« SI VOUS LISEZ MON MESSAGE … »
par Véronique Coillet-Matillon, Intervenante Agréée Utopsy.
De petite taille, pas plus haute qu’un bonsaï, sa beauté et sa légèreté offraient l’harmonie reflétée par l’âme si fraîche et particulière de l’enfant.
Son admiration pour ses parents exprimait tout son amour pour eux. L’entourage leur accordait beaucoup de respect et les jugeait remplis de sagesse parce qu’ils assuraient avec aisance de hautes fonctions et assumaient un grand nombre de responsabilités.
Fréquemment, sa mère très élégante, habillée de tenues Chanel, s’absentait plusieurs jours d’affilée pour se rendre en Irlande, au siège de son entreprise ; pour ces allers-retours, elle voyageait en avion. Quant à son père, dans la région, il aurait pu être surnommé Euthydème.
L’éloignement de la mère n’engendrait aucune inquiétude chez la fillette qui, au contraire, parfois s’en réjouissait même. Evidemment, son père comblait ses moindres désirs, ses soifs intarissables des derniers jeux et fantaisies proposés par les publicités.
Un après-midi, où la fillette s’admirait dans le miroir, soudainement, une injonction plus qu’autoritaire et inhabituelle de son père – celle d’aller l’aider à installer une étagère au-dessus du lit dans la caravane à l’abri dans une cabane – la fit sursauter. Bien que prise d’une panique indescriptible, l’enfant sage comme une image s’empressa d’obéir.
Arrivée sur les lieux, auprès de son père, en une fraction de seconde tout bascula … pire qu’un foudroiement, un déracinement, …, des hurlements intérieurs l’étouffaient, des déchirures amenèrent le sang, des éclatements la dispersèrent en une infinité de débris, … Brusquement, la fillette plongée dans une béance, un cratère, … fut avalée et emportée toute entière par un torrent de boue.
Son ange de père adoré s’était métamorphosé en monstre … « Quel réveil ! Non, c’est impensable, c’est un cauchemar, rien de plus. » se répétait-elle.
Plus aucune certitude de rien … les re-pèr(e)s disparus … Déracinée, le silence imposé, … torture morale infligée … elle s’enfonçait dans le vide, le trou sans fond … N’existait plus aucune branche à laquelle elle aurait pu s’agripper, même le chapelet auquel son éducation l’avait clouée ne la secourait !
La sidération toucha son comble lorsque la fillette découvrit qu’elle n’était pas l’unique proie et qu’elle fut projetée dans une situation sororale infernale et insoutenable, car toutes victimes et spectatrices, rendues impuissantes dans leurs luttes face à un monstre sortant de son pochon, qui le masquait, une à une ses armes nécessaires à l’accomplissement de ces horreurs inqualifiables, innommables, …
L’incertitude n’est rien à côté des pensées suicidaires, qui comme des vagues la fouettaient jusqu’à en perdre l’équilibre. Le sable pouvait la recouvrir, l’ensevelir, l’enfouir … l’offrir à l’océan a-mer(e).
En apostille de son écrit, trouvé après sa mort, est mentionné en lettres majuscules d’imprimerie : « SI VOUS LISEZ MON MESSAGE, PARTAGEZ LE, AFIN DE LUTTER CONTRE CE CRIME ET ALORS VOUS NOUS RENDREZ A LA VIE, A L’HUMANITE ».
IAU
secrétaire du groupe Utopsy-La Nef des Fous
(Texte écrit dans le cadre du « Jeu des mots …ion » des Auteurs du magazine de « L’Esprit de la lettre » :sable, ange, apostille, réveil, sagesse, cabane, monstre, pochon, admiration, harmonie, désir(s), soif, incertitude, caravane, bonsaï, message, chapelet, Euthydème, retour, Irlande, père, Chanel, sororal et avion.)
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