d’un perroquet que sa maman avait depuis son adolescence, et que nous avons remarqué, ma femme et moi, qu’elle identifiait une représentation d’oiseau, dans sa salle de jeu, à ce perroquet, lui donnant des bisous et le nommant (Cuicui).
[2] DSM IV TR, Masson, Paris, 2004, pp 62-63


[i] Il s’agit d’un diagnostic posé dans un cadre pédopsychiatrique. Il est évident que, d’un point de vue psychanalytique ce diagnostic ne nous apporte rien, en dehors d’une simple appréciation évaluative effectuée dans le dit cadre et à une époque déterminée.
[ii] DSM IV TR, F84.9 (299.80)  édition de poche, Masson, Paris 2004, p.65
[iii] Contradictoire par rapport à l’affirmation du contraire concernant les gestes à visée communicative !
[iv] Service Universitaire Spécialisé pour personnes avec Autisme (Belgique – seul organisme officiel habilité à permettre une reconnaissance de l’autisme d’un enfant en vue de sa déscolarisation momentanée pour l’application de la méthode des « 3i ». En Belgique, le choix de la méthode de soins est nettement plus souple qu’en France, ce qui explique que nombre de parents français fassent appel à des centres belges)
[v] DOLTO Françoise : Séminaire de Psychanalyse d’Enfants, 3 tomes, Editions du Seuil, collection « Points », Paris 1982.