jeudi 21 juillet 2011

Autisme : Définition.

Autisme : 

DEFINITION DE L'AUTISME

origine et définition :
Le terme «autisme» vient du grec "auto" qui signifie «soi-même». Il est employé en psychiatrie pour la première fois en 1911 par le psychiatre suisse Eugene BLEULER. Il l'utilise pour désigner dans la schizophrénie adulte la perte du contact avec la réalité extérieure qui rend difficile ou impossible pour le patient toute communication avec l'Autre. Plus tard, d'autres auteurs le décriront comme un symptôme particulier, non spécifique de la schizophrénie, et en feront ainsi une pathologie à part entière.

L'autisme de KANNER

En 1943, dans un article intitulé "Autistic Disturbance of Affective Contact", le psychiatre américain L. Kanner décrit sous le terme "d'autisme infantile précoce" un tableau clinique caractérisé par l'incapacité pour le bébé, dès sa naissance, d'établir des contacts affectifs avec son entourage. KANNER caractérise la spécificité de ce symptôme, et en fait un syndrome clinique à part entière, avec un mode d'apparition et une évolution radicalement distincts de la schizophrénie. «Ce n'est pas comme dans la schizophrénie adulte ou infantile, un commencement à partir d'une relation initiale présente, ce n'est pas un retrait de la participation à l'existence d'autrefois. Il y a, depuis le départ, une extrême solitude de l'autiste qui, toutes les fois que cela lui est possible, dédaigne, ignore, exclut tout ce qui vient de l'extérieur.».
KANNER note dans son article plusieurs signes cliniques particuliers à cette forme de psychose qu'est l'autisme: 

1.Un début précoce des troubles avant la fin des deux premières années de la vie.
2.Un isolement extrême: l'attitude de l'enfant est marquée par une profonde indifférence et un désintérêt total vis-à-vis des personnes et des objets extérieurs.
3.Une grande immuabilité.
4.Des stéréotypies gestuelles, certains gestes apparaissant étranges et répétitifs, comme agiter un mouchoir continuellement devant les yeux, remuer les doigts devant le visage, déambuler sur la pointe des pieds, tournoyer sur soi-même, se balancer d'avant en arrière pendant des heures...
5.Des troubles du langage : l'Enfant est soit totalement mutique, soit il émet des sons sans signification, soit il répète les mots sans valeur communicative (l'écholalie est une répétition en écho des mots ou des phrases des autres). Il note aussi l'incapacité d'utiliser les noms propres, l'utilisation des néologismes. 

KANNER décrit enfin l'intelligence et la mémoire exceptionnelles de ces enfants, et ces derniers traits caractéristiques distinguent l'autisme de toutes les autres formes d'arriération connues en psychiatrie.
Elaboration de l'appareil psychique : 

Comment entrer en contact avec l'univers interne de l'enfant autistique ?
De quoi est fait son espace psychique ?
Quels types d'angoisse affronte t'il ?

L'angoisse première :

C'est une notion qui a à voir avec le vide, l'écoulement, l'évaporation, l'explosion. La substance psychique doit avoir un contenant pour ne pas s'évaporer, pour ne pas se vider. Ce contenant, qui permettra à l'enfant de vivre entier, c'est la Mère et l'environnement maternel.

De 0 à 2 mois : Position autistique. L'enfant est centré sur lui-même et ses sensations.
De 2 à 8 mois : Position symbiotique. Il y a confusion entre le Moi et l'Autre.
Après 8 mois : Position dépressive. "Je suis Moi et il y a l'Autre".

Le contenant :

C'est dés la position autistique qu'une place primordiale doit être donnée au contenant. Les expériences perceptives du bébé ne sont pas liées entre elles. Il vit des moments où il se sent contenu, et d'autres moments où il se sent tomber. Tout cela ne se distingue pas des autres sensations (tactiles, de chaleur, d'être porté ou non, de bouger, de contact...). Toutes les sensations sont mélangées et mauvaises. Il s'en débarrasse en tapant des pieds et en criant. Notons que ces phénomènes se retrouvent chez les adultes, de manière beaucoup moins intense.

Les protections :

L'enfant est très tôt confronté à la peur de mourir. Il s'accroche à la vie au moyen de mécanismes de défense psychiques:

1) Démantèlement. C'est un mécanisme passif qui consiste à faire en sorte que le Moi précoce soit suspendu, cesse d'exister. Les manifestations pulsionnelles sont désintégrées et l'enfant ne ressent plus l'angoisse. Cela devient pathologique quand le mécanisme est utilisé de manière excessive, massive, stéréotypée. Le démantèlement semble être la base de tout ce qui a à voir avec le fait de suspendre tout lien avec l'extérieur (par exemple dans la toxicomanie). Cela s'observe chez l'autiste quand il coupe tout contact par son regard dans le vague, ailleurs.

2) Identification adhésive. Forme d'identification en surface. Cela s'observe dans l'écholalie où juste la surface de l'attitude et du comportement est réutilisée. C'est vidé de sens. C'est en fait tout ce qui est de l'ordre du mimétisme, de l'accrochage à une sensation pour éviter l'angoisse de la chute (on notera par exemple le regard qui se fixe sur un point...). Cela concerne le contact corporel et psychique. Le mécanisme d'identification adhésive a pour but d'éviter de disparaître. 

Pôle institutionnel ... dans le quotidien, la vie de tous les jours. 

Dans l'arrivée de l'enfant à l'hôpital de jour, il y a prise en compte de la part des parents du problème psychiatrique. Les prises en charge se font souvent en petits groupes. Ce sont pour la majorité des enfants qui ne parlent pas. La mise en sens de ce qui se passe est fonction du ressenti du soignant. Il convient de repérer l'intensité d'angoisse qui est vécue par chacun de ces enfants. Il faudra les amener à renoncer à leurs défenses archaïques, et pour cela leur fournir un contenant extérieur.

Notons que les enfants autistes, de même que les bébés ont un psychisme confronté à l'angoisse.
Il sera important d'être avec l'enfant dans un lieu fermé, pour qu'il puisse se poser quelque part, et de vivre le moment présent. L'enfant a besoin d'être tenu, contenu. Pour certains d'entre eux, quand le lien est coupé, c'est l'effondrement. La régularité des retrouvailles crée une histoire qui aide l'enfant.

Origine

Il n'y a pas une cause à l'autisme, mais plutôt un "télescopage" entre des facteurs provenant de deux sources:

En ce qui concerne la Mère, on peut noter une dépression post-partum non contenue et non perçue par l'entourage. Cela provoque un non investissement psychique du bébé.
En ce qui concerne l'enfant, on pourra retenir des éléments organiques, ou une sensibilité excessive. L'enfant se sent plus tôt qu'un autre détaché de sa Mère, et se trouve confronté dans ce cas, à une Mère défaillante qui ne peut compter sur lui pour se restructurer. 
Une des fonctions du bébé est de restructurer sa Mère. La femme déprimée qui trouve un bébé souriant en rentrant chez elle (un bébé qui répond et sollicite sa Mère), pourra compter sur la relation induite par l'Enfant pour restructurer le Moi défaillant, pour se réparer. Le bébé gratifie, satisfait narcissiquement la Mère déprimée. On peut donc parler d'évènements circonstanciels d'où résulte l'autisme.
Notons que l'autisme touche en majorité les garçons (à 80%).

Il sera bon de travailler en collaboration avec un psychomotricien qui aura 3 préoccupations :

1.Au niveau du corps adroit, il s'attachera aux mouvements issus de la gymnastique où il est essentiel de rééduquer la fonction motrice. Le corps devra devenir le moins maladroit possible.

2.Au niveau du corps conscient, il s'attachera à l'aspect émotionnel. Il faut imprimer le corps de sensations, au moyen par exemple du yoga, de la relaxation etc...

3.Au niveau du corps fantasmatique, du corps signifiant qui dit quelque chose à notre insu. C'est à ce niveau que s'exerce l'influence, dans le travail du psychomotricien, de la psychanalyse. 

Il faut noter que plus la pathologie est lourde, plus la différenciation des interventions est aléatoire. L'éducatif rejoint alors le thérapeutique, dans une vision plus globale où l'acte lui-même n'est pas très important, alors que ce qui est ressenti, représenté psychiquement l'est davantage.

Le psychomotricien devra être sensible à ce que veut montrer l'enfant.

Fonction de contenance

L'enfant a besoin de trouver un contenant où déposer ses angoisses insupportables. Quand il ressent une émotion insoutenable, il l'extériorise par des cris, des décharges motrices, et fait revivre cette émotion à la Mère. Celle-ci interprète, donne un sens et va faire en sorte que cette émotion devienne supportable pour (et par) l'Enfant: L'intolérance à la frustration va diminuer. Cela nécessite que la Mère soit présente, disponible psychiquement et physiquement. C'est à dire que rien ne l'occupe par ailleurs. Il faut qu'elle ne soit pas détruite par cette émotion, qu'elle puisse la surmonter et donc tolérer la réaction de l'Enfant. La Mère récupère l'Objet psychique évacué et le restituera au bébé une fois que ce sera rendu plus tolérable.

Dans un deuxième temps l'Enfant devra intérioriser cette fonction qui lui permettra de ne pas subir l'assaut d'une émotion trop violente. Il aura alors en lui une "fonction maternelle". L'Enfant fera d'abord appel à sa Mère interne (hallucination) et ensuite il fera appel à la Mère externe (le vraie), mais le travail psychique sera déjà en partie accompli.

A la fin de la première année, la Mère interne sera permanente, et remplacera la vraie Mère lorsque celle-ci sera absente.

Chez l'autiste (Etre humain qui s'est construit un système de relation à l'Autre de type autistique), il n'y a pas ce mécanisme. La séparation n'est même pas ressentie. C'est le vide permanent. Dans une forme plus développée (autisme secondaire), la Mère interne est présente mais pas assez forte. Dans la psychose symbiotique, la séparation est vécue comme une atteinte intolérable à la toute puissance.

Quelques caractéristiques

- Il y a une grande difficulté à maintenir ces enfants dans un réseau familial et social, ainsi qu'un grand risque de les enfermer, de les exclure dans des institutions spécialisées.

- Difficulté aussi pour ces enfants d'être vécus comme sujets, les stigmates faisant écran à une souffrance qui est bien au delà du corps.

- Les autistes sont tous confrontés à la mort, et le discours les concernant tourne bien souvent autour (mort physique et mort psychique).

- Le soin psychiatrique doit lutter contre l'enfermement, le totalitarisme. Il faut un cadre suffisamment solide et protecteur, mais remaniable et vivant.

- Les soins physiques sont nécessaires mais ne doivent pas réduire le sujet à la seule science médicale objective. Il faut travailler aussi sur la fantasmatisation, la désillusion chez les soignants, leur dépression... L'approche de ce type d'enfant doit être la même que pour tout être vivant, et se faire aussi sur un mode symbolique.
Source :

http://psychiatriinfirmiere.free.fr/

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