SHOAH.....
Par Jean-Marie Demarque
Le texte passe, mais pas les photos... désolé....
A la mémoire de
six millions d’âmes
victimes innocentes d’un mal
absolu aux multiples visages :
l’antisémitisme
le racisme
l’eugénisme
le totalitarisme
l’indifférence.
Préliminaires à une exposition « pas comme les autres »…
C’est quoi, la « Shoah » ? Pourquoi en parler aujourd’hui ? Quel rapport cela peut-il bien avoir avec nous ?
Autant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre !
1°. C’est quoi, la « Shoah » ?
Shoah est un mot hébreu qui signifie « catastrophe » : une catastrophe qui, il y a un peu plus de 60 ans, a coûté la vie à 6 millions de victimes innocentes, froidement exécutées par la barbarie nazie. Une « exécution » programmée, suivant un plan que l’on peut qualifier d’industriel, et qui a été rendue possible par bien des compromissions et des silences.
Mais plongeons dans ce passé pas si lointain, et faisons un peu d’histoire :
20 avril 1889, à Braunau, en Autriche. Un enfant vient de naître. Il est le fils d’une paysanne, Klara Poelz, et d’un douanier : Aloïs Hitler.
L’enfant est baptisé sous le prénom d’Adolf.
Après son école primaire à Linz, il entre dans une école de frères à Lambach, pour y faire ses humanités. Il n’y reste pas longtemps et termine son cursus secondaire à Steyr, au Gymnasium. C’est un jeune adolescent, peu doué intellectuellement, et de santé fragile.
Il n’obtient pas son certificat.
Se croyant artiste, (et il avait effectivement un certain talent) il tente d’entrer à l’académie des Beaux Arts de Vienne.
Il échouera trois fois de suite à l’examen de sélection. Ces échecs successifs vont contribuer certainement à l’aigrir.
De 1906 à 1914, il vit d’expédients, dans une grande misère et déménageant très souvent.
En 1914, lors du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, il s’engage dans le 16ème régiment Bavarois d’infanterie. Il y sert en qualité d’estafette. Blessé à trois reprises, notamment à Verdun, gazé, il se voit décerner la Croix de Fer, la plus haute distinction militaire allemande.
Janvier 1919 : la guerre est finie. L’Allemagne est vaincue.
Hitler se voit, après sa démobilisation, réincorporé dans l’armée en tant qu’agent politique : son travail consiste à surveiller les groupes subversifs –c'est-à-dire démocratiques !- de Munich.
C’est à ce moment qu’il entre en contact avec le Parti Ouvrier Allemand.
Dès 1920, il y adhère et en devient une des figures de proue.
Cette même année, le Parti change de nom et devient le NSDAP (Parti National Socialiste des Travailleurs Allemands).
Hitler fait à cette époque la connaissance de nombreux écrits antisémites, dont ceux de Georg von Schönerer et de Huston Stewart Chamberlain.
Novembre 1923 : Hitler tente le « putsch de Munich » et échoue.
Il est arrêté et le Ministère Public requiert contre lui cinq ans de prison. Il est défendu par un avocat du nom de Frank . (Celui là même qui plus tard deviendra Gauleiter de Pologne).
Toujours est-il qu’il ne fait que huit mois de prison, dans une cellule confortable, au cours desquels il rédigera un ouvrage minable : « Mein Kampf ». Minable sur le plan littéraire, minable sur le plan des idées :
Il y développe un antisémitisme aussi agressif que pervers et abominable.
Décembre 1924 : Hitler est sorti de prison.
Il restructure le NSDAP. Il en dessine les drapeaux, les symboles, les uniformes. Il s’avère être un bon dessinateur. Mais c’est surtout un excellent orateur. Entre 1925 et 1926, il assied son autorité et met en œuvre le principe du « Führer ».
1928 : aux législatives, le parti nazi obtient 2,6 /100 des voix !
C’est dérisoire, ridicule même.
Qui donc s’en inquiéterait ?
Et, de fait, personne ne s’en inquiète.
Pourtant les choses vont dorénavant aller très vite :
1930 : 18,3/100 des voix.
1932 : 37,3/100 des voix .
1933 : 43,9/100 des voix.
Hitler, suite à diverses « magouilles » bien préparées accède au pouvoir ! Il devient Chancelier du Reich.
Très vite, il cumule les fonctions : il est aussi Ministre de la Défense. Cela lui permet de renforcer son contrôle sur l’Armée.
1934 : Il obtient la qualité de « président du Reich »…Il dispose alors d’un pouvoir total et absolu sur l’Allemagne.
La suite, tout le monde la connaît plus ou moins, ainsi que le cortège d’horreurs que le règne de ce fou mégalomane et extrémiste a drainé à sa suite !
2°. Pourquoi en parler aujourd’hui ?
Nous pourrions nous dire : « c’est heureusement du passé ! Cela n’arrivera plus jamais ! » Ou encore : « c’est impossible que de telles choses se reproduisent aujourd’hui »…
Autant d’assertions qui sont fausses, qui ne sont que des leurres, des miroirs aux alouettes qui risquent fort de nous placer à plus ou moins moyen terme dans des « états de faits » similaires !
Voyons maintenant quelques chiffres, qui nous concernent directement, en tant que Belges et qu’Européens, et qui sont très récents :
A. Elections au Conseil Régional Bruxellois :
1995 : 10,5/100
1999 : 8,6/100
2004 : 11,3/100
B. Elections au Conseil Régional Wallon :
1995 : 6/100
1999 : 4,8/100
2004 : 8,5/100
C. Elections au Conseil Régional Flamand :
1995 : 12,3/100
1999 : 18,5/100
2004 : 22,3/100
D. Score de l’extrême droite en Europe aux dernières législatives :
Autriche : 10/100
Belgique : 11,6/100
Danemark : 12/100
France : 12,5/100
Norvège : 15/100
Italie : 16/100
Pays-Bas : 17/100
Suisse : 27,7/100
E. En Belgique, élections nationales à la chambre depuis 1987 : une progression régulière et constante :
1987 : 2/100
1991 : 7,63/100
1995 : 10,11/100
1999 : 11, 27/100
2003 : 12, 82/100
Ces chiffres sont extrêmement inquiétants, D’autant qu’ils passent souvent inaperçus.
Ils sont inquiétants aussi par le fait que les mêmes recettes sont aujourd’hui utilisées par ceux qui en profitent : un discours démagogique, des promesses « bidon », des engagements à rester dans la légalité, un entretien de la haine raciale ou ethnique, de la peur de l’autre, de celui qui est différent par sa culture, par sa foi, sa philosophie et qui vient, selon les dires des tenants des divers nationalismes, « prendre » les droits et les avantages des Belges…
Rien de nouveau sous le soleil, même si, en l’occurrence, ce soleil là est noir et annonciateur de lendemains bien sombres !
Berthold Brecht a dit un jour : « Le ventre est encore fécond, d’où a surgit la bête immonde ».
Je crois qu’aujourd’hui hélas, il n’est pas seulement fécond : il prouve cette fécondité, il la démontre : il est en pleine gestation !
Dans quelques temps, tous les citoyens belges seront appelés aux urnes pour les élections communales.
Nous serons, nous, ici à ECAUSSINNES, peut-être confrontés à une présence de la droite extrémiste sur les listes électorales.
Il n’est pas de mon pouvoir ni de mon autorité de tenter d’influencer les votes de qui que ce soit. Je n’en ai pas le droit.
Mais il est de mon devoir de citoyen et de chrétien de mettre chacun en garde : si nous n’y prêtons pas attention, si nous nous laissons aller à adhérer de près ou de loin aux assertions de ces partis-là, quelle qu’en soit la raison, que nous trouvions ces idées bonnes ou voire fondées, nous ouvrirons à coup sûr un peu plus la porte à la « Bête » dont parle Brecht et qui, curieusement a bien des accointances avec celle dont parle le dernier Livre des Ecritures chrétiennes !
Ne perdons pas la mémoire ! Souvenons-nous de ce qui s’est passé il y a un peu plus de soixante ans.
Souvenons-nous aussi de ceux qui ont donné leur vie ou leur santé pour qu’aujourd’hui nous puissions vivre libres dans un monde ouvert et tolérant. Et efforçons nous de l’aider à le rester, pour nous, et pour nos enfants !
L’exposition que nous vous présentons n’est pas une exposition comme les autres il ne s’agit ici ni d’art ni de culture : c’est celle d’une réalité atroce, proche de nous dans le temps, et qui pourrait bien se reproduire un jour si nous n’y prenons pas garde.
Certaines images, certains documents vous paraîtront sans doute très durs et très choquants.
Osez cependant les regarder en face : ce faisant vous poserez déjà un acte de courage face à ceux qui à l’époque, par opportunisme ou lâcheté, ont choisi de fermer les yeux devant cette abomination, cette négation de toute humanité.
Ces images et ces documents sont la mémoire d’un temps de terreur, que nous ne pouvons étouffer mais que nous avons le devoir de transmettre, selon le commandement biblique :
Deutéronome 4:9 « prends garde à toi, garde-toi bien d’oublier les choses que tu as vues de tes yeux; tous les jours de ta vie, qu’elles ne sortent pas de ton coeur. Tu les feras connaître à tes fils et à tes petits-fils. »
Dernièrement, un prêtre d’Ecaussinnes bien connu pour son attachement à tout ce qui touche notre passé disait une terrible vérité :
« On n’enseigne plus assez l’histoire à nos enfants ni à nos jeunes ».
Si cette réflexion est une réalité au niveau scolaire, nous avons, nous, en tous cas un « devoir de mémoire » ! Puissions-nous ne jamais l’oublier, puissions-nous aussi le transmettre autour de nous, même si cela peut nous coûter !
3°. Quel rapport cela peut-il bien avoir avec notre temps ?
On dit parfois que deux choses sont un éternel recommencement : la mode, et l’histoire. Si, dans le cas de la première, ce peut être amusant et répondre à certaines « nostalgies », dans le cas de la seconde, c’est tout simplement effrayant !
Or, aujourd’hui, partout dans notre monde prétendument « civilisé » se lèvent des factions extrémistes qui emploient les mêmes tactiques, les mêmes discours démagogiques que ceux des nazis :
Dans plusieurs Etats du Sud des Etats-Unis se rassemblent des hommes (et des femmes !) généralement armés et toujours très agressifs qui, au nom de la même idéologie absurde de la « pureté de la race » s’en prennent aux populations dites « de couleur ». Beaucoup de ces gens arborent aujourd’hui les symboles du Nazisme, dont ils se réclament ouvertement (croix gammées, runes SS, etc…)
Plus proche de chez nous, en ex-Allemagne de l’Est, des groupes de plus en plus nombreux de jeunes, soigneusement encadrés de moins-jeunes, défilent ouvertement avec drapeaux et brassards nazis, clamant leur haine de l’étranger.
En Israël même, et cela peut sembler un paradoxe, ce sont des groupuscules développant des idées similaires qui entretiennent le conflit israélo-palestinien. C’est le cas du Hamas, c’est celui aussi de certains partis israéliens, proches d’une droite extrémiste.
En juin 2003, j’ai été le témoin direct d’un attentat suicide dans un bus de Jérusalem. Venu sur les lieux plusieurs heures après, j’ai pu voir de jeunes juifs ultra-religieux distribuer des autocollants sur lesquels il était écrit : « plus d’arabes, plus de problèmes » ! Une phrase terrible qui pour moi faisait écho à une autre assertion distillée comme un poison au cœur de la jeunesse allemande des années 30 : « plus de juifs, plus de problèmes » !
Et nous, dans tout cela ?
Outre la montée constante et inquiétante de nos propres partis d’extrême droite, qui n’ont pas d’autre discours que ceux des nazis des « années noires », il y a aussi ce « poison » dont je parlais plus haut et qui est distillé dans nos veines, dans nos idées de manière aussi perverse qu’insidieuse :
- Combien d’entre nous n’ont pas réagi contre le fait qu’on accorde des droits élémentaires à des réfugiés, qu’on leur accorde un moyen de subsistance ?
- Combien d’entre nous ne proclament-ils pas que l’Islam (qu’ils ne connaissent nullement !) est un danger ?
- Combien n’ont-ils pas « pesté » un jour où l’autre contre « les étrangers qui viennent manger notre pain » ?
Autant d’attitudes qui peuvent sembler anodines, voire même normales car compréhensibles sur certains plans, autant d’attitudes qui ont un dénominateur commun :
L’intolérance !
Et c’est cette intolérance, engraissée des ferments du nationalisme qui fut à la base de l’extermination de 6 millions d’êtres humains innocents, durant la seconde guerre mondiale.
Ne l’oublions pas !
N’oublions pas non plus l’attitude courageuse de tous ceux qui, à l’époque, ont « résisté ».
N’oublions pas que sans eux, sans leur courage allant jusqu’au don de leur vie, nous ne serions pas là aujourd’hui, et qu’en tous les cas nous ne serions pas libres !
C’est tout simplement une question d’humanité !
Pasteur JM Demarque
Remerciements.
Nous tenons à remercier ici, chaleureusement ceux et celles qui ont permis que cette exposition se réalise, et particulièrement le Musée Juif de la Déportation et de la Résistance de Malines ainsi que le Musée Juif de Belgique, dont le siège se trouve à Bruxelles.
Dans ce cadre, notre gratitude va particulièrement à Mademoiselle Laurence SCHRAM, responsable des Archives au MJDR de Malines, à Mademoiselle Ilse MARQUENIE et au personnel de ce Musée qui a préparé le support informatique des documents.
Cette même reconnaissance va aussi à Monsieur Philippe PIERRET, attaché scientifique du Musée Juif de Belgique, à Monsieur Bernard SUCHECKY historien attaché au même Musée, à Madame Raymonde GESCHLIDER et à tout le personnel du MJB.
Un merci tout particulier et ému s’adresse aussi à sa maman, Madame Hélène GESCHLIDER, rescapée du Ghetto de Lodz et survivante d’Auschwitz qui, avec beaucoup de courage et de gentillesse a accepté, il y a trois ans, lors de la préparation d’une première exposition, que nous filmions son témoignage.
Notre gratitude va aussi à Monsieur le Professeur Maurice KONOPNICKI, directeur
du CID et Administrateur de la Maison des Justes des Nations à Charleroi, Professeur à l’UMH, qui nous a fourni deux chapitres importants de cette exposition, à propos des dérives de l’extrême –droite , et des dessins des enfants de Terezin1.
Merci aussi à l’association du B’nai B’rith Europe, instigatrice d’une exposition sur la
Résistance Juive, présentée du 20 novembre 2001 au 15 février 2002 au Musée
Royal de L’Armée et d’Histoire Militaire de Bruxelles, qui nous a permis d’utiliser le
texte de sa plaquette en complément de notre propre exposition.
Enfin, nous tenons à remercier aussi Monsieur Jean DUTRIEUX, Bourgmestre d’Ecaussinnes, ainsi que les membres de l’équipe « Shoah » de cette localité , qui ont soutenu notre projet en lui donnant le label de la reconnaissance communale.
Merci aussi, et de tout coeur, à la communauté protestante d’Ecaussinnes qui a
prêté ses locaux et s’est investie pleinement dans la réalisation de cette exposition.
***
*
Puisse cette exposition répondre le plus largement et efficacement possible à notre
voeu le plus cher qui est que jamais plus des Juifs ni d’autres hommes n’aient à
subir de telles horreurs, et qu’une meilleure connaissance de l’histoire et des
hommes aide chacun à aimer plus authentiquement celui ou celle qui se présente à lui
sous un jour différent, parce qu’il n’est pas de la même culture, qu’il ne partage pas
la même foi, les mêmes idées philosophiques, les mêmes points de vue.
Nous espérons aussi que cette exposition mettra au coeur de tous ceux qui la
visiteront un plus grand amour et une plus grande compréhension d’Israël, et qu’elle
éveillera les esprit à une plus grande vigilance vis-à-vis de discours racistes,
antisémites, judéophobes ou totalitaires qui hélas semblent aujourd’hui vouloir
revenir en force chez certains démagogues dangereux et pervers.
Le Comité « Shoah »
Instigateur et artisan de cette exposition.
1. naissance et racines de l’antisémitisme.
L'antisémitisme du Moyen-Age à nos jours
L'antisémitisme accompagne l'histoire du peuple juif depuis toujours.
Une équipe d'historiens néerlandais a travaillé sur l'évocation des périodes de persécution les plus marquantes.
Le premier volet de l'exposition proposée aujourd’hui est un voyage dans le temps et dans l'espace.
Elle raconte en mots et en images, grâce à une recherche iconographie approfondie, les sombres épisodes de la mémoire juive à travers un assemblage de quelques panneaux thématiques allant de la première croisade à l'antisémitisme contemporain sur Internet.
Le thème de la Shoah sera développé dans le troisième volet de cette exposition.
Pourquoi cette exposition ?
Les préjugés à l'égard des gens ou des cultures peu connues apparaissent dans tous les pays et à toutes les époques.
Certains préjugés sont anodins, toutefois d'autres sont beaucoup plus pernicieux et peuvent engendrer oppression et persécution.
Historiquement, les Juifs sont certainement l'un des peuples ayant le plus souffert des préjugés.
En Europe, la haine des juifs est ancrée dans le christianisme, religion qui s'est développée à partir du judaïsme.
Durant des siècles, les Juifs ont été la seule minorité religieuse de l'Europe chrétienne, souvent mal compris et inspirant la suspicion chez les gens, opprimés par l'Eglise et exploités par les dirigeants.
L'intolérance religieuse a conduit à la discrimination et à l'isolement.
Un climat s'est instauré et a rendu crédible nombre de légendes et de mythes concernant les Juifs et le judaïsme, dont certains subsistent encore de nos jours.
Cependant, en dépit de ce contexte très difficile, les communautés juives ont entretenu leur religion, tout comme leur traditions sociales et culturelles.
Cette exposition illustre l'histoire des attitudes hostiles aux juifs et de l'antisémitisme actuel, forme d'intolérance qui, durant ce siècle, a causé la mort de millions de gens.
L'histoire de l'antisémitisme démontre combien les préjugés et l'intolérance, peuvent s'avérer dangereux, en particulier en période d'incertitude politique et d'accroissement des tensions sociales.
Les préjugés à l'égard des gens ou des cultures peu connues apparaissent dans tous les pays et à toutes les époques.
Certains préjugés sont anodins, toutefois d'autres sont beaucoup plus pernicieux et peuvent engendrer oppression et persécution.
Historiquement, les Juifs sont certainement l'un des peuples ayant le plus souffert des préjugés.
En Europe, la haine des juifs est ancrée dans le christianisme, religion qui s'est développée à partir du judaïsme.
Durant des siècles, les Juifs ont été la seule minorité religieuse de l'Europe chrétienne, souvent mal compris et inspirant la suspicion chez les gens, opprimés par l'Eglise et exploités par les dirigeants.
L'intolérance religieuse a conduit à la discrimination et à l'isolement.
Un climat s'est instauré et a rendu crédible nombre de légendes et de mythes concernant les Juifs et le judaïsme, dont certains subsistent encore de nos jours.
Cependant, en dépit de ce contexte très difficile, les communautés juives ont entretenu leur religion, tout comme leur traditions sociales et culturelles.
Cette exposition illustre l'histoire des attitudes hostiles aux juifs et de l'antisémitisme actuel, forme d'intolérance qui, durant ce siècle, a causé la mort de millions de gens.
L'histoire de l'antisémitisme démontre combien les préjugés et l'intolérance, peuvent s'avérer dangereux, en particulier en période d'incertitude politique et d'accroissement des tensions sociales.
LES DEBUTS DE L'ANTISEMITISME
Les temps bibliques
Abraham, le père des trois principales religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l'islam.), a prés de 1850 ans avant notre ère, conduit sa famille au pays de Canaan où allait naître une nouvelle nation - le peuple d'Israël. Au cours de ces siècles avant Jésus-Christ (av, J._C».), les Hébreux (Ancien peuple juif) ont dû subir des persécutions intermittentes car - allant en cela à l'encontre de la coutume répandue à l'époque, qui était d'adopter la religion du lieu ou du dirigeant - ils refusaient pour leur part d'adorer les idoles des royaumes du Moyen Orient. Cette, opposition au culte des idoles était assimilée à de l'entêtement et mal ressentie.L'antijudaïsme
Après l'avènement du christianisme un nouvel antijudaïsme est apparu. À l’origine, on considérait le christianisme simplement comme une secte juive parmi d'autres, puisque Jésus et les disciples étaient Juifs et prêchaient une forme de judaïsme, En l'an 70 de notre ère, l'état Juif a été détruit par Rome et la plupart des Juifs ont été dispersés à travers l'ensemble du monde antique,
Les premiers siècles après la crucifixion de Jésus par les Romains ont été témoins d'une coexistence parfois pacifique, parfois lourde d'animosité - entre les adeptes du judaïsme et du christianisme, qui cherchaient à faire du prosélytisme pour leur foi respective dans les mêmes pays.
Avec la conversion des empereurs romains, le christianisme est devenu la seule religion officielle de l'Empire et les premiers pères (le l'Eglise se sont efforcés de l'établir en tant que successeur du. Judaïsme.
La réticence des Juifs à accepter Jésus comme le Messie a été assimilée à une menace pour les dirigeants romains et la foi chrétienne, Dans la mesure où les deux religions procédaient l'une comme l'autre de la Bible hébraïque. Les Chrétiens on cherché à établir la validité de leur nouvelle religion en prétendant qu'elle remplaçait le judaïsme
Le Moyen Age
Au cours des trois siècles qui ont suivi (de 300 à 600 de notre ère) a vu le jour un nouveau schéma de discrimination institutionnalisée vis-à-vis des Juifs : l'on a successivement interdit les mariages mixtes entre Juifs et Chrétiens (399), écarté les Juifs des hautes sphères, gouvernementales (439 ),et exclu leur témoignage à charge contre des Chrétiens devant les tribunaux (53 1), Parallèlement à la mise officielle des Juifs au ban de la société, il s'est développé à leur sujet en Europe du Nord certaines idées bizarres qui présageaient l'antisémitisme du 20è` siècle. Le bruit a couru que les Juifs avaient une queue et des cornes et se livraient au meurtre rituel de Chrétiens. Cette dernière assertion, désignée sous le terme de "libelle du sang", a germé en 1150 dans l'imagination deThomas de Monmouth pour expliquer la mort mystérieuse d'un petit Chrétien, On la retrouve régulièrement dans les mythes anglais et allemand.Au sein de diverses communautés, les Juifs se sont subitement vu accuser d'avoir empoisonné des puits.
Images chrétiennes des juifs
Dans l'Europe du Moyen Âge, le christianisme est la religion dominante. Non seulement l'Église catholique détient-elle la plus haute autorité morale, mais encore les évêques coopèrent-ils avec la noblesse dans le gouvernement des états chrétiens. Puisque l'origine du christianisme remonte aux communautés juives du Moyen-Orient, l'attitude de l'Église envers les juifs reste indécise : faut-il obliger ou inciter tous les juifs à se convertir au christianisme, ou faut-il leur permettre de continuer de pratiquer leur religion, avec de nombreuses restrictions, en les maintenant en marge de la société et en leur rappelant constamment la supériorité du christianisme sur le judaïsme ? Dans beaucoup d'églises apparaissent des images symbolisant la « Victoire du christianisme (Ecclésia) sur le judaïsme (Synagogê) ». Les juifs sont dépeints comme des traîtres et des déicides. Souvent, ils sont représentés avec un porc - image particulièrement insultante puisque la religion juive considère les porcs comme impurs. Puisque le christianisme est devenu la religion officielle de l'Empire romain, de nombreuses illustrations bibliques du Moyen Âge minimisent le rôle des Romains dans le procès et la crucifixion du Christ. Ce sont plutôt des juifs vêtus de costumes moyenâgeux qui sont représentés comme les principaux coupables. » À une époque où la grande majorité de la population est illettrée, cette iconographie d'église joue un rôle essentiel dans la propagation d'une image négative des juifs et du judaïsme.
La Première Croisade
Pendant les 700 premières années du christianisme, les communautés juives d'Europe sont rarement menacées directement. La situation change lorsque le pape Urbain exhorte les fidèles en 1095 à partir en croisade pour libérer Jérusalem des infidèles. En chemin pour Jérusalem, les croisés déciment les communautés juives le long du Rhin et du Danube. « Comment, s'exclament-ils, devrions-nous attaquer les infidèles en Terre Sainte, et laisser en repos les infidèles en notre sein ? ».
Le 25 mai 1096, environ 800 juifs sont assassinés à Worms (Allemagne), et beaucoup d'autres choisissent le suicide. À Regensburg, les juifs sont jetés dans le Danube, pour y être « baptisés ». À Mayence, Cologne, Prague et dans beaucoup d'autres villes, des milliers de juifs sont tués, leurs biens pillés.
Les croisades confirment, dans les dogmes de l'Église et les lois des États de toute l'Europe chrétienne, le statut des juifs comme citoyens de second ordre. Elles inaugurent une période d'oppression et d'insécurité qui ne prendra fin qu'au
XVIII', siècle.
Les mythes antijuifs
Au Moyen Âge, la croyance aux miracles et aux légendes est courante. Deux mythes à caractère antijuif font leur apparition en Europe : profanation de l'hostie et meurtre rituel. Ces deux mythes survivront jusqu'au XX' siècle. Selon d'autres croyances populaires du Moyen Age, les juifs portent des cornes et une queue, attributs du diable. En 1215, l'Église proclame que la chair et le sang de Jésus-Christ sont contenus dans l'hostie et le vin consacrés. À partir de cette date, des rumeurs commencent à circuler selon lesquelles les juifs volent, mutilent ou brûlent l'hostie afin de tuer Jésus une fois de plus. Les miracles font partie intégrante de ces mythes : l'hostie mutilée saigne, prouvant le bien-fondé de la doctrine et la vérité de la foi chrétienne. Selon l'accusation de meurtre rituel, les juifs tuent des enfants chrétiens afin de satisfaire leur prétendu besoin de « sang chrétien » pour la confection du pain de la Pâque ou pour d'autres rites religieux. Même si le haut clergé et l'État s'opposent dans bien des cas à la propagation de ces rumeurs, celles-ci se perpétuent dans les croyances populaires, soutenues et encouragées par le clergé local, qui transforme les lieux des prétendus meurtres en lieux de pèlerinage.
L'accusation de meurtre rituel sert de leitmotiv aux légendes les plus néfastes et les plus cruelles faisant partie de l'arsenal des croyances antijuives, perpétuant le mythe de la nature mauvaise et inhumaine des juifs et incitant les populations chrétiennes à une vengeance sanglante. Les accusations de meurtres rituels refont surface au XX' siècle en Russie et dans la propagande nazie.
La discrimination systématique
En 1215, le pape décrète que les juifs doivent porter sur leurs vêtements des marques spécifiques pour les distinguer plus clairement des chrétiens. L'Église veut empêcher les chrétiens de fréquenter des juifs à leurs dépens. Ces signes vestimentaires distinctifs ne sont pas uniformes dans certains endroits, les juifs doivent porter une rouelle jaune ou rouge, ailleurs un bonnet pointu, le « bonnet juif ».
Au fur et à mesure des années, les juifs sont obligés de vivre dans des ghettos entourés de murs.
Vu l'interdiction d'agrandir le ghetto, il devient de plus en plus surpeuplé.
La discrimination va encore plus loin, jusqu'à nier un droit encore plus fondamental : les juifs n'ont pas le droit de résider en permanence dans les villes et les villages. De plus en plus, ils doivent s'adonner au commerce, au colportage et au prêt sur intérêt, et sont seulement admis dans les villes pendant une période limitée, lorsque le développement économique exige l'expansion des échanges commerciaux et du crédit. Ils sont frappés d'impôts supplémentaires. Lorsque la situation économique change ou que les marchands locaux sont trop endettés envers eux, leurs permis ne sont pas reconduits. Souvent, les juifs sont purement et simplement expulsés. De nombreuses communautés doivent verser des impôts au roi ou au prince en retour de sa « protection ». Dans les États allemands, les juifs sont considérés comme la propriété de l'Empereur, qui vend aux princes et évêques locaux le droit de les taxer. Souvent, les communautés juives sont tiraillées entre les intérêts économiques rivaux des citadins et des princes locaux « propriétaires » des juifs.
L'usure
Pendant la seconde moitié du Moyen Âge, les villes se développent et le commerce connaît une grande expansion. De nombreuses fonctions économiques antérieurement dévolues aux juifs sont prises en charge par d'autres groupes. Un nombre croissant de professions et de métiers s'organisent en guildes. Puisque seuls les membres des guildes sont admis 'à pratiquer ces professions, et que les nouveaux membres doivent prêter serment sur le Nouveau Testament, les juifs en sont en pratique exclus. En Europe occidentale et centrale, les juifs doivent au fur et à mesure renoncer à toutes les professions. En définitive, il ne leur reste que le commerce ou le prêt sur intérêt. De nombreuses communautés juives sombrent dans la pauvreté, et quelques-unes seulement continuent de prospérer. L'Église interdit aux chrétiens de prêter sur intérêt, mais le besoin de crédit augmente dans une économie en expansion. Les juifs sont souvent les seuls prêteurs. Les taux d'intérêts sont élevés en raison des risques et de la pénurie de capitaux.
Les juifs sont identifiés à l'usure, c'est-à-dire au prêt d'argent à des intérêts exorbitants. Un autre stéréotype du «juif » apparaît: le pauvre colporteur d'articles d'occasion. Ces deux images contradictoires des juifs, l'usurier dur et injuste et le colporteur pauvre et rusé, survivront jusqu'au XXe siècle.
Les expulsions et la peste noire
Après les croisades, les expulsions des communautés juives entières deviennent fréquentes. En 1290, tous les juifs d'Angleterre (environ 16 000 personnes) sont expulsés. Ce n'est qu'au XVII' siècle que des communautés s'établissent de nouveau dans ce pays. En 1306, les juifs sont aussi expulsés de France. Des accusations de meutre rituel et des émeutes antijuives aboutissent à des expulsions. Profitant des sentiments antijuifs, les seigneurs locaux, les magistrats municipaux ou les marchands saisissent l'occasion de se débarrasser des prêteurs juifs envers qui ils sont endettés, ou encore qui constituent pour eux des concurrents indésirables. Les intérêts économiques motivent à la fois l'acceptation et l'expulsion des juifs.
Le XlVe siècle est assombri par une immense catastrophe : l'Europe est frappée par la peste. Entre 1348 et 1350, les épidémies tuent des millions de personnes, le tiers de la population européenne. Les causes réelles étant inconnues, les étrangers, les voyageurs et les juifs (la seule minorité non chrétienne dans tous les pays affectés) sont accusés d'avoir répandu la maladie. Beaucoup de gens croient que les communautés juives se vengent des décennies d'hostilité antijuive en empoisonnant les puits et les sources d'approvisionnement en eau. Au fur et à mesure de la progression de l'épidémie depuis l'Espagne et l'Italie, vers le nord jusqu'en Angleterre et en Pologne, environ 3 00 communautés juives sont attaquées et des milliers de juifs sont tués. Dans les États allemands, presque toutes les communautés juives sont expulsées.
En 1478, le pape permet la création d'une Inquisition spéciale en Espagne visant essentiellement la persécution des juifs restés fidèles au judaïsme après les conversions forcées. Des milliers d'autodafés (« actes de foi ») ont lieu, au cours desquels des juifs sont brûlés sur le bûcher, ou étranglés s'ils avouent. En 1492, les Rois Catholiques, Ferdinand et Isabelle, expulsent tous les juifs du Portugal et de l'Espagne, exilant environ 150 000 personnes et détruisant les communautés prospères. Des expulsions sporadiques de communautés juives se poursuiveront en Europe jusqu'au XIXe siècle.
Les juifs de Pologne et de Lituanie
Les groupes juifs qui émigrent en Pologne et en Lituanie à partir du XIIIe siècle forment le noyau des communautés juives polonaises et russes. Les rois de Pologne invitent les juifs à s'établir dans leurs États, dans l'espoir de relancer l'économie. Après l'expulsion des juifs d'Espagne et les persécutions qui se poursuivent en Europe occidentale, la Pologne et la Lituanie deviennent dès le XVI' siècle le nouveau centre de la vie culturelle juive en Europe.
On y parle le yiddish, mélange d'allemand médiéval et d'hébreu.
Les juifs de Pologne jouissent d'une plus grande liberté dans le choix de leurs professions, mais leur statut juridique reste le même que dans l'Ouest. Certaines villes, comme Varsovie en 1527, reçoivent le privilège « de ne pas avoir à tolérer de juifs », ce qui signifie que les juifs ne sont pas autorisés à s'y établir.
En Lituanie cependant, les juifs ont pratiquement les mêmes droits que la population chrétienne et commencent à former, avec elle, une classe d'artisans et de marchands. Comme les juifs savent généralement lire et écrire, ils administrent souvent des domaines appartenant à l'État ou à la noblesse, et prennent en mains la perception des impôts ou la vente du sel et de l'alcool. Ce rôle d'intermédiaire entre la noblesse et la vaste paysannerie les rend particulièrement vulnérables pendant les périodes de difficultés économiques.
À la fin du XVI' siècle, la Contre Réforme déclenche non seulement la persécution des protestants, mais encore des flambées de violence antijuive. Les juifs étaient considérés comme des concurrents au plan économique. De plus, leur langue et leur religion et leur tenue vestimentaire différentes en faisaient des boucs émissaires.
Le Siècle des Lumières
L'émancipationLa Réforme du XVI' siècle suscite une nouvelle appréciation de l'Ancien Testament en hébreu et une meilleure compréhension de la religion juive. Après les ravages des guerres entre protestants et catholiques, l'esprit de tolérance religieuse se répand en Europe, et les attitudes à l'égard des juifs (qui ne sont plus la seule minorité religieuse) commencent à changer. Le Siècle des Lumières - le XVIIIème siècle - voit naître de nouvelles tendances en faveur du respect de l'individu, dans l'affirmation de l'égalité fondamentale de tous les êtres humains. Les conditions sont réunies pour que les juifs soient enfin admis en tant qu'égaux dans les sociétés européennes. Les restrictions quant au domicile et à l'exercice d'une profession sont peu à peu abrogées, et les juifs jouissent de droits de plus en plus étendus. Les États-Unis et la France révolutionnaire sont les premiers États à conférer aux juifs le statut de citoyens à part entière. La plupart des États européens les imitent dans le cours du XIXe Siècle. En Russie, toutefois, les juifs doivent attendre encore un siècle (jusqu'à la révolution de 1917) avant d'accéder au statut de citoyens libres.
Au XIXe siècle, dans des pays comme l'Allemagne et la Russie, le débat porte sur la manière de rendre les juifs utiles à la société. Les métiers dans lesquels des siècles de discrimination les ont relégués (petit commerce, colportage, prêt sur intérêt) sont considérés contre nature; leurs coutumes religieuses, leur langue, leur habillement sont jugés barbares. En Allemagne et en Russie, l'émancipation des juifs dépend de leur assimilation. Les juifs profitent de leur liberté nouvelle et entrent dans de nouvelles professions, fréquentent les mêmes écoles et universités que le reste de la population. Mais les juifs sont toujours considérés comme anormaux, et il est leur beaucoup plus difficile de parvenir à l'égalité sociale, d'être acceptés. Beaucoup de non-juifs réagissent avec suspicion, voire avec effroi, lorsque les juifs commencent à sortir de leur isolement et abandonnent leurs occupations traditionnelles. Les intérêts économiques entrent également en jeu; dans certaines régions, les efforts des juifs pour s'adonner à de nouvelles activités suscitent une vive résistance.
Les nationalistes créent de nouveaux obstacles aux juifs. De plus en plus, les peuples se définissent en fonction d'éléments communs : culture, sang, langue. Même les juifs convertis au christianisme et entièrement assimilés sont désormais considérés comme des étrangers. Le nationalisme ravive les intolérances religieuses c'est la base de l'antisémitisme moderne.
Le XIXème siècle
L'antisémitisme populaireAu XIX' siècle, les opinions et les stéréotypes antijuifs changent. L'exclusion des juifs et la discrimination à leur égard ne sont plus fondées sur les seules différences religieuses. Lorsque le terme « antisémitisme » fait son apparition à la fin des années 1870, le statut des juifs d'Europe occidentale est problématique : malgré l'égalité des droits, ils sont perçus comme des étrangers.
Depuis le début du XIX' siècle se répand la notion de « peuple » ou de « nation » : ces entités sont considérées non pas comme de simples regroupements d'individus, mais comme des organismes uniques, déterminés par le climat, la terre et les traditions. Ces idées, largement influencées par le mouvement romantique allemand, vont à l'encontre des principes fondamentaux du Siècle des Lumières.
De manière générale, est qualifiée de juif toute personne indésirable. Pour beaucoup, le juif symbolise la faiblesse, les moeurs faciles, la laideur physique : l'opposé de l'idéal national.
Nombre de ces nouveaux stéréotypes prennent naissance à une époque d'industrialisation et d'urbanisation croissantes. Ces rapides changements sociaux et économiques sont porteurs de grande tension et de conflits sociaux, et beaucoup considèrent qu'ils sont destructeurs et contre nature. Les juifs quittant la marginalité et profitant des nouvelles possibilités qui s'offrent à eux sont souvent identifiés comme responsables. Ainsi naît à l'époque moderne le stéréotype du juif exploiteur et usurier qui profite du malheur des autres, ainsi que le mythe de la toute-puissante conspiration juive capable d'infléchir le cours des événements à l'echelle mondiale selon sa volonté et pour son seul profit.
L'antisémitisme politique
Vers la fin du XIXe siècle, un nombre croissant d'individus reçoivent le droit de voter. De nouveaux partis se créent, préfigurant les mouvements de masse modernes. Les groupes et les classes qui détiennent le pouvoir depuis des siècles sont aux prises avec un phénomène nouveau : ils doivent se mesurer à d'autres dans l'arène politique. Les partis commencent à recourir aux moyens modernes de propagande de masse afin d'attirer les électeurs. L'exploitation des sentiments antisémites se révèle un moyen efficace de briguer la faveur de l'électorat. Puisque les juifs militent en général dans les partis libéraux et socialistes, les forces conservatrices utilisent une propagande antisémite pour attaquer leurs ennemis politiques, qu'ils prétendent corrompus par la présence des juifs. Pendant la crise économique des dernières décennies du siècle, des partis politiques ayant l'antisémitisme pour seul programme se créent en France, en Allemagne et en Autriche et connaissent pendant quelque temps un très grand succès. Mais les partis conservateurs ne sont pas les seuls à exploiter les préjugés antisémites. Certains socialistes considèrent le capitalisme comme une expression de l'esprit d'exploitation juif; à leurs yeux, la lutte contre le capitalisme doit avoir pour cible le capital juif ou le caractère capitaliste du judaïsme. Ces tendances se manifestant au sein des partis socialistes sont en général combattues par les dirigeants, notamment Jean Jaurès en France et Karl Kautsky en Allemagne.
L'affaire Dreyfus
En dépit de l'égalité conférée par les lois et de l'intégration croissante des juifs dans les sociétés occidentales à la fin du XIXe siècle, l'antisémitisme reste une menace pour eux. À présent, les attaques antisémites sont combattues par les défenseurs des droits de la personne. Ces deux facteurs sont reflétés dans l'affaire Dreyfus, affaire antisémite qui polarisa la société et toutes les forces politiques en France pendant des années. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé d'être un espion à la solde de l'Allemagne, adversaire de la France pendant la guerre précédente. Seule preuve : quelques mots sur un bout de papier trouvé dans une corbeille par une femme de ménage, et dont l'écriture ne correspond pas à celle de Dreyfus. Mais Dreyfus est juif, le seul juif de l'état-major général français. Et les juifs sont considérés comme des apatrides, incapables de manifester une loyauté suffisante vis-àvis du pays dans lequel ils vivent. Dreyfus est convaincu d'espionnage, en partie sur la foi de preuves créées de toutes pièces par des officiers antisémites, et condamné à l'emprisonnement à perpétuité. Il est déporté à l'Île du Diable, au large de l'Amérique du Sud. Lors de sa dégradation publique, la foule, incitée par la presse antisémite, hurle des slogans antijuifs. Un journaliste prend la défense de Dreyfus, mais le véritable coupable, le commandant Esterhazy, continue de bénéficier de la protection du gouvernement.
L'affaire divise la France en deux camps. D'un côté, le gouvernement, les partis conservateurs, l'Église et l'armée considèrent que l'honneur de la nation ne doit pas être sacrifié pour un juif, qu'il soit coupable ou innocent. De l'autre côté, sous l'impulsion de l'écrivain Émile Zola et de l'homme politique Jean Jaurès, se rassemblent les partisans des droits de l'homme. D'autres procès s'ensuivent, mais il faudra attendre plus de dix ans pour que Dreyfus soit enfin innocenté.
L'affaire a un retentissement mondial. Theodor Herzl, journaliste juif viennois qui assure la couverture du procès, conclut que l'assimilation n'offre aucune protection contre l'antisémitisme, si un juif intégré au point d'être officier français n'est pas en sécurité. Si les juifs restent étrangers dans leur pays de résidence, ils doivent fonder leur État. Son livre, LÉtat juif - une solution moderne à la question Juive, paraît en 1896 et aboutit un an plus tard à la fondation de l'Organisation sioniste.
XXème Siècle
Les « Protocoles des Sages de Sion »À la fin du XIX' siècle, à Paris, un auteur inconnu au service de l'Okhrana, la police secrète russe, compose une publication qui est devenue une source d'inspiration importante pour la plupart des théoriciens du complot juif : il s'agit des « Protocoles des Sages de Sion ». Ces « Protocoles » sont censés être le procès-verbal d'une conférence de dirigeants juifs qui complotent pour dominer le monde. Les « Sages de Sion » sont accusés d'empoisonner l'État en répandant les idées libéralistes, en contestant la juste place de la noblesse, en fomentant le désordre social et la révolution.
Les « Protocoles » sont publiés en Russie en 1905. Ils passent d'abord quasi inaperçus, mais il n'en est plus de même après la Révolution. Les adversaires des bolcheviks citent les « Protocoles » pour expliquer les changements soudains et radicaux qui interviennent en Russie et pour justifier les actes de violence antisémite perpétrés pendant la guerre civile russe.
Dès 1921,'il est établi que les « Protocoles » sont un faux : l'auteur a plagié des chapitres entiers d'un pamphlet français datant de 1864 et dirigé contre Napoléon III, où il n'est pas question de juifs.
Malgré cela, les dirigeants du mouvement national-socialiste allemand, notamment Hitler et Goebbels, sont fortement influencés par les « Protocoles ». Dans « Mein Kampf », Hitler revient souvent à la thèse principale des « Protocoles », la prétendue « conspiration juive » qui viserait à dominer le monde et contre laquelle la nation allemande doit se défendre. Ainsi, les « Protocoles » contribuent à justifier la politique nazie de discrimination antijuive et d'extermination.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les « Protocoles » font de nouveaux adeptes dans le monde arabe, où ils « expliquent » les défaites militaires des pays arabes en guerre contre Israël. Encore aujourd'hui, des groupes (surtout néo-nazis et antisémites) distribuent cet ouvrage.
Les pogroms en Russie
Dans l'Empire russe, les tsars ne tolèrent pas les juifs, considérés comme ennemis du Christ. Les centaines de milliers de juifs qui sont incorporés dans l'Empire russe après l'éclatement de la Pologne sont autorisés à vivre seulement dans une zone spéciale, appelée « enclave d'établissement » (la « Zone »), où ils tombent sous le coup de nombreuses lois discriminatoires. Les juifs espéraient une amélioration de leur sort, mais ces espoirs furent anéantis par la répression qui suivit l'assassinat du tsar Alexandre Il en 1882. Le gouvernement réagit à l'attentat en recourant à une méthode qui a fait ses preuves : blâmer les juifs. Une vague de pogroms (plus de 200 en 1881 seulement) déferle sur la Zone, déclenchant un exode de réfugiés.
Au début du XX' siècle, le gouvernement tsariste déclenche une guerre avec le Japon pour tenter de détourner l'attention d'un mouvement révolutionnaire de plus en plus puissant. La presse antisémite accuse les juifs de conspirer avec l'ennemi pendant la guerre; la défaite catastrophique de la Russie donne le signal d'une vague de pogroms. Les « centuries noires », groupes nationalistes extrémistes, affirment ouvertement leur programme d'extermination des juifs. ~ais la pire orgie de violence éclate en 1905, lorsque le tsar est obligé d'accorder une constitution. Organisés surtout par la Ligue monarchiste « Union du peuple russe », et avec la collaboration des responsables locaux, des pogroms ont lieu dans plus de 300 villes. Bilan: près de 1000 morts et des milliers de blessés. Comme les pogroms paraissent avoir été autorisés par les autorités, le désespoir se répand dans les communautés juives. Entre 1881 et 1914, on estime que 2 millions de juifs quittent la Russie, la plupart émigrant aux États-Unis.
L'antisémitisme sous le régime soviétique avant 1941
La guerre civile qui éclate après la révolution bolchevique transforme l'Ukraine, où vivent 60 des juifs russes, en champ de bataille. L'Armée d'Ukraine lutte pour l'indépendance tandis que les armées « blanches » cherchent à renverser le gouvernement bolchevique; toutes participent cependani à des attaques antijuives assorties de pillages et de meurtres. Lorsque les Ukrainiens battent en retraite devant l'Armée rouge en 1919, une vague de violence antijuive sans précédent entraîne des dizaines de milliers de morts. Les armées blanches commettent elles aussi pillages, viols et meurtres, reprenant le vieux slogan « Frappez les juifs, sauvez la Russie ». Elles aussi doivent battre en retraite à leur tour'et passent leur rage sur les communautés juives qui se trouvent sur leur chemin. On recense pendant la guerre civile quelque 2 000 pogroms, qui se soldent par environ 100 000 morts et plus d'un demi-million de juifs chassés de leurs foyers.
Les sections juives du parti communiste sont le princi pal instrument qu'utilise le nouveau gouvernement pour appliquer la doctrine marxiste de l'assimilation forcée. La majorité des juifs russes militent dans les diverses organisations sionistes; ils sont les premiers à être éliminés, et des milliers de sionistes sont déportés en Sibérie. L'attaque systématique contre toute religion organisée affecte également le judaïsme. Les synagogues et les écoles sont fermées, les livres et les objets du culte confisqués et dét its. Les titulaires de charges religieuses et communautaires juives, comme les rabbins et les abatteurs rituels, sont contraints à démissionner; ceux qui refusent sont arrêtés et déportés.
À la fin des années 1920, l'emploi de l'hébreu est officiellement prohibé en Union soviétique; c'est la seule langue qui fasse l'objet d'une telle interdiction. Toute éducation religieuse juive est désormais impossible.
L'antisémitisme en France avant la Seconde Guerre mondiale
En France, la fin du 19ème siècle est marquée par diverses catastrophes nationales : défaite dans la guerre contre la Prusse, perte de l'Alsace-Lorraine et drame de la Commune de Paris. Le nationalisme français; jadis progressiste, cherche maintenant les sources de son inspiration dans le passé; il devient de plus en plus "revanchard", intolérant et antisémite.
L'Action Française ' fondée en 1899 pendant l'affaire Dreyfus, avec à sa tête Charles Maurras, est le mouvement le plus influent. Son idéologie va à l'encontre de tous les idéaux de la Révolution française : il est anti -démocratique, monarchiste et antisémite. Tout ce qui est allé de travers, un jour, dans lHistoire française, est imputé aux Juifs, censément la communauté qui a tiré le plus grand profit de la Révolution française. L'Action Française compte parmi ses plus fervents adeptes des intellectuels, des militaires, des membres du clergé, des commerçants et des employés de bureau. L'Eglise catholique, qui n'a jamais été en faveur des idéaux de la Révolution française, soutient ouvertement l'antisémitisme, au travers des journaux catholiques La Crois et Le Pèlerin, diffusés au total à 500.000 exemplaires environ. Cependant, après la Première Guerre mondiale et la victoire française, l'Action Française voit le nombre de ses partisans décliner. Mais la crise économique de 1929 marque le retour de l'antisémitisme en tant que mouvement politique,qui, fait notable, se fraie même un chemin dans la classe ouvrière, pourtant traditionellement de gauche. Enjanvier 1934, le suicide du courtierjuif russe Stavisky et les révélations au sujet de ses liens avec des politiciens corrompus provoquent de graves émeutes antisémites, ainsi qu'une tentative de coup d'Etat contre le gouvernement. Tout au long des années 30, la France est inondée d'un raz-de-marée de publications antisémites, qui pavent le chemin, en définitive, à la collaboration avec la Nazis sous Vichy.
Les théories raciales des nazis
Le meurtre de millions de juifs et d'autres « non-Aryens » pendant la Shoah est le plus grand crime contre l'humanité jamais connu. Il fut rendu possible par une conjonction unique de facteurs : le contrôle total exercé sur un État moderne par le régime totalitaire national-socialiste; la coopération active ou le consentement passif d'une grande partie de la population allemande,. la collaboration de régimes et de peuples sympathisants dans les territoires occupés; et un antisémitisme profondément enraciné commun à tous les pays chrétiens d'Europe.
Le Parti ouvrier national socialiste allemand (NSDAP) rend responsable le « juif » de l'inflation et du chômage qui sévissent après la défaite de l'Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale. Dans sa propagande, le parti prétend que l'ouvrier allemand est ruiné par le « capital juif » et menacé par le « bolchevisme juif » qui vise à faire de lui un esclave.
Les théories raciales des nazis sont fondées sur des études pseudo-scientifîques du XIX' siècle. Influencées par des idées mystiques et romantiques, ces tendances politiques rejettent les principes de l'égalité et de l'humanité commune proposés au Siècle des Lumières. Au coeur de l'idéologie national-socialiste se situe l'idée de la « race », constituée de gens du même « sang », partageant une même culture et un même territoire. Les races luttent entre elles pour conquérir territoires et pouvoir; seules les plus fortes survivent. Seules les races « pures », qui ne se métissent pas avec des groupes « inférieurs », sont ca ables de créer des civilisations durables. Au sein de la « race blanche », les « Aryens » forment l'élite, une « race supérieure » destinée à asservir des races inférieures comme les slaves et à régner sur elles. Cependant, pour accomplir leur destin historique, les Allemands doivent d'abord se débarrasser des idées politiques et culturelles « étrangères », et se purger de tout « sang inférieur ». Les juifs allemands sont les premières victimes du programme de « purification raciale ». Sous l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, les juifs d'autres pays et les slaves « racialement inférieurs » sont englobés dans la « restructuration raciale » de l'Europe. Certains peuples, comme les autres nations aryennes du Nord et de l'Ouest de l'Europe, pourront éventuellement être persuadés d'accepter la domination allemande; mais il y a un groupe qui doi être totalement éliminé : les juifs.
Les mesures antijuives (1933-1939)
Immédiatement après leur arrivée au pouvoir en 1933, les nazis font de « l'expulsion des juifs de la société allemande » l'une de leurs principales priorités. Ils déclenchent une campagne de propagande et de terreur d'une envergure et d'une violence sans précédent, conçue pour stigmatiser les juifs allemands, les isoler du reste de la population et les forcer à émigrer. Les nazis font également appel aux attitudes antijuives traditionnelles de la population pour faire accepter leur régime. L'antisémitisme devient le signe de ralliement utilisé dans la propagande de la « Révolution allemande ». Puisqu'il s'agit de la seule politique « révolutionnaire » que les nazis appliquent sérieusement, ses réussites sont constamment publiées dans les médias, et sont annoncées par le « Stürmer », système d'affiches apposées dans toutes les villes et villages. Dès 1933, ' les nazis appellent au boycott des commerces et entreprises juifs. Des mesures sont prises pour exclure les juifs de la fonction publique, des professions libérales, puis d'un secteur de l'économie après l'autre. Les juifs allemands sont progressivement relégués en marge de la société. Les lois de Nuremberg de 1935 leur retirent l'égalité conférée par les lois – trois générations après l'émancipation - et les pleins droits civiques. Simultanément, le régime promulgue sans cesse de nouveaux règlements visant à dépouiller les juifs de leurs biens avant qu'ils n'émigrent. Parallèlement, de nombreux pays ferment leurs portes aux réfugiés juifs allemands.
Comme le processus d'expulsion ne va pas assez vite aux yeux du gouvernement, un « pogrom » est organisé à l'échelle du pays les samedi 9 et dimanche 10 novembre 193 8. Toutes les synagogues d'Allemagne sont incendiées, les boutiques juives sont pillées et environ 30 000 juifs - dix pour cent de la population juive restante - sont arrêtés, battus et emprisonnés dans des camps de concentration, dont ils ne sont libérés qu'en apportant la preuve de leur émigration imminente.
À la veille de la Deuxième Guerre mondiale, il reste environ 200 000 juifs en Allemagne. Une fois la guerre commencée, l'émigration devient presque impossible. À partir de 1941, les juifs d'Allemagne - comme tous ceux des pays sous l'occupation allemande - sont astreints au port de « l'étoile juive », rappel de la rouelle du Moyen Âge. En 1942 commencent les déportations à destination des « ghettos » et camps de concentration aménagés en Pologne. Des juifs restant en Allemagne après
1941, seulement 10 000 environ survivent à la Shoah.
Annexes
L'antisémitisme dans le monde arabeLe prophète Mahomet commence son enseignement à Médine en 622. Ses relations avec les juifsde Médine, une petite communauté de commerçants et de négociants, s'enveniment après le début de sa mission. Le Coran contient de nombreuses descriptions péjoratives des juifs et du judaïsme.
Omar, successeur de Mahomet, définit les lois restrictives en vertu desquelles les « incroyants » (dhimmi, les chrétiens et les juifs) sont autorisés à vivre dans une société observant les règles de l'Islam. Ils sont astreints à des taxes supplémentaires, ainsi qu'au port de vêtements distinctifs; la construction de nouvelles églises ou synagogues est interdite. Ces lois sont appliquées plus ou
moins sévèrement selon le lieu et l'époque. En général toutefois, les juifs et les chrétiens sontconsidérés avec mépris; aux époques de difficultés économiques ou de tensions politiques, les juifs se font facilement attribuer le rôle de bouc émissaire. La situation s'aggrave avec le début de l'immigration sioniste en Palestine vers 1900. Le chef religieux des musulmans palestiniens, le Grand Mufti de Jérusalem, demande même l'appui d'Adolf Hitler pour empêcher les réfugiés juifs de s'établir en Palestine. L'idéologie antisémite nazie a un effet profond sur le monde arabe. Dans leur discours, les dirigeants nationalistes arabes ne font aucune distinction entre leurs voisins juifs arabes et les colons sionistes.
Lorsque les pays arabes sortent perdants de la première guerre israëlo-arabe de 1948, les communautés juives arabes se sentent gravement menacées; des centaines de milliers se réfugient en Israël, abandonnant pratiquement tous leurs biens. La propagande antisémite diffusée aujourd'hui dans le monde arabe reprend tous les éléments des stéréotypes propagés depuis des siècles. « Le juif » est le plus souvent représenté comme un homme voûté, barbu, au long nez crochu, vêtu d'une robe noire. Les thèmes antisémites bien connus sont répétés à satiété : la conspiration juive vise à dominer le monde; le juif empoisonneur et source de maladies contagieuses (la dernière en date étant le sida), jusqu'à l'accusation moyenâgeuse de meurtre rituel qui refait son apparition de temps à autre. Particulièrement perfide est la confusion du « sionisme » (ou de ce que l'on prend pour du sionisme) et du nazisme. La plupart des commentateurs politiques ou caricaturistes arabes semblent incapables de critiquer un aspect de la politique du gouvernement israélien sans le taxer de « politique nazie », ou de représenter les dirigeants israéliens autrement qu'avec des croix gammées.
Le négationnisme
Une grande partie de la propagande antisémite d'aujourd'hui, surtout celle diffusée par des groupes cherchant à réhabiliter le national-socialisme, est consacrée à la dénégation de la Shoah. Malgré la défaite de l'État nazi en 1945, la foi en l'idéologie nazie ne disparaît pas, et n'est pas limitée à la seule Allemagne. Déjà dans les années 1940, l'écrivain fasciste français ~aurice Bardèche allègue que si des juifs sont morts dans des camps ou des ghettos, c'est de maladies infectieuses ou de malnutrition, et si le gaz toxique a été employé, c'est non pas pour l'assassinat systématique, mais pour la désinfection. Les vrais auteurs d'atrocités, selon Bardèche, seraient les Alliés. Aujourd'hui, cinquante ans après que la vérité a émergé des camps de la mort d'Hitler, on trouve une énorme quantité d'affirmations de ce genre, qui vont d'une grossière propagande ouvertement antisémite à des rapports scientifiques en apparence objectifs. Souvent, dans ces derniers, la Shoah est non pas nié ouvertement, mais plutôt décrit comme « une question en suspens » qui doit faire l'objet « d'un débat plus approfondi ». Ce « débat » correspond toujours au même motif : les témoignages des survivants juifs sont rejetés comme étant « subjectifs »; les documents, les lettres ou les journaux des nazis et de leurs collaborateurs sont écartés comme « des faux notoires »; leurs témoignages sont invariablement le résultat des « tortures alliées ». Les dénégateurs de la Shoah prétendent que les chambres à gaz que l'on montre aujourd'hui comme preuves des assassinats systématiques sont de simples attractions pour touristes construites après la guerre par les communistes aux fins de leur propre propagande. La dénégation de la Shoah est un thème très fertile pour les antisémites du monde entier, et s'allie souvent à de nombreux mythes et stéréotypes antisémites très anciens, comme celui de la « conspiration juive mondiale ». Les survivants, à en croire les dénégateurs, mentent au sujet dé ce qu'ils ont vécu pendant la guerre et créent de toutes pièces des récits d'horreur afin d'obtenir de l'argent en réparation des prétendus préjudices subis. Souvent, les dénégateurs de la Shoah nient aussi le droit d'Israël à l'existence. Dans certains pays toutefois, notamment l'Allemagne, la dénégation de la Shoah est considérée comme un délit et une insulte aux millions de victimes.
L'antisémitisme à notre époque
Cependant, comme le montre le présent panneau, l'antisémitisme se manifeste, encore aujourd'hui, sous de multiples formes - qu'il s'agisse de sites Internet niant la Shoah ou d'actes de violence visant expressément des Juifs ou des institutions juives.
Propagande haineuse sur l'Internet
Un élément relativement nouveau est venu s'ajouter au phénomène global de l'antisémitisme: la propagande haineuse véhiculée par les médias électroniques, ou l'intolérance à l'heure de l'Internet, ce nouvel outil technologique utilisé par des millions de personnes à l'échelle mondiale. Se mêlant au flot de renseignements diffusés sur Enternet, un courant inquiétant de messages haineux visant les minorités religieuses, ethniques, raciales ou culturelles réussit impunément à se frayer un chemin. Les antisémites sont particulièment actifs sur ce réseau. Ils s'en servent pour diffuser leur propagande auprès d'un public infiniment plus vaste que celui qu'ils pourraient espérer rejoindre en distribuant des dépliants ou en organisant des rassemblements. Le réseau Internet est ainsi pollué par les rumeurs sourdes et persistantes de la propagande antisémite. Comme il ne fait l'objet d'aucune réglementation, n'importe qui peut créer un site et publier n'importe quoi. La technologie de l'Internet offre aux propagandistes un tant soit peu motivés une multitude de moyens pour diffuser leurs messages. Le World Wide Web, qui offre textes, images, sons et animations, peut être utilisé par des groupes désireux d'attiser les tensions racistes pour afficher des bulletins et d'autres documents. Les copies audio de discours et d'émissions radiophoniques peuvent soit être remplacées par des fichiers que l'on peut télécharger (copier) sur un ordinateur pour les écouter ultérieurement, soit être entendues en direct. Dès 1996, plusieurs extrémistes notoires associés de longue date à des activités antisémites exploitaient les possibilités offertes par le Web. La nature même de l'Internet permet à ces individus d'agir en toute impunité. Au contraire des personnes qui sortent la nuit pour aller dessiner des croix gammées sur les pierres tombales ou les murs des synagogues, les extrémistes peuvent utiliser Enternet pour diffuser leur propagande haineuse sans jamais courir le risque d'être identifiés. L'anonymat, une composante clé de la culture Internet, contribue à encourager la diffusion de messages haineux sur le réseau. Rien n'oblige les internautes à s'identifier de façon précise. On pourrait dire que les messages haineux diffusés dans le cadre de groupes de discussion ressemblent un peu à des appels ou des lettres anonymes, la principale différence étant qu'ils peuvent être envoyés simultanément à des centaines, voire des milliers de personnes.
Le courrier électronique, une technologie conçue essentiellement pour permettre à ses utilisateurs de communiquer les uns avec les autres, peut aussi servir à diffuser de la propagande antisémite. Certains extrémistes entreprenants maîtrisent parfaitement les techniques permettant d'envoyer des messages ou des documents à caractère haineux à des dizaines, des centaines et même des milliers de personnes sans devoir révéler leur identité.
L'extrême-droite refait surface sur le devant de la scène politique en 1956, avec 52 députés menés par le populiste Pierre Poujade. Parmi eux, Jean-~arie Le Pen. Le poujadisme est une idéologie nationaliste, anti-capitaliste, anti-communiste et antisémite. Le Front National est fondé en 1972, dans une tentative d'unification des nombreux groupuscules racistes et antisémites que compte l'extrême- droite. Ses fondateurs sont représentatifs de la diversité de ses origines politiques: Pierre Bousquet, ancien membre des SS, François Brigneau, ancien membre
de la milice de Vichy et de l'OAS, et Roger Holeindre, qui a combattu en Indochine aux côtés du leader du FN Jean-Marie Le Pen.
Les années 60 et 70 sont le théâtre de l'émergence de la Nouvelle Droite, qui s'organise notamment autour du GRECE (Groupement de Recherche et d'étude pour une Civilisation Européenne), qui joue un rôle majeur dans la promotion d'un racisme « académique » plus subtil.
Le GRECE est contre le concept « judéo-chrétien » d'égalitarisme, jugé élément « étranger » importé en Europe.
Dans les années 80, époque de hausse du chômage et de désillusions quant aux partis politiques traditionnels, de gauche comme de droite, le Front National réussit une percée à l'échelon national. Selon le Front, les « immigrés » sont responsables de tous les problèmes de la France; un grand nombre d'électeurs - entre 10 et 15 % - se montrent sensibles à cette propagande.
L'essor de partis d'extrême-droite xénophobes est un phénomène commun à tous les pays d'Europe occidentale où des problèmes socio-économiques complexes contribuent à l'envie de désigner un bouc émissaire.
Bien que sa propagande soit principalement dirigée contre les minorités non européennes, le Front National n'en compte pas moins un courant antisémite persistant. De temps à autre, cet antisémitisme refait surface: Jean-Marie Le Pen lui-même est condamné pour antisémitisme en 1986. Lors d'un congrès, il accuse la presse d'instiguer un complot contre lui et nomme quatre
journalistes - tous juifs. En 1987, il est condamné à payer une amende de 1,2 million de francs pour avoir qualifié les chambres à gaz de « point de détail » de la seconde guerre mondiale. Dans les rangs du Front, le maréchal Pétain demeure ouvertement admiré comme un héros national, malgré ses politiques antisémites.
Dès la fin des années 40, c'est en France qu'apparaissent les premières publications révisionnistes, tentant de nier ou de déformer l'Holocauste : les premiers ouvrages sont signés de Maurice Gardèche et Paul Rassinier. Depuis, le révisionnisme est devenu un phénomène international à forte dominante française, sous l'influence, notamment, de Robert Faurisson.
de la milice de Vichy et de l'OAS, et Roger Holeindre, qui a combattu en Indochine aux côtés du leader du FN Jean-Marie Le Pen.
Les années 60 et 70 sont le théâtre de l'émergence de la Nouvelle Droite, qui s'organise notamment autour du GRECE (Groupement de Recherche et d'étude pour une Civilisation Européenne), qui joue un rôle majeur dans la promotion d'un racisme « académique » plus subtil.
Le GRECE est contre le concept « judéo-chrétien » d'égalitarisme, jugé élément « étranger » importé en Europe.
Dans les années 80, époque de hausse du chômage et de désillusions quant aux partis politiques traditionnels, de gauche comme de droite, le Front National réussit une percée à l'échelon national. Selon le Front, les « immigrés » sont responsables de tous les problèmes de la France; un grand nombre d'électeurs - entre 10 et 15 % - se montrent sensibles à cette propagande.
L'essor de partis d'extrême-droite xénophobes est un phénomène commun à tous les pays d'Europe occidentale où des problèmes socio-économiques complexes contribuent à l'envie de désigner un bouc émissaire.
Bien que sa propagande soit principalement dirigée contre les minorités non européennes, le Front National n'en compte pas moins un courant antisémite persistant. De temps à autre, cet antisémitisme refait surface: Jean-Marie Le Pen lui-même est condamné pour antisémitisme en 1986. Lors d'un congrès, il accuse la presse d'instiguer un complot contre lui et nomme quatre
journalistes - tous juifs. En 1987, il est condamné à payer une amende de 1,2 million de francs pour avoir qualifié les chambres à gaz de « point de détail » de la seconde guerre mondiale. Dans les rangs du Front, le maréchal Pétain demeure ouvertement admiré comme un héros national, malgré ses politiques antisémites.
Dès la fin des années 40, c'est en France qu'apparaissent les premières publications révisionnistes, tentant de nier ou de déformer l'Holocauste : les premiers ouvrages sont signés de Maurice Gardèche et Paul Rassinier. Depuis, le révisionnisme est devenu un phénomène international à forte dominante française, sous l'influence, notamment, de Robert Faurisson.
En Belgique, aujourd’hui :
Extrémisme de droite, révisionnisme, négationnisme, antisémitisme n’épargnent pas non plus notre Pays qui se veut pourtant démocratique et qui est perçu par beaucoup comme une terre d’ouverture et d’accueil.
Hélàs, les faits sont là pour le démontrer : la « nébuleuse extrémiste » est de plus en plus présente à tous les niveaux de notre société, et s’étend même parfois jusqu’au sein des partis traditionnels.
C’est vrai surtout en Flandre, où certains n’ont eu de cesse de vouer un culte aux idées nazies depuis les années trente, et sans discontinuer. Mais c’est vrai aussi chez nous, en Wallonie !
Cette question fera l’objet du sixième et dernier volet de notre exposition.
2. La vie juive avant la guerre
Avant la guerre, il y avait en Belgique environ 66.000 Juifs. La population totale du pays était alors de 8,3 millions d’habitants.
La population juive était donc une toute petite minorité, formée pour sa plus grande part d’un apport récent d’immigrés et de réfugiés qui avaient depuis le début du siècle émigré de certaines régions de l’Est de l’Europe, et depuis les années 30, fuit l’Allemagne qui leur était devenue plus qu’hostile.
A l’époque de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne, seuls 7 % des Juifs de Belgique possédaient la nationalité belge.
La population juive était surtout concentrée à Anvers et Bruxelles, autour des gares.
C’est là un fait qui a fondé une idée reçue véhiculée par l’antisémitisme et reprise actuellement très souvent à l’égard des populations immigrées : « Ils sont partout ! »
“En Belgique dans l’immédiat avant-guerre, la population juive constitue une société dans la société. Elle est caractérisée par une multiplicité de facettes.
Les Juifs sont présents dans toutes les classes sociales, de la plus aisée à la plus misérable. Issus de plus de 20 pays d’origine différents, leur attachement au culte israélite varie, des plus laïques aux plus “pieux”. Très actifs dans le domaine caritatif, ils mettent sur pied des institutions visant à améliorer le sort de leurs coreligionnaires pauvres ou malades, à enseigner à la jeunesse les fondements du Judaïsme et aussi à intégrer le plus rapidement possible les nouveaux immigrants dans la société belge. Tant sur le plan politique qu’au niveau des nombreuses organisations de jeunesse très dynamiques, tous les courants d’opinions et toutes le mouvances coexistent.
En tous points, les Juifs offrent une image pleine de vie de leur “communauté”[1].
Documents exposés
Ci-contre : Emilius VOS , ouvrier diamantaire, domicilié à
Borgerhout, Sterrenborg, 8.
Déporté par le convoiVII/922, immatriculé n° 178.886, rapatrié, remarié en seconde noces avec Léa SWAAF, veuve d’Abraham OBSTFELD, non déportée, père adoptif de Norbert VOS)
Son épouse, Rebecca NABARRO native d’ Amsterdam, apatride, fut déportée par le même convoi.
Elle ne fut ni immatriculée, ni rapatriée…
Les enfants du couple, Hermann VOS (19/7/1939), Isaak (13/2/1937) et Andries VOS, déportés en même temps que les parents ne furent pas immatriculés.
Source: Emiel VOS. Source publiée: Catalogus Fototentoonstelling – Het Joodsche leven in Antwerpen vóór, tijdens en na W.O.II . Lieu: Anvers Date: 1940
A droite : Camp du YASK
(YASK: Yiddishe Arbeter
Sport Klub)
Club sportif juif de sympathisants communistes, non sionistes.
A Anvers, les communistes juifs constituaient une force au sein du Parti communiste local. En 1932-33, ils constituaient la moitié des manifestants du défilé du 1er Mai. Leurs activités étaient semi -clandestines, ainsi leur centre culturel “Kulturfarayn.
Le YASK, organisation sportive sympathisante du parti communiste, participa en 1937 aux Olympiades populaires de Barcelone.
Source: MJB/Coll. Jurysta . Lieu: Tilff . Date: 1938 Copyright: MJB
A gauche : l'équipe de football du B'né Hakibah en 1939.
De gauche à droite, en haut:
- Itshak HIRSH (SABOR), Mendel WILNER, Israël GOTHLIB (CHOCO), LUGER,
Moris FISCHER (HATI), +++, Tulik ZOMER, Berk GITLER
De gauche à droite, en bas:
- +++, Nathan SHLIWINSKI, Herzog +++ (Gandi), Shaul SHTRAUSBERG.
(Renseignements obtenus par David ISBOUTSKI)
Source: Sylvain BRACHFELD . Lieu: Anvers. Date: 1939.
A droite :
Photo d'Adeline RAJZNER (née le 10/7/1938),
déportée à Auschwitz par le VIIIème convoi, le
8/9/1942, et décédée là-bas.
Elle figure sur la photo en compagnie d’Albert
FRIEDMAN, déporté lui aussi.
Adeline RAJZNER: était la fille d’Hélène FRYDMAN (Chana-Blima) et d’Henri (CH.) RAJZNER, famille immigrée en 1920 venant de Varsovie, apatride, Rue de
Mérode, 181).
La petite fille fut prise dans la grande rafle de la rue de Mérode et déportée le 8/9/1942 à Auschwitz, avec le huitième convoi, n° 978. Agée alors de quatre ans, elle ne survécut pas à sa déportation.
Albert FRIEDMAN: était né à Anvers le 12/5/1933 Il était le fils d’Etela LOVI et de Ludovic FRIEDMAN. Il fut déporté avec sa mère et son frère par le IIIème convoi, sous le numéro 813, le 15/8/1942. Il ne fut ni immatriculé, ni rapatrié…
Source: M. RAJZNER. Copyright: Musée de la Déportation.
A gauche :
Photo de deux couples montés sur un chariot. A gauche, se trouve Régine (Rywka) FIBICH, épouse RAJZNER, née le 1/10/1906 à Varsovie. Immigrée en Belgique en 1938 venant de arsovie, domiciliée à Bruxelles, Rue Blaes, 136, puis Avenue Jean Volders, 56, sans profession.
Elle figure à deux reprises sur la liste des détenus juifs de Malines ayant été hospitalisés à l’O.L.V. Gasthuis de Malines, du 21/12/1942 au 22/12/1942
(enceinte) et du 5/1/1943 au 7/01/1943. Déportée à Auschwitz par le XVIIIème convoi, alors qu'elle était sur le point d'accoucher, elle ne fut pas immatriculée à son arrivée à Birkenau. Elle ne fut pas rapatriée. A côté d'elle se tient Hélène RAJZNER, non déportée. La troisième personne à partir de la gauche est Willy (Wolf Bebek) RAJZNER, mari de Régine FIBICH, né le 7 ou le 20/1/1910 à Varsovie, sans profession mentionnée sur la fiche SD. Il fut déporté avec sa femme par le XVIIIème convoi et lui non plus ne survécut pas. Le deuxième homme est David BERLINERBLAU, non déporté.
Source: M. RAJZNER Copyright: Musée de la Déportation
Ci-contre :
Le groupe des employés devant une
enseigne: "Diamantslijper - SDA".
(Société Diamantaire Anversoise)
Source: MJB/ collection D.Dratwa
Lieu: Anvers
Date: 1932
Copyright: MJB
A droite :
Anna KUBOWITSKY, épouse HELMAN et son bébé. Elle fut déportée par le VIIIème transport sous le numéro 374 et ne fut pas
rapatriée.
Née le 4/12/1895, à Nivie, Russie, fille d’Abraham KUBOWITSKY, Juive apatride d’origine polonaise, immigrée en 1908 de Russie, commerçante, domiciliée à Saint-Gilles, Rue BERCKMANS, 26, épouse de Pessah HELMAN, mère de Gita HELMAN (20/6/1927, Bruxelles, Rue Hôtel des Monnaies, XXIIa/509, +) inscrite au registre des Juifs de Saint-Gilles, Volume 9 Folio 333, le 6/12/1942, AB/KV, VIII/374, elle est présumée décédée entre le 8 et le 18/9/1942, A.M. 762, publié le 24/11/1956.Pessah (Joseph) HELMAN est né le 15/3/1896 à Varsovie, fils d’Eliazar HELMAN et de Laja SCHEINBERG, immigré en 1916 venant de Varsovie, apatride d’origine polonaise, représentant en radios, domicilié à Saint-Gilles, Rue BERCKMANS, 26, époux d'Anne KUBOWITSKY, père de Gita HELMAN (20/6/1927, Bruxelles, Rue Hôtel des Monnaies, XXIIa/509, +), inscrit au registre des Juifs de Saint-Gilles, Volume 9 Folio 333, le 6/12/1942, AB/KV, VIII/373, il est présumé décédé entre le 8 et le 18/9/1942, A.M. 762, publié le 24/11/1956.
Source: M. RAJZNER Copyright: Musée de la Déportation
A gauche :
Photo du mariage de Pessah (Joseph) HELMAN, né le
15/3/1896, et d'Anne KUBOWITSKY, née le
4/12/1895. Tous les deux ont été déportés à
Auschwitz par le VIIIème convoi, le 8/9/1942.
Aucun ne fut rapatrié.
Source: M. RAJZNER
Copyright: Musée de la Déportation
A droite :
Photo de famille: père, mère et trois enfants dont un
nourrisson. Il s’agit de Liebe SIGAL: 29/7/1905 à Rukowski, famille immigrée de Russie en 1905, belge, sans profession, Borgerhout, Bakker 51, puis Jos. Verbovenlei, 28 (sans date de changement d’adresse), XXIIB/406, le 20/9/1943, entrée à Malines le 16/9/1943, non immatriculée, non rapatriée,
Elle est en compagnie de son mari, Wolf DAVIDSON: 10/7/1904, Lodz, 1905 de Russie, nationalité belge, commerçant, domicilié Bakkerstraat, 51, Borgerhout,
puis, dès le 19/11/1941 à Deurne Jos. Verbovenlei, 38, interné à Malines le 1/2/1943, relâché de Malines le 13/9/1943 avec les mentions suivantes : « Aus M. entlassen. Grund ? anordnungen des Dienststelle Brüssel, ist schwer krank.
non déporté
Les enfants sont[2] :
Joseph DAVIDSON, 1/2/1929, Saint-Gilles, entrée à Malines le 16/9/1943, XXIIB/407,+,
Icchok DAVIDSON, 4/9/1933, Etterbeek, entré à Malines le 16/9/1943, XXIIb/438, +,
Anna Davidson, 18/5/1930, Borgerhout, entrée à Malines le 16/9/1943, XXIIb/419,
Source: S. LEISER WEINSTOCK
Lieu: Bruxelles
Date: avant-guerre
Copyright: Musée de la déportation
Ci-contre, à gauche :
Les funérailles du Général BERNHEIM
(héros de '14-18)
Le Roi ALBERT et le Prince CHARLES
ouvrent la marche.
Source: MJB
Lieu: Bruxelles
Date: 21/02/1931
Copyright: MJB/Photo Reportage Belge
Ci-contre, à droite :
Funérailles du Général
BERNHEIM
Le bourgmestre MAX et le
ministre Paul HYMANS
ouvrent le cortège
derrière le corbillard du
Général BERNHEIM.
Le Lieutenant-Général Louis Bernheim , né en 1861, fut commandant de la 1ère
division d'artillerie en 1914-1918 . Il était Grand cordon de l'Ordre de Léopold.
· Sous-lieutenant en 1880.
· Colonel en 1913.
· Lieutenant-général en 1915.
· Pensionné en 1923.
Il fut l’un des généraux belges les plus estimés pendant 14-18.
Source: MJB
Lieu: Bruxelles
Date: 21/02/1931
Copyright: MJB/Photo Reportage Belge
A gauche :
Le premier jour d'école juif à l'Aangenomen Israelitische Jongenschool "Jesoda Hatora", Lange Van Ruusbroekstraat, institué en 1910.
Sur la photo figurent la direction, les professeurs et tous les élèves dans la cour intérieure du bâtiment.
A l'extrême-gauche se trouve le professeur KLEERKOPER et juste derrière lui, on aperçoit le directeur de l'enseignement juif, Jossel FRIEDMAN. Les professeurs non-juifs se trouvent tout au bout, à droite.
Jozef (Jossel) FRIEDMANN était né le 5/1/1898 à Kreszow, Pologne. Il habitait Lange Herentalsestraat, 115, Antwerpen Il était Directeur pour la partie religieuse juive de l’école pour garçons Jesoda Hatorah[3] (Lange Van Ruusbroeckstraat, 22) de 1930 à l’été 1942. Le directeur non juif se nommait SANCTORUM.
Professeur de religion israélite à l’Athénée Royal de Berchem, du 27/3/1941 au 6/11/1942 (Remplaçant du professeur Hilfman, Il fut mis en disponibilité dès le 20/10/1942, suite à un arrêté du Ministère de l’Instruction publique, Direction de l’Enseignement moyen Il fut déporté par le convoi XVIII/366, le 15/1/1943, non immatriculé, +
Sa famille se composait de :
· FRIEDMANN Thérèse (fille), 15/4/1925, X/810, 15/9/1942, non immatriculée, +
· FRIEDMANN Miriam (fille), 7/9/1935, XVIII/368, 15/1/1943, non immatriculée, +
· FRIEDMANN Ruth (fille), 21/8/1939, XVIII/369, 15/1/1943, non immatriculée, +
· FRIEDMANN Max (fils), 28/6/1927, XVIII/370, 15/1/1943, non immatriculé, +
· FRIEDMANN Elieser (fils), 19/1/1929, XVIII/371, 15/1/1943, non immatriculé, +
· EHRENFELD Gisela (épouse), 18/10/1903, XVIII/367, 15/1/1943, non immatriculée, +
Lieu: Anvers Date: 1931-1932
Ci-contre, à droite :
Le magasin de couture "MAURIEN" ,
rue de Namur, 32.
Deux hommes et deux femmes sont
assis dans le salon de la boutique.
Source: MJB/don P.Levy
Lieu: Bruxelles
Date: 1913 Copyright: MJB
A gauche :
Membres du mouvement de jeunesse sioniste à l'école d'agriculture
(Haschara[4]), qu'ils ont fondée à Villers-la-Ville.
En 1931, la Hashara se trouvait à Enschede-Hengelo aux Pays-Bas.
(renseignements de Chiya GÄRTNER, 20/6/1913, qui y séjourna).
A la fin des années ’30, la Hashara était située à Villers-la-Ville.
Source: Sylvain BRACHFELD Lieu: Anvers Date: 1934
Ci-après : Portait d'un enfant juif, David BIBROWSKI, revêtu des parures
cultuelles, en vue de sa Bar-Mitsvah[5].
David BIBROWSKI est issu d’une famille sioniste, pas spécialement religieuse.
David, 29/1/1919, I/916, 4/8/1942, pas de mention du
matricule, +
Natan, 2/1/1925, I/100, 4/8/1942, pas de mention du
matricule, +
Tefillin: (Vient du mot hébreu Prière)
Il s’agit de deux petites boîtes quadrangulaires en cuir marquées de la lettre
Chin contenant quatre passages bibliques sur du parchemin que les hommes à
partir de 13 ans portent au bras gauche et sur la tête pendant l’office du matin
en semaine. La lanière de la tête se fixe par un noeud qui a la forme de la lettre
Dalet et celle du bras par un noeud qui a la forme de la lettre Youd. Chin, Dalet
et Youd forment le mot Chaddaï, l’un des noms de D…
Les quatres passages bibliques rappellent les points suivants :
- l’unité de D…
- l’acceptation des commandements divins
- la Providence de D…
- la confiance dans la Rédemption du monde
Tsitsit : (Textuellement : Frange)
C’est un sous-vêtement de laine ou de lin garni de franges aux quatre coins et
porté par les pratiquants, selon le commandement : « Qu’ils se fassent une
frange aux pans de leurs habits durant leurs générations ». La coutume veut que
les garçons portent le Tsitsit dès l’âge de trois ans, afin de se familiariser à
cette mitsvah (commandement). Une partie du commandement veut que chaque
frange ait un fil bleu. Le Tsitsit se porte uniquement le jour. Pendant la lecture
du Chema, la coutume veut que l’on sorte le Tsitsit aux paragraphes appropriés
et que l’on baise les franges à chaque mention du mot Tsitsit, afin de respecter
l’obligation de le regarder et ainsi de se souvenir de tous les commandements.
Tallit :
Châle rectangulaire à franges que l’on porte pendant certaines prières. La
bénédiction récitée lors du don du tallit est la suivante : « …Qui nous a
commandé de nous entourer du Tsitsit ». Après la bénédiction, la personne doit s’entourer complètement du Tallit, se couvrant la tête, et rester ainsi « le temps qu’il faut pour marcher la distance de quatre coudées », c-à-d. un peu moins de 2 m. A ce moment seulement, elle peut disposer le Tallit autour de ses épaules.
Seuls les hommes doivent porter le châle de prières, le port en étant limité à la
journée. Dans les communautés séfarades et européennes, tous les hommes
portent le Tallit, cependant, beaucoup d Juifs orientaux ne le portent pas avant le mariage. Même dans les communautés où l’on porte le Tallit avant le mariage, ce ne sont en général que les hommes mariés qui s’en couvrent la tête pendant les prières. En général, on porte le Tallit à chaque office du matin et à chaque office supplémentaire. A Yom Kippour, on met le Tallit pendant les cinq prières. Les jours où on porte les Tefillin, il faut mettre le Tallit avant les Tefillin. Lorsque les prêtres montent pour bénir le peuple, ils portent le Tallit sur la tête et sur les mains, parce que la Présence divine est présente sur leurs mains quand ils prononcent la bénédiction du peuple.
Idéalement, le Tallit doit être en laine, mais on peut en trouver en soie. Les
franges doivent être en laine, ou du même tissus que le vêtement. Chacun des
quatre coins du Tallit doit avoir une frange de 4 fils redoublés, soient 8 fils
noués d’une manière distincte, avec un des fils plus long que les 7 autres, enroulé autour d’eux et puis noué 2 fois. Traditionnellement, les rayures devaient être noires ou blanches, aujourd’hui on en trouve de couleurs, avec des motifs variés.
Aux USA, les femmes de divers mouvements le portent également.
Source: MJB/collection H.Bibrowski Date: 1933(?) Copyright: MJB/H.Bibrowski
Musée de la Déportation
Ci-contre, à gauche :
Portrait de 4 enfants juifs avec une brouette.
Il s'agit de Joseph (1/2/1929, XXIIB/407, décédé), Anna (18/5/1930, XXIIB/419, décédée), Icchok (4/9/1933, XXIIB/438, décédé) et Ida (27/10/1931, XXIIB/420, décédée) DAVIDSON.
Ce sont les enfants de Liebe SIGAL et de Wolf DAVIDSON :
Joseph , 1/2/1929, Saint-Gilles, entrée à Malines le 16/9/1943, XXIIB/407,+,
Icchok , 4/9/1933, Etterbeek, entré à Malines le 16/9/1943, XXIIb/438, +,
Anna , 18/5/1930, Borgerhout, entrée à Malines le 16/9/1943, XXIIb/419, +
Lieu: Bornhem
Date: avant-guerre
Copyright: Musée de la déportation
Ci-dessus :
Lucien BEHR (1869-1943) à Arlon en 1934 - ministre officiant du 12/10/1912 à 1942.
Nous le voyons assis dans un jardin, avec un bébé sur les bras.
C’est un des déportés les plus âgés.Né à Neuvillez le, 4/10/1869, fils de Fromel BEHR (Neuvillez, 1826) et de Adèle HERMAN (Brumat, ?). Epoux de Julie HOENEL (Minversheim, 24/6/1871, XX/1269, 194/1943). Arrivé en Belgique le 15/10/1912, il était domicilié Rue de Neufchâteau, 26, à Arlon. De nationalité française. Sur Fiche SD : Stl. Il fut Ministre officiant pour la Communauté Israélite de Luxembourg. Inscrit au registre des Juifs d’Arlon le 28/11/1940 Le groupe se composait de membres de plusieurs organisations de jeunesse.
Il fut amené à Auschwitz par le XXème convoi, au sein duquel il était inscrit sous le numéro 1268.
Source: MJB/don Charles Behr - Paris
Lieu: Arlon
Date: 1934
Copyright: MJB
Ci-contre, à gauche :
La Villa Altol, à Kappelenbosch, qui fut offerte par Alter TOLKOWSKY à la Centrale Sociale juive d'Anvers dans
les années '20.
Le couple à l'avant-plan est formé de Salomé et Maurice TOLKOWSKY.
Cette villa constituait une colonie de vacances en plein
air pour les enfants. Au cours des périodes scolaires, elle accueillait
également des personnes âgées et des femmes accompagnées de jeunes enfants qui devaient passer quelques temps au grand air
(pré-tuberculose).
La famille TOLKOWSKY est arrivée à Anvers à la fin du siècle dernier (entre 1880 et 1900) dans le milieu diamantaire. En 1914, Emmanuel TOLKOWSKY, officier, participa à la guerre.
Aux côtés du Prof. Nico Gunzburg, les TOLKOWSKY (Is. Et Salomé) figuraient parmi les membres dirigeants de la “Centrale” (Administration centrale de Bienfaisance juive), fondée en 1920. Les objectifs de la “Centrale” étaient l’organisation, la centralisation et le contrôle de la charité publique et privée à Anvers.
En 1923, Salomé et Maurice TOLKOWSKY fondèrent la villa ALTOL.
Avant la guerre 14-18, l’ « Oeuvre du Grand Air » était une sous-section de la « Villa Johanna », une association juive bruxelloise, qui accueillait des enfants maladifs dans la « Villa Johanna » à Middelkerke. Au même moment, Anvers insista pour la fondation d’une association indépendante, ce qui fut contrarié par le début des hostilités.
La « Centrale » fut créée le 7/2/1920. En avril, elle exigea l’adhésion de l’ « Oeuvre du Grand Air ». La fermeture de la Villa Johanna ainsi que la nécessité croissante d’accueil des enfants malades donnèrent lieu à un rapprochement entre la Centrale et les familles TOLKOWSKY-ELBAUMBANDAS (soutien financier) La Centrale chargea alors l’ « Oeuvre du Grand Air »
de transformer la villa en une colonie de vacances pour enfants malades ou faibles. Dès 1923, un Comité fut créé avec la mission de règler les statuts de cette réalisation et de mener à bien les travaux de construction, avec pour impératif l’entrée en fonction de la villa la même année. Les trois familles ont financé intégralement la construction de ce bâtiment. 50 autres familles financèrent l’achat du mobilier. Les travaux furent dirigés par l’architecte DE LANGE, tandis que Nico GNZBURG se chargeait de résoudre les problèmes juridiques.
Salomon TOLKOWSKY mourrut pendant les travaux. Le 29 juillet 1923, la villa était terminée. 37 lits étaient disponibles. Le premier appel enregistra la candidature de 84 familles : 44 garçons et 40 filles. La première colonie se tint du 1 au 17 août (37 filles), la seconde, du 22 août au 9 septembre (37 garçons) et la troisième, du 14 septembre au 7 octobre (33 garçons). Dès sa
création, le succès est remarquable, tant du côté des candidatures que du côté des donations. Durant l’été 1924, une nouvelle salle de jeux et de gymnastique fut rajoutée. Le but de cette institution était de procurer des vacances agréables dans un environnement sain à des enfants dans le besoin, ainsi que d’administrer des soins médicaux adéquats à certains d’entre eux au sein
d’instituts spécialisés ou de sanatoriums.
En 1945, la Villa servit de lieu d’accueil pour les rapatriés malades.
Source: Sylvain BRACHFELD Lieu: Anvers Date: 16/9/1934
Ci-dessus :
Groupe d'enfants en vacances à la Villa Altol. Ils suivent des cours en plein air.
Sur le tableau, on peut lire: "Openluchtschool "Villa Altol" - Zomerkolonie - Juni
1937".
Source: Sylvain BRACHFELD
Lieu: Anvers
Date: juin 1937
3. La montée des extrémismes et du nazisme[6]
Dans le Reich :
Plusieurs facteurs peuvent expliquer partiellement l'avènement du nazisme en
Allemagne :
1 °) La thèse du coup de couteau dans le dos : Les Allemands qui ont dû capituler
sans condition au lendemain de 14-18 attribuent leur défaite à la révolution
allemande qu'ils associent à une trahison des communistes (parmi ceux-ci,
beaucoup de Juifs, entre autre Rosa Luxemburg et Charles Liebknecht);
2°) Le Traité de Versailles est ressenti comme un véritable «Diktat»
(redéfinition des frontières, réparations exorbitantes, limitation de l'armée à
100.000 hommes,...). Il constitue une humiliation flagrante de l'Allemagne
vaincue.
3°) Le krach boursier de 1929 atteint l'Allemagne en 1931-32. La crise y est
terrible, les mouvements de grève se développent.
Cette conjonction d'éléments constitue un ferment pour le développement de
mouvement d'extrême-droite, mais il faut relativiser l'explication trop
économique de l'émergence du nazisme, car la crise touche l'ensemble de
l'Europe à cette époque, mais tous les Etats ne développent pas un tel régime.
1919 - Drexier crée le Deutsche Arbeiter Partei. Hitler y adhère.
1920-21 - Hitler évince Drexier et crée le NSDAP (National-Sozialistische
Deutsche Arbeiter Partei).
Suite au Putsch manqué de Munich, en novembre 1923, Hitler est condamné à 5
ans de prison, mais il ne sera interné que 8 mois, à Landsberg. C'est à cette
occasion qu'il rédigera «Mein Kampf», recueil confus d'éléments biographiques
et de bribes d'idées politiques (reprise d'idées issues de divers courants de
pensée, depuis l'extrême-gauche à l'extrême-droite, avec une interprétation
néo-darwiniste du monde, c'est-à-dire que les Aryens sont appelés à régner en
«seigneurs» sur le monde, les autres peuples sont destinés soit à l'esclavage
(Slaves et Polonais) soit à l'élimination physique de la surface de la terre (Juifs).
En 1925, il recommence le parti nazi et se lance dans la lutte électorale.
1928: 2,6%
1930: 18,3%
1932: 36,8% (contre 53% pour Hindenburg)
1932: 37,3% (parti le plus important au Reichstag, plus d'un Allemand sur trois vote pour Hitler)
1932: 33,1% (recul)
30/1/1933 : Hitler devient Chancelier du Reich
Dès son arrivée au pouvoir, Hitler ouvre Dachau (31/03/1933), le premier camp
de concentration. Il fait le vide avec beaucoup d'efficacité au sein des rangs de
ses adversaires politiques : communistes, socialistes, démocrates, intellectuels,
syndicalistes, ...
De 1933 à 1939, ce sont ainsi plus de 30.000 «opposants»
allemands qui seront enfermés dans les camps de concentration du Reich.
Le premier avril 1933, la SA mène activement le boycott des commerces juifs.
Ensuite, ce seront les artistes, écrivains qui seront la cible de la violence du
régime. En mai 1933, la SA organise des autodafés d'oeuvres dites « dégénérées »
(S. Freud, B.Bettelheim, A.Einstein, B.Brecht, H. Heine, G. Mahler, Mendelsohn,
V. Kandinski, E. Mùnch, K. Marx,...).
Au cours de l'année 1934, Hitler cumule les fonctions de Chancelier et de
Président. Il est dès lors tout puissant. En 1935, il édicté les «Lois de
Nuremberg», lois raciales qui font des Juifs des citoyens de deuxième classe et
leur interdisent les relations sexuelles avec des aryens. La discrimination raciale
est désormais inscrite dans des textes légaux, appliqués avec zèle par les
tribunaux du Reich.
Suite à l'Anschluss, la population juive du Reich se trouve augmentée. Le Reich
vise alors à forcer l'émigration des Juifs hors du Reich. Si ceux-ci optaient pour
cette solution, c'était bien entendu en abandonnant tous leurs biens derrière
eux, biens récupérés par le Reich. On fit imprimer la lettre «J» sur les
passeports des Juifs afin de les identifier.
La nuit du 9 au 10 novembre 1938, un pogrom apparemment spontané de la part
de la population (en réalité commandité par Goebbels) touche l'ensemble du
Reich.
Au cours de la «Nuit de Cristal», plus de 7.500 commerces juifs sont
pillés et saccagés, près de 200 synagogues sont incendiées et 91 Juifs
trouveront la mort. Le gouvernement allemand interdit alors aux compagnies
d'assurance de rembourser les victimes juives et décide en outre d'infliger une
amende d'un milliard de Reichmark à la communauté juive du Reich. Pour montrer
sa détermination, 26.000 Juifs sont arrêtés et envoyés en camp de
concentration, pour la plupart vers Buchenwald. Ils doubleront en 1938 la
population totale internée de 1933 à 1938 dans l'ensemble des camps de
concentration. Le but poursuivi par le Reich est encore de pousser l'émigration
des Juifs du Reich. Aussi, ces prisonniers juifs sont tout simplement relâchés
lorsqu'ils acceptent de quitter le territoire du Reich, encore une fois en
abandonnant tous leurs biens à l'Etat. Cependant, l'émigration ne sera pas facile,
puisqu'au même moment, la Conférence d'Evian, chargée de trouver des solutions
au sort des réfugiés, s'est clôturée sur le résultat que «Personne ne veut
d'eux».
En Belgique
C'est également dans un contexte de crise économique, d'inflation et de grèves
que les mouvements d'extrême-droite en Belgique vont se développer et entrer
dans la lutte électorale.
Le rexisme :
Né dans les cercles catholiques francophones proches de l'Université de Louvain,
ce parti n'a pas de programme bien défini. Il se contente au départ de dénoncer
les magouilles politiques et les scandales qui touchent les partis démocratiques.
Avec «100% catholique» comme devise, Rex, profitant de l'accusation de
corruption lancée contre plusieurs grands leaders du parti catholique, obtient 21
sièges aux élections de 1936. Cependant, Rex s'écroulera aux élections de 1937
pour 3 raisons :
- Degrelle conclut un accord avec le VNV en 1936. Ses électeurs
francophones, et pour certains, patriotes, l'ont alors désapprouvé et ont
quitté les rangs du parti.
- Van Zeeland monte un front de tous les partis démocratiques pour stopper
le fascisme.
- Le Cardinal Van Roey appelle tous les chrétiens, et ils sont nombreux au
sein de Rex, à voter pour cette coalition.
Le VNV :
Né en 1933, il constitue une radicalisation du Frontisme. La question linguistique
y tient une grande importance, ainsi que l'exigence d'une Flandre indépendante.
La composante catholique y est également très présente, bien que le clergé,
attaché à la monarchie désapprouve le mouvement antibelgiciste. Le leader du
VNV, Staf de Clercq (mort en 1942) attirait dans son électoral les petits
paysans, la classe moyenne qui subissait la crise de plein fouet. Les résultats
électoraux du VNV étaient beaucoup plus stables que ceux obtenus par Rex.
La composante antisémite faisait partie intégrante des idées de ces mouvements.
Les thèmes fréquemment repris par la propagande d'extrême-droite concilient
des thèmes contradictoires : le Juif est accusé d'être le capitaliste sans coeur
qui exploite les pauvres ouvriers, mais il est également accusé d'être le
communiste qui met en danger la bonne marche de la société.
Finalement, il y a un Juif derrière tout ce qui ne tourne pas rond dans la société.
La conjonction de ces thèmes permet de rogner une frange des électorals tant
de gauche que de droite. Dans ce contexte, la Belgique restait fidèle à sa
tradition de pays d'accueil. Nombre de Juifs victimes de l'émigration forcée du
Reich y trouvèrent refuge. Comme le statut de réfugié politique n'existait pas à
ce moment, ces Juifs expulsés du Reich étaient internés dans des centres de
rééducation par le travail ou dans des colonies pénitentiaires pour petits
délinquants tels que Merxplas ou Mameffe (ex.: passeport où le domicile est
Mameffe).
Ainsi, l'épisode du St-Louis…
Ce navire quitta le port de Hambourg, emportant à son bord 900 émigrés juifs à destination de Cuba. Suite au refus du consul de leur délivrer les passeports promis, il fit route vers les Etats-Unis, où là encore, on leur refusa de débarquer. Le bateau revint à Hambourg, il ne put y faire escale.
Finalement, 4 pays acceptèrent d'accueillir les réfugiés : la Belgique
(250), les Pays-Bas (250), la France (250) et la Grande-Bretagne (150). Le
périple en mer du St-Louis dura plusieurs mois.
Montée des extrémismes et du nazisme
Documents exposés
Ci-contre, à gauche :
Achter alles staat de Jood!
Affiche de propagande.
Entre des tentures aux couleurs de la
Grande-Bretagne, des Etats-Unis
d'Amérique et de l'Union soviétique, on
aperçoit un gros Juif vêtu de noir et portant
une étoile de David en or à son gousset.
Source: Sylvain BRACHFELD
Date: décembre 1943
Auteur: DANIEL? (signature illisible)
A droite :
Le complot juif contre l'Europe
John Bull serre la main de Staline, ils
écrasent l'Europe de leurs bottes.
Source: CREHSGM
A gauche :
Das jüdische Komplott
Affiche de propagande antisémite et antibolchevique, prenant pour cible des personnalités politiques telles que ROOSEVELT, STALINE et CHURCHILL, pour ne citer que les plus connues.
Source: M. POLLAK Copyright: Musée de la Déportation
Exposition - Bruxelles Cinquantenaire, du 5/3 au 26/4/43,
"Voici les Soviets"
Caricature du soldat soviètique à l'avant-plan, caricature du Juif à l'arrière plan.
Source: CREHSGM
Lieu: Bruxelles
Date: 1943
Copyright: CREHSGM
Ersatzkommando der Waffen-SS
affiche de propagande.
Un dragon juif et communiste se fait terrasser par un
guerrier allemand. Le sigle "SS" est enfoncé dans son
flanc.
Source: Sylvain BRACHFELD
Lieu: Anvers Date: janvier 1944 Auteur: T.BERTAU, SS-W.
Copyright: Musée de la Déportation
Ci-dessus :
Avec un groupe de SA, HIMMLER, porte-drapeau, garde les barricades devant le
Ministère de la Guerre
Source: Yad Vashem
Source publiée: Pictorial History of the Holocaust, p. 22, photo n° 9
Lieu: Munich
Date: 9/11/1923
Copyright: Yad Vashem
Ci-contre à gauche :
Des membres de la SA font de la propagande antisémite le "jour du boycot".
Ils arborent une pancarte portant
"Deutsche, kauft nicht bei Juden".
„Allemands, n’achetez pas chez les Juifs“.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Allemagne
Date: 1933 Copyright: Yad Vashem
Ci-contre :
La synagogue de l'Oranienburgerstraße
à Berlin, mise en feu lors de la Nuit de
Cristal, le 10 novembre 1938.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Berlin
Date: 10/11/1938
Copyright: Yad Vashem
A droite :
Une synagogue brûlant durant la Nuit
de Cristal, le 10/11/1938. La fumée
s'échappe par le vitrail en forme
d'étoile de David.
Source: MJB
Lieu: Allemagne
Date: 10/11/1938
Copyright: MJB
Ci-dessus :
Vue de la synagogue de Worms le matin du 10 novembre 1938.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Worms
Date: 10/11/1938
copyright: Yad Vashem
A gauche :
Vue de la synagogue de Baden-Baden
en feu lors de la Nuit de Cristal, le
10/11/1938.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Baden-Baden
Date: 10/11/1938
Copyright: Yad Vashem
Ci-dessus : Description: Des Juifs de Baden-Baden sont emmenés en camp de
concentration, dans ce cas, Buchenwald.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Baden-Baden
Date: novembre 1938
Copyright: Yad Vashem
A droite :
les commerçants juifs balaient le pavé devant
leurs boutiques dévastées lors de la Kristallnacht
à Berlin.
Source: Le Soir
Lieu: Berlin
Date: 1938
Copyright: BELGA pour EPA
Ci-dessus :
Membres de la milice du VNV saluant leur chef Staf de CLERCQ au Congrès de
Kester, 1934
Source: Le Soir 10/10/1996
Source publiée: “Les Années ’30 en Belgique” - CGER, p.91/2
Lieu: Kester
Date: 1934
Copyright: Le Soir
A gauche :
Met Staf De Clercq Vooruit!
Avec Staf De Clercq, en avant !
Affiche de propagande électorale appelant à voter
pour Staf de CLERCQ, leader du VNV.
Source: AMVC
Source publiée: “Les Années ’30 en Belgique” - CGER,
p.91/1 Date: 1936 Copyright: AMVC
Ci-dessus :
toute-boîte (14*22 cm)
invitation à assister à une "Strijd-vergadering" animée par VAN MELE, RAYERS
et Lode WELTER. Le thème est la lutte contre le judaïsme.
Source: Nathan RAMET
Source publiée: VBJO, postbus 266, Antwerpen
Lieu: Anvers
Date: avril 1939(?) Copyright: Musée de la Déportation
Ci contre : Lors des “Six Jours de Rex” au Palais des Sports, vue de la salle où la foule s’est amassée.
Source: BRTN - J. VERHAEGHE
Source publiée: “Les Années ’30 en
Belgique” - CGER, p.94/1
Lieu: Bruxelles Date: 1937 Copyright: BRTN - J. VERHAEGHE
Ci-dessus :
Protestation des Juifs contre la campagne anti-sémite menée en Allemagne.
Description: kiosque à journaux où, entre les magazines, on voit une affiche
ayant pour slogan "Judea boycoteerd Deutschland". Sous le slogan, on voit un
jeune athlète juif qui envoie au diable une pièce de 5 Marks. L'étoile de David
s'oppose victorieusement à la croix gammée.
Campagne de protestation des Juifs contre le traitement qui était infligé à leurs
coreligionnaires en Allemagne.
Source: M.J.B.
Autre lieu de conservation: Le Soir
Source publiée: Le Soir, 26/2/1990
Lieu: Anvers / Date: 1933 / Copyright: MJB
Manifestation du 1er Mai 1938.
Description: des Juifs défilent dans les rues avec des pancartes portant
"À bas le fascisme et l'antisémitisme", "Pour une immigration libre en Palestine".
Source: M.J.B. Lieu: Bruxelles Date: 1/5/1938 Copyright: MJB
Ci-contre :
tract imprimé recto-verso
appel au boycot des films et
marchandises allemands,
tract édité par VEVA,
bilingue Yiddish-néerlandais.
Texte:
“Volksactie tegen de
boycotbrekers!
Op 25,26 en 27
December e.k. zal het
Antwerpsche Jodendom zich
uitspreken in het door het
VEVA ingerichte
VOLKSREFERENDUM
betreffende de RADIKALE
DOORVOERING VAN DEN
BOYCOT TEGEN Hitler-
Duitschland.
Thans is het oogenblik aangebroken om de Jooodsche rangen te
zuiveren van ale ongure elementen die voor geld hun volk verraden.”
Au verso, on mentionne les salles de cinémas qui projettent des films allemands
et une liste de tous les produits allemands est publiée.
Source: Musée Erasme Anderlecht
Source publiée: VEVA - Drukkerij A. ROTMAN
Lieu: Anvers
Date: novembre-décembre 1938
Copyright: Musée Erasme
A gauche :
Le problème des réfugiés
israélites :l'aide apportée
par la Belgique se fait aussi
active que possible.
Notamment, il a été mis à la
disposition des réfugiés deux
pavillons de la Colonie de
rééducation de MERXPLAS.
Leçon d'épandage du fumier
à l'école fermière.
Source: CREHSGM
Lieu: Merxplas / Date: 1939 / Copyright: CREHSGM/Actualit, rue de Loxum, 2
Ci-contre :
Spectacle dans un camp de réfugiés en
1939.
photo d'un spectacle organisé par des
réfugiés juifs. Le spectacle était destiné à
récolter des fonds pour venir en aide à ces
réfugiés.
Source: M.J.B.
Source publiée: journal "Belgique - terre
d'accueil".
Date: 1939
Copyright: MJB
la montée du nazisme
autodafé de livres d'auteurs nonaryens
ou dont les idées diffèrent
trop des doctrines nazies.
Source: Le Soir
Source publiée: The rise and fall of
the Nazi Party - Part I: The growth
of the Nazi Party
Lieu: Allemagne/(?)
Date: 1933
Ci-dessus :
Humiliation : un couple mixte (une aryenne et un Juif) est livré à l'opprobre
publique en Allemagne. Les malheureux sont entourés de gardes nazis qui leur ont
pendu des pancartes autour du cou: "Ich bin am Ort das grösste Schwein und
lass mich nur mit Juden ein!" et "Ich nehm als Judenjunge immer nur deutsche
Mädchen mit aufs Zimmer!"
Source: Le Soir Autre lieu de conservation: Yad Vashem/ Source publiée: Yad Vashem Lieu: Allemagne/Hambourg / Date: 1935
Copyright: Isopress-Sénépart pour Interpress-Paris. Yad Vashem
L’épopée du « Saint-Louis »
La fin du voyage des "Juifs errants" : à côté des réfugiés juifs, les membres de
l'équipage du "Saint-Louis" font le salut hitlérien.
Le navire qui, depuis deux mois, vogue à travers le monde avec son chargement
de réfugiés juifs est arrivé ce matin à Anvers.
Source: CREHSGM
Lieu: Anvers
Date: 17/6/1939
Copyright: CREHSGM/Actualit, rue de Loxum, 2
Description: débarquement de
quelques réfugiés.
Source: CREHSGM
Lieu: Anvers
Date: 18/6/1939
Copyright: CREHSGM/Actualit,
rue de Loxum, 2
Le peuple fait un triomphe au Führer lors du “Reichsparteitag”. Une foule dense
salue son chef.
Source: Das Ehrenbuch des Führers, 1933, Düsseldorf
Source publiée: Das Ehrenbuch des Führers, 1933, Düsseldorf Photo n° 102 -
Nürnberg, 1933
Lieu: Nuremberg
Date: Reichsparteitag
Bruxelles, 22 mars 1933. L'ambassade d'Allemagne, rue Belliard, arbore le
drapeau à la croix gammée.
Source: Le Soir Lieu: Bruxelles Date: 22/3/1933 Copyright: Actualit
4°. Mise en œuvre de la « solution finale »
Les Judenaktionen[7]
Dès 1941, des escadrons mobiles de tueries massacreront quasi exclusivement des Juifs, surtout des femmes et des enfants (Exemple : Rapport du Groupe A, 25/10/1941 : 135.567 victimes, dont 118.430 Juifs).
Les rapports de ces Einsatzgruppen traduisent très clairement cette situation. Les relevés d'«Actions spéciales» font de plus en plus fréquemment mention de tueries à cinq chiffres.
Les SS-Einsatzgruppen, contrairement à ce que leur nom laisse entendre, n'étaient pas exclusivement composés de SS. Ils recrutaient aussi des membres de bataillons de police de réserve, des militaires de la Wehrmacht, des Hitlerjugend, ... et aussi des Hiwis (Hilfswilliger), des volontaires locaux lettons, lituaniens, ukrainiens et biélorusses. Ces groupes, qui étaient composés de 500 à 3.000 hommes, suivaient la ligne de front plusieurs kilomètres en arrière et passaient les territoires nouvellement conquis au crible, afin d'arrêter et de supprimer les
communistes, les partisans et, dès l'automne 1941, principalement les Juifs.
Les Judenaktionen se déroulaient généralement avec une extrême violence. Les Juifs arrêtés étaient insultés, humiliés, battus, voire tués sur place. Ensuite, ils étaient souvent parqués sur les places, dans les cours d'école, dans les synagogues, le temps que la ville ou le village soit
nettoyé de ses Juifs. L'étape suivante, ils étaient amenés dans un endroit (clairière, fossé, ravin,...) où ils étaient fusillés méthodiquement, souvent après avoir été contraints de creuser eux-mêmes les fosses dans lesquelles leurs cadavres dévaleraient. Les hommes de l'escadron mobile de tuerie se scindaient en quatre groupes :
- le premier dressait un cordon de sécurité autour de la zone des
massacres, afin que nul ne puisse s'enfuir ;
- le second fusillait les Juifs amenés devant eux par petits groupes
successifs ;
- le troisième s'occupait de recharger les mitraillettes.
- un groupe de suppléants restait au repos et prenait le relais lors de la
rotation.
Ces opérations constituaient un véritable travail à la chaîne, dont l'efficacité est établie par l'«Action spéciale» menée par le Groupe C (+/-2.000 hommes) à Babi Yar, près de Kiev, les 29 et 30 septembre 1941 :
33.771 Juifs exécutés en seulement 2 jours.
Différentes théories ont été émises afin d'expliquer le comportement des tueurs :
1°) Au cours des procès, la défense des criminels nazis prétend qu'ils n'avaient fait qu'exécuter les ordres reçus, toute désobéissance étant proscrite, puisque donnant lieu à de lourdes sanctions. Le leitmotiv étaitalors : « On n'avait pas le choix ».
2°) Stanley Milgram, psychiatre américain, émet sa théorie sur l'obéissance à l'autorité (cf. : «I comme Icare»). Il arrive aux conclusions que l'obéissance augmente avec le degré d'autorité incarné par le donneur d'ordres
3°) On a souvent avancé l'idée d'un peuple allemand conditionné par le nazisme, surestimant ainsi le rôle de la propagande, de l'éducation et de l'embrigadement.
4°) Christopher Browning, étudiant spécifiquement un Einsatzgruppe (Bataillons de policiers de réserve), s'aperçoit que le comportement de ces hommes n'est nullement conditionné par la propagande nazie, et démontre surtout que nul n'était forcé de participer aux «Judenaktion».
Avant chaque tuerie, le commandant de l'escadron devait demander à ses hommes si certains souhaitaient en être dispensés. Cette exemption n'était suivie d'aucun blâme ni d'aucune punition d'aucune sorte. Le pourcentage de ceux qui refusaient de participer à une tuerie, soit dès la
première fois, soit après y avoir déjà participé, est inférieur à 10%.
L'explication donnée par Browning à ce comportement réside dans le conformisme social, la pression du groupe. Fournissant une analyse sociographique des hommes du 101ème bataillon de réserve, Browning définit ses membres comme des «hommes ordinaires», une photographie
fidèle de la société masculine allemande du moment.
5°) Goldhagen, poussant plus loin l'analyse de Browning, développe la thèse selon laquelle le génocide des Juifs a pu être mené à bien par le régime nazi grâce à l'acceptation de ce projet par la population allemande dans son ensemble. Plus que de l'indifférence, il met la participation de chaque échelon de la société allemande en évidence. Même si cette société désapprouvait Hitler sur certains points de sa politique (façon de menée la guerre, politique économique,...) et réagissait suffisamment énergiquement pour le forcer à stopper certains projets (T4), il n'y a eu
aucune réaction de désapprobation en ce qui concerne la politique antijuive.
Donc, dans l'ensemble, les Allemands ont approuvé le génocide, ils apparaissent à Goldhagen comme «les bourreaux volontaires de Hitler».
Les centres de mise à mort
Arrivés à Birkenau, les déportés juifs devaient descendre des trains, abandonnant derrière eux tous les biens qu'ils avaient pu emporter. Ils subissaient ensuite la sélection, au cours de laquelle, selon les besoins du camp, les SS choisissaient qui aurait le droit de vivre et qui serait gazé.
Les enfants, les femmes qui les accompagnaient et les vieillards étaient dirigés sauf exception vers la chambre à gaz. La résistance à Auschwitz-Birkenau a réussi à fixer deux moments de l'extermination de Juifs hongrois. Les photos ont été prises clandestinement par un Juif grec
membre du «Sonderkommando» chargé de l'intendance de la mort. La première montre des femmes juives hongroises dirigées vers la chambre à gaz. La seconde montre l'incinération en plein air des victimes, à une époque tardive (été '44) alors que les crématoires, submergés par une
trop grande affluence, ne pouvaient plus assurer pleinement leur fonction.
Le gazage
Les premières expériences visant à tuer par les gaz remontent à 1934, avec l'élimination des malades mentaux ou incurables dans le Reich. Mais cette méthode ne fut pas immédiatement appliquée dans la Solution finale. En Union soviétique, dès l'automne 1941, ce sont les
Einsatzgruppen qui exécutent «la lourde tâche de faire disparaître ce peuple (Les Juifs) de la terre». Ces petits groupes de tueurs suivent la ligne de front de quelques kilomètres et ratissent systématiquement les villes et villages traversés, ils rassemblent la population juive à l'écart
des habitations et l'exécutent par balles. Les Einsatzgruppen sont d'une efficacité remarquable dans le cas de petites communautés juives (- de50.000 personnes), mais cette technique pose problème lorsqu'il s'agit de grandes villes, de grands ghettos, de pays éloignés où l'on ne peut,
politiquement, procéder de la sorte. Dès lors, au lieu d'amener les tueurs aux victimes, on amène les victimes aux tueurs, dans les centres de mise à mort. Là, les Juifs seront exterminés par les gaz, soit dans des camions à gaz, soit dans des chambres à gaz. Le centre de mise à mort ne constitue pas une évolution technique par rapport aux Einsatzgruppen, puisque les deux systèmes vont coexister tout en restant chacun circonscrit dans l'un ou l'autre cas.
C'est la technique du gazage qui va connaître de multiples modifications d'ordre technique: des camions à gaz, jugé trop peu efficaces, on arrivera au gazage par le Zyklon B (acide prussique) qui supprime tout contact direct entre les victimes et les tueurs et accroît l'efficacité de
l'extermination, planifiée, organisée et menée à une échelle industrielle.
Il ne faut pas confondre centres de mise à mort avec camps de concentration.
Le centre de mise à mort n'est pas un camp, puisqu'on n'y interne pas de «travailleurs».
Une fois sa zone de dépendance «Judenrein», le centre de mise à mort n'a plus de raison d'être, il ferme ses portes. (Ex.: Majdanek, après le nettoyage du ghetto de Lublin, Treblinka, après la
liquidation du ghetto de Varsovie) Taux de survie : près de 0%. Ne sont que 6, tous en Pologne:
Belzec
Birkenau
Chelmno
Majdanek
Sobibor
Treblinka
Le camp de concentration a une vocation de camp de redressement et de rééducation. Il ne ferme ses portes qu'avec la défaite allemande. Taux de survie: entre 60 et 40% selon les camps. Sont innombrables, disséminés partout dans les territoires conquis par le Reich.
La définition du génocide
Aujourd'hui, le terme, qui a pourtant été inventé en 1944, par Lemkin, un juriste, pour décrire le sort réservé aux Juifs par les nazis, perd de son sens. Il est utilisé à tort et à travers pour décrire tout et n'importe quoi.
Ainsi, par exemple :
• Lorsqu'on évoque les massacres des Indiens d'Amérique et la forte mortalité, due aux maladies amenées par les conquérants qui ont décimé leurs tribus, certains utilisent le mot «génocide».
• Lors de la fermeture des mines dans le Borinage, on a parlé du «génocide des mineurs borains».
• Les campagnes anti-avortement aux Etats-Unis accusent celles qui ont recours à l'I.V.G. de perpétrer un «génocide».
• La crise de la vache folle ou l'épidémie de fièvre aphteuse donne lieu, selon les médias, à un « génocide des bovins ».
• Le nettoyage ethnique en Ex-Yougoslavie a lui aussi été qualifié de «génocide».
Il ne s'agit pas ici de minimiser les souffrances d'autres peuples, mais bien de rendre au terme son sens premier, afin qu'il ne soit pas vidé de son essence. Le génocide se définit par 4 conditions :
1) II existe une volonté affirmée ouvertement de faire disparaître un peuple/groupe ethnique de la surface de la terre, et ce, jusqu'à son dernier représentant, (ex-terminer signifie bien éliminer jusqu'au dernier)
2) On tue sans aucun mobile économique ni territorial. On ne tue pas pour avoir plus, mais bien pour être plus. Une fois le groupe abhorré exterminé, on pense qu'on aura plus de valeur humaine, plus de pureté.
3) II ne s'agit pas de tuer pour faire fuir des membres d'un peuple ou d'une ethnie du territoire qu'ils occupent. Au contraire, il s'agit de les empêcher de fuir afin de les tuer tous . Ce qui implique la fermeture des frontières et les tueries gardées secrètes.
4) L'enfant et la femme sont les cibles privilégiées du génocide. Ce sont eux qui, malgré le fait qu'ils ont un degré de dangerosité quasi-nul, figurent de manière majoritaire au sein des victimes.
Cette définition n'exclut pas le fait que d'autres génocides aient pu être perpétrés sur d'autres groupes que les Juifs. Elle intègre également les événements récents survenus au Rwanda-Burundi, ou plus anciens, en Arménie.
Les tziganes:
Les tziganes, partout où ils étaient arrêtés en Europe, suivaient le flux majoritaire des déportés de la zone géographique où ils avaient été arrêtés (exemple: Tchécoslovaquie: vers Terezin, Autriche, vers Mauthausen,...). En Belgique, le plus grand nombre de déportés étant celui
des Juifs dirigés vers Auschwitz, les tziganes suivirent le même itinéraire. Cependant, il n'existait pas de plan d'extermination systématique concernant ces derniers. Tous sans exception, du plus jeune au plus âgé, étaient immatriculés à Auschwitz. La plus jeune déportée de Belgique, Jacqueline Vadoche, née lors de l'internement de sa mère à Malines, à son arrivée à Auschwitz, recevra le n° de matricule Z9852.
Elle n'avait que 38 jours. Elle mourra après 3 mois .
Leur statut à Auschwitz-Birkenau était particulier: sauf exception, ils n'étaient pas tondus, ne
portaient pas l'uniforme rayé, n'étaient pas astreints au travail concentrationnaire, les familles tziganes n'étaient pas séparées et ne subissaient pas la sélection à l'arrivée du transport. Cependant, ils étaient entassés dans le «Camp des Familles» où les conditions d'hygiène et de
ravitaillement étaient épouvantables. Le «Camp des Familles» était un véritable mouroir. C'est ainsi que lorsque les armées soviétiques approchaient d'Auschwitz-Birkenau, le commandant du camp prit la décision de ne pas inclure les tziganes dans les évacuations. Sur simple décision administrative, le «Camp des Familles» fut liquidé dans les chambres à gaz en une seule nuit (15/01/1945). Sur 21.000 tziganes internés à Auschwitz, seuls 4.000 sont encore en vie au moment où on décide de liquider le «camp des familles» jugé inutile. Ils furent gazés en
une seule nuit par suite d'une décision administrative. Des 351 tziganes déportés de Belgique, il y n'aura que 13 survivants. 219.700 dans les camps et 16.700 tués (selon Puxton)
Les enfants, cible du génocide
II y a génocide lorsque la cible privilégiée est l'enfant et la mère. En privant un peuple de ses enfants et de ses mères, on lui ôte son futur. En Belgique, ce sont quelques 5.000 enfants de moins de 13 ans qui périront à Auschwitz. Ils seront tous dirigés vers les chambres à gaz dès leur
arrivée.
Les familles détruites
Sur 25.257 déportés, seuls 1.207 seront rapatriés d'Auschwitz.
La mise en œuvre de la « Solution Finale » :
Documents exposés
Scène du transport des
bagages sur la rampe
d'Auschwitz-Birkenau, par
les détenus du "Canada". Les
déportés qui arrivaient à
Auschwitz devaient
abandonner tous leurs biens
sur le quai. Après la
sélection, leurs bagages
étaient apportés au
"Canada" du camp, où ils étaient triés en vue d'être envoyés aux
Allemands dans le Reich. Les nazis du camp se servaient abondamment
dans les réserves de ce Kommando.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
The world must know, Michael BERENBAUM
Lieu: Auschwitz-Birkenau
Date: printemps 1944
Copyright: Yad Vashem
La gare à Auschwitz-Birkenau.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Auschwitz
Copyright: Yad Vashem
La sélection sur la rampe d'Auschwitz-Birkenau. L'ordre était donné aux
Juifs de former deux groupes, l'un se composant des femmes et des
enfants, l'autre, des hommes. Ceux qui semblaient assez solides pour
travailler dans le camp entraient alors dans le monde concentrationnaire
et donc dans le cycle de l'extermination par le travail. Le quota de
sélectionnés retenu tournait autour de 10 à 15%. Les reste du groupe
était directement envoyés dans les chambres à gaz.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Auschwitz-Birkenau
Copyright: Yad Vashem
Une des sept photographies prises clandestinement à Birkenau par un des
membres du Sondernkommando. Ces photos sont sorties du camp clandestinement
par un groupe de résistance, afin d'alerter le monde de ce qui se produisait à Birkenau.
Elles représentent une scène de l'acheminement des femmes juives nues vers les chambres à gaz, désignées à Birkenau par le nom "Bunker".
Source: Yad Vashem
Autre lieu de conservation: USHMM
Source publiée: Yad Vashem
The world must know, Michael BERENBAUM
Lieu: Birkenau
Date: 1944
Copyright: Yad Vashem/USHMM/Musée d'Auschwitz
Deux des sept photographies prises clandestinement à Birkenau par un
des membres du Sondernkommando.
Scène de la crémation des corps des Juifs hongrois gazés dans le
"Bunker". L'arrivée de milliers de Juifs hongrois destinés à être gazés fit
que les capacités des fours crématoires de Birkenau furent dépassées. On
brûla alors les corps en plein air.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Birkenau
Date: mai à juillet 1944
Copyright: Yad Vashem Restriction: /
Groupe de femmes et d'enfants ayant subi la sélection et dirigés vers les
chambres à gaz. A l'arrière-plan, on aperçoit le crématoire III. La photo
a été prise du crématoire II.
Source: Musée d’Auschwitz
Source publiée: The Auschwitz Album
Le génocide juif, M. Steinberg, p. 42
Lieu: Auschwitz-Birkenau
Date: avril-mai 1944 Copyright: Musée d’Auschwitz
Scène d'exécution d'une
mère juive tenant son
enfant dans ses bras.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Copyright: Yad Vashem
Exécution de masse dans les territoires occupés de l'Est. Des hommes
juifs nus se tiennent devant leurs exécuteurs (Einsatzgruppe).
Source: Yad Vashem Autre lieu de conservation: USHMM
Source publiée: Yad Vashem
The world must know, Michael BERENBAUM
Lieu: Pologne ou Lituanie - Snyatin
Date: 1941(?)
Copyright: Yad Vashem
USHMM
Heinrich HIMMLER
supervise les plans de
construction de Buna de
l'ingénieur en chef
FAUST.
Source: Musée
d'Auschwitz
Source publiée:
Auschwitz, camp hitlérien
d'extermination, |e| p.
176 et 177
Lieu: Auschwitz
Date: 1941
Copyright: Musée d'Auschwitz
Lors d'un massacre de Juifs par un Einsatzgruppe à Vinica, en Ukraine, la dernière victime est exécutée d'une balle dans la nuque. La technique de meurtre utilisée est celle dite de la "boîte de sardines": une fosse est creusée par les premiers Juifs arrivés, une fois ce travail terminé, ils sont forcés de s'agenouiller devant la fosse et sont abattus d'une balle
dans la nuque. La rangée suivante de victimes peut alors s'approcher, jeter les corps dans la fosse avant d'être exécutée à son tour, et ainsi de suite.
Cette exécution eut lieu en présence de membres de la Wehrmacht, du Service de Travail allemand et de jeunesses hitlériennes.
Source: Yad Vashem Autre lieu de conservation: USHMM
Source publiée: Yad Vashem The world must know, Michael BERENBAUM Lieu: Vinnitsa/Ukraine
Date: 1942(?) Copyright: Yad Vashem
Un groupe de
femmes juives,
dont certaines
tiennent des
bébés dans leurs
bras, lors de leur
exécution à
Misocz, en
Ukraine, par un
Einsatzgruppe.
On peut voir que
Des collaborateurs locaux se sont joints à l'Einsatzgruppe pour accomplir sa mission de "nettoyage".
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Misocz/Ukraine
Copyright: Yad Vashem
Scène d'exécution de femmes juives par un Einsatzgruppe, selon la technique de la « boite de sardine ».
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Liepavia/Lituanie
Copyright: Yad Vashem
les boîtes de Zyklon-B (oxyde
cyanhidrique) rangées sur des
étagères. Ces cristaux de gaz
servaient à la mise à mort
immédiate des Juifs entrés
dans les chambres à gaz.
L'efficacité de cette
substance était telle qu'en une
demi-heure, l'opération de
gazage était terminée.
Le nom de la firme
"DEGESCH" est lisible sur les étiquettes.
Source: Yad Vashem Source publiée: Yad Vashem Lieu: Auschwitz Copyright: Yad Vashem
Vie et mort dans les camps
Au KL Auschwitz-Birkenau, des détenus creusent des fossés d'irrigation de la zone marécageuse du camp.
Source: Musée d'Auschwitz
Source publiée: Auschwitz, camp de concentration et d'extermination, |e| p. 80 et 81
Lieu: Auschwitz Date: 1942 Copyright: Musée d'Auschwitz
Des femmes sont libérées dans
les "Koois" à Birkenau.
Source: Musée d'Auschwitz
Source publiée: Auschwitz,
camp de concentration et
d'extermination, |e| p. 80 et 81
Lieu: Birkenau
Date: janvier-février 1945
Copyright: Musée d'Auschwitz
A la libération de
Buchenwald, les survivants
sont dans leurs Koois.
Parmi eux se trouve Elie
WIESEL, futur prix Nobel
(1986).
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Buchenwald
Date: avril 1945
Copyright: Yad Vashem
prisonniers libérés assis dans leur
baraque, l'un d'eux, cachectique,
est étendu sur une civière.
Source: MRA
Lieu: Auschwitz
Date: 1945
Copyright: MRA
Une femme juive cachectique
ayant subi des expériences
pseudo-médicales à Auschwitz
se tient debout devant une
infirmière.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Auschwitz-Birkenau
Copyright: Yad Vashem
Portrait du Docteur
MENGELE en compagnie
d'Elsa GULPIAN DI
OLIVEIRA.
Docteur en philosophie et en
médecine, il alla d'abord se
battre sur le Front de l'Est,
où il fut blessé en 1943.
Suite à celà et jusqu'en août
1944, il fut médecin dans le
camp des tziganes de
Birkenau. C'est là qu'il
pratiquait ses expériences
(jumeaux, nains, cancer). Il
tuait ses cobayes humains
une fois leur cas bouclé. Il
participait aux sélections lorsqu'un nouveau convoi arrivait. Après, il servit à
l'hôpital du camp des hommes à Birkenau. De décembre 1944 à janvier 1945, il soigna les SS de Birkenau. Il bénéficia de l'asile dans divers pays d'Amérique du Sud. Il ne fut jamais arrêté ni jugé.
Source: Nathan RAMET
Copyright: Musée de la Déportation
Jeunes filles (probablement tziganes)
ayant subi les expériences de
MENGELE.
Photo réalisée dans l'atelier de la
Gestapo (Erkennungsdienst) sur
ordre de Josef MENGELE.
Source: Musée d'Auschwitz
Source publiée: Auschwitz, camp de
concentration et d'extermination, |e|
p. 80 et 81
Lieu: Auschwitz
Date: 1944
Copyright: Musée d'Auschwitz
Groupe d'enfants ayant subi des expériences pseudo-médicales dans le Block 10 d'Auschwitz.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem
Lieu: Auschwitz
Copyright: Yad Vashem
Torture de la
potence infligée à
des détenus de
Buchenwald par un
S.S.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad
Vashem
Lieu: Buchenwald/Allemagne
Copyright: Yad Vashem
L'orchestre des détenus de Mauthausen, camp de concentration de classe
III, en Autriche, joue un air tandis qu'un prisonnier qui avait tenté de
s'évader est conduit vers le lieu d'exécution.
Source: Yad Vashem
Source publiée: Yad Vashem Lieu: Mauthausen/Autriche Copyright: Yad Vashem
Photo de corps entassés dans
une baraque, prise à la
libération de Dachau
(29/4/1945).
source: Aumônier
PATERNOTTE
Lieu: Dachau
Date: avril-mai 1945
Copyright: MDR
Un détenu du Sondernkommando explique aux libérateurs comment on
manoeuvre un cadavre dans le four crématoire.
Source: USHMM
Source: Aumônier PATERNOTTE
Lieu: Dachau
Date: avril-mai 1945
Copyright: MDR/USHMM
5. Comme vous et moi, ils habitaient Ecaussinnes…
L |
es personnes que vous allez découvrir dans les pages qui suivent sont toutes Juives, immigrées pour la plupart de Pologne et d’Allemagne, qui ont dû fuir leur pays d’origine en raison des persécutions qu’elles y subissaient de la part des nazis. Elles ont habité chez nous, pour un temps plus ou moins long. Elles étaient en tout 25. Nombre d’entre elles sont mortes, exterminées par les nazis, la plupart à Auschwitz. C’est leur histoire que nous avons essayé de reconstituer, et que nous voulons vous conter…
Pour qu’on se souvienne d’elles, et que, jamais plus, pareille situation ne puisse se reproduire !
LE REGISTRE DES JUIFS D’ECAUSSINNES
Ce dossier reprend 25 personnes, toutes pour la plupart émigrées des pays de l’Est et d’Allemagne, en fuite devant la persécution nazie.
Il s’agit de :
(Voir pages suivantes)[8]
N° | Nom | Prénom(s) | Date Naissance | Lieu Naissance | Profession | Nationalité | Domicile | Observations |
1 | MEYER | Rose-Sara | 27/07/1876 | Beurig-Saarburg(Allemagne) | sans | Allemande | Rue St Bernard | Arrêtée le 07 octobre 1942 |
2 | MEYER | Elise | 19/12/1874 | Idem | idem | idem | idem | Idem |
3 | ROTMEUSZ | Abram-Fajvel | 31/12/1905 | Wolbromin (Pologne) | Patron-boucher | Polonaise | Rue Hanotiau, 4 | idem |
4 | PRZETACKA | Marja | 15/06/1902 | Wolbromin (Pologne) | sans | Polonaise | idem | idem |
5 | ROTMEUSZ | Yzaak, Eliezer | 09/10/1925 | idem | idem | idem | idem | Idem |
6 | ROTMENISZ(d’après acte de naissance) | Joachim | 29/09/1933 | Forest (Belgique) | idem | Idem (mais pourtant Belge de naissance !) | idem | Idem |
7 | BRONNER | Rachel | 12/08/1902 | Krakau (Pologne) | idem | « Sans nationalité, mais d’origine Polonaise » | Rue de Soignies, 4 | ? |
8 | KOPFENBERG | Dora | 28/10/1923 | Anvers | sans | Belge | idem | Arrêtée en 1942 |
9 | KOPFENBERG | Sarah, Esther | 19/06/1926 | idem | idem | Polonaise ( ?) | idem | Arrêtée le 07/10/1942 |
10 | DYMENSZTAYN | Laza | 15/08/1896 | Radosyce (Pologne) | idem | Polonaise | Rue Joseph Wauters ; 115 | Idem |
11 | WAJNBERG | Jozef | 06/04/1920 | TOMASZOW (Pologne) | idem | idem | idem | Idem |
12 | WIEN | Lewek | 14/01/1919 | Czestochowa (Pologne) | Fourreur | idem | idem | Illisible |
13 | WEJNBERG | Bina | 07/10/1921 | LODZ (Pologne) | sans | idem | idem | Arrêtée le 07/10/1942 |
14 | UNGLIK | Kaza | 15/12/1894 | KLOBUCHO (Pologne) | Fourreuse | idem | Rue Joseph Wauters, 129 | Déménagée à Schaerbeek le 05/08/1942 |
15 | WIN | Wolf | 1922 | Czestochowa (Pologne) | Fourreur (indiqué « fourreuse » dans le registre !) | idem | idem | Déménagé à Schaerbeek le 05/08/1942 |
16 | WIN | Ephraïm | 1925 | Klobucho (Pologne) | sans | idem | idem | Idem |
17 | UNGLIK | Joachim | 1929 | Anvers | sans | Belge | idem | Idem |
18 | UNGLIK | Maria | 08/11/1931 | Anvers | Sans | idem | idem | Idem |
19 | BRYSZKOWSKI | Israël | 15/05/1906 | Lubranice (pologne) | Ouvrier boulanger | idem | Rue Joseph Wauters, 115 | Arrêté le 07/07/1942 |
20 | WYSZOGRODZKA | Sura | 1905 | Lublin (Pologne) | sans | idem | idem | Idem |
21 | SZLUKIER | Alte Calka | 1904 | Gora-Kalwaria (Russie) | Mécanicien | D’origine Russe | Rue Belle Tête, 66 | Rayé fiche des juifs le 24/11/1942, semble s’être inscrit à Morlanwelz |
22 | KANTOROWICZ | Zysa-Tanba | 25/02/1907 | Kalisz (Pologne) | sans | D’origine polonaise | idem | Idem |
23 | SZLUKIER | Sara | 15/01/1929 | Anvers | sans | D’origine russe (mais pourtant Belge par sa naissance !) | idem | Idem |
24 | WIEN | David | 15/11/1941 | Ecaussinnes d’Enghien | sans | Polonaise (mais pourtant Belge par sa naissance !) | illisible | Arrêté le 10/08!/1942 |
25 | SZLUKIER | Betty | 07/11/1942 | idem | Mécanicien ( !!!) | idem | idem | idem |
Quelques remarques, à propos de ce registre :
1°. Toutes les administrations communales belges de l’époque étaient « obligées » d’en tenir un semblable, qui était contrôlé par l’administration militaire allemande. Cette dernière était donc parfaitement au courant de toute immigration juive sur le territoire. Il est donc vain d’affirmer qu’aucune dénonciation n’ait été faite, ce registre suffisant amplement à faire connaître la présence et l’adresse des Juifs dans toute localité de Belgique !
2°. Nombre de mentions sont inexactes, ou dénotent finalement un certain antisémitisme : certains enfants, nés en Belgique, auraient dû recevoir automatiquement la nationalité belge, ce qui, dans une certaine mesure, les aurait mis à l’abri de la déportation, du moins en cette terrible année 1942. On remarque à la lecture du registre que ce n’est pas toujours le cas.
3°. Les professions sont parfois attribuées de manière farfelue : ainsi pour la petite Betty SZLUKIER, née à Ecaussinnes d’Enghien en novembre 1942, qui est renseignée comme… mécanicien !
Les personnes reprises sur ce registre :
(le N° figurant devant leur nom est celui du « registre » précédemment cité.)
1°. SARA MEYER
Sara est née le 27 juillet 1876 à Beurig-Saarburg en Allemagne. De confession juive, elle est néanmoins Allemande à part entière. Mariée à un certain Monsieur Kaufmann, lui aussi Allemand de confession juive, elle est veuve en 1938, lorsqu’éclatent les événements de la « Nuit de Cristal ». Durant cette terrible nuit, elle, et sa sœur Elise, de deux ans son aînée, vont être molestées par les SA. Blessées, elles seront admises à l’hôpital. Leur frère, Nathan, pressentant sans doute des événements plus graves, va prendre sur lui d’écrire à la Sûreté de l’Etat Belge, pour demander que ses deux sœurs soient acceptées en Belgique comme réfugiées politiques.
Sa lettre figure sur la page suivante :
Nathan est confiant : la Belgique, à l’instar de la Suisse n’est-elle pas un pays neutre ? Elle est aussi une démocratie exemplaire pour bien d’autres nations de l’époque, une terre d’accueil, d’ouverture…
Et de fait, les deux sœurs, Sara et Elise, vont pouvoir y immigrer et s’y installer.
Le 14 février 1939, Elise arrive à Bütgenbach, dans le district de Liège, où elle est enregistrée, comme l’atteste le document ci-dessous : (à noter qu’il est rédigé en Allemand : nous sommes dans les Cantons dit « rédimés », c'est-à-dire restitués par l’Allemagne après la capitulation du 11 Novembre 1918.
De Liège, elle viendra s’établir à Ecaussinnes, à la rue Saint Bernard[9], numéro 22, avec sa sœur.
Elle se croit en sécurité et ne sait pas ce qui l’attend…
Même si d’aucuns s’en défendent, Ecaussinnes ne compte pas, à l’époque, que des citoyens opposés au nazisme : il y a aussi quelques collaborateurs, déclarés ou non, certains se retranchant derrière leur « devoir administratif ». Ces derniers fourniront volontiers des renseignements concernant les « Juifs d’Ecaussinnes » aux autorités belges qui sont sous la coupe de l’occupant, et notamment à l’Administrateur de la Police des Etrangers à Bruxelles.
Le résultat est que Sara et sa sœur Elise seront toutes deux arrêtées et déportées à Auschwitz, où, dès leur arrivée, elles seront gazées et incinérées.
Ci-dessous, vous pouvez voir leurs Actes de Décès :
D’abord celui de Sara, ensuite celui d’Elise, déportées par le même convoi.
Elles ont toutes deux été exécutées le 20 octobre 1942. Leur nom ne figure pas dans la liste des morts d’Auschwitz, simplement parce qu’ayant été gazées à leur arrivée, elles n’ont pas été immatriculées[10] !
Le document ci-après, émanant de la Caserne Dossin de Malines, nous en apprend un peu plus sur leur parcours : il s’agit d’une feuille de la liste des déportés juifs du 13ème convoi vers Auschwitz, parti de Malines le 08 octobre 1942. Sous leur nom figure celui de trois autres habitants d’Ecaussinnes, déportés en même temps. Aucun n’a survécu…
La fiche ci-dessous, qui concerne les deux sœurs a été émise par l’AJB, « Association des Juifs de Belgique. Comme le Judenrat en Allemagne, l’AJB est une organisation juive, mise en place par les nazis pour faire contrôler par des Juifs les allées et venues de leurs coreligionnaires.
Par cette fiche, nous apprenons que les deux sœurs louaient, depuis le 12 mars 1942, une assez grande maison (cinq pièces plus cuisine), sise rue saint Bernard, N°20 à Ecaussinnes d’Enghien (actuellement rue Duray), maison qui appartenait à un écaussinnois, Monsieur Edimard Paquet, résidant à l’époque rue Edmond Tilmant.
Elles ne profiteront pas longtemps de cette maison, puisqu’elles seront déportées toutes deux en octobre de la même année.
Voici la photo d’Elise :
Voici la photo d’Elise :
Veuve elle aussi, elle suivra le même parcours que sa sœur, partageant son terrible destin. Elles font toute deux partie d’un groupe de personnes arrêtées par la Gestapo à Ecaussinnes. D’autres Juifs écaussinois, qui seront eux aussi déportés, se présenteront spontanément à la Caserne Dossin, sur convocation de l’AJB. On leur faisait croire qu’ils allaient être relogés et qu’ils auraient un travail décent et rémunérateur en Allemagne ! Beaucoup de Juifs, dans les premiers temps, tombèrent dans le piège…
3°. ROTMENSZ Abram Fajwel
Né le 31 décembre 1905, à Wolbromin, en Pologne, il arrive à Ecaussinnes le 28 février 1941. Il va résider rue Victor Hanotiau, au numero 3. Il vient d’Anvers, où il résidait auparavant.
Il vient avec son épouse, et deux enfants.
Son épouse se nomme Marje PRZETACKA. Elle est née, comme lui, en Pologne, à Wolbromin, en 1902. Toute la famille a émigré par chemin de fer, au départ de Lodz, où elle résidait. Elle est arrivée en Belgique le 26 mars 1931.
Les enfants sont : Joachim et Isaac. Isaac est né en Pologne, à Wolbromin, en 1925. Joachim, lui, est né à Forest, près de Bruxelles, en 1933. (ci-contre, la photo d’Isaac. Nous n’avons aucune photo de Joachim.)
A Ecaussinnes, la famille habitera dès le 12 mars 1942, rue Hanotiau , N° 3, dans une maison de deux pièces plus cuisine, appartenant à Emile Moreau, résidant à l’époque à Ecaussinnes, rue Haute.
Abram, confiant dans les ordonnances de l’AJB, se rendra spontanément à Malines, apparemment seul. Il sera déporté à Auschwitz par le premier convoi, et mourra dans ce camp le 2 mars 1943, comme l’atteste le registre des décès, dont nous reproduisons ci-dessous une des pages :
Sa femme et ses enfants seront, eux, arrêtés et déportés, par le 13ème convoi du 8 octobre 1942. Aucun ne sera immatriculé ni rapatrié : ils ont donc été gazés à leur arrivée, après une « attente » d’environ cinq jours : il y a eu, à Auschwitz, à plusieurs reprises, un manque de « Zyklon » !
Ci-dessous, la fiche du « registre des juifs » de Marja
Ci-dessous, la fiche du « registre des juifs » de Marja
Les mentions qui y figurent démontrent clairement les intentions de ceux qui l’ont conçue : y sont repris les parents, les enfants de Marja, mais aussi ses grands-parents ! Le but évident est de « cerner » les familles, afin de ne laisser s’échapper aucune personne !
7°. BRONNER Rachel
Polonaise, née à Cracovie le 12 août 1902. Elle arrive à Ecaussinnes, rue de Soignies N°4, le 12 mars 1942. C’est une maison à trois pièces, plus cuisine, appartenant à Jules Varlet, qui habite à l’époque rue Haute, N°34.
Comme nombre d’autres Juifs d’Ecaussinnes, elle a d’abord habité Anvers.
Elle n’arrive pas seule : sa fiche d’incription mentionne une fille : Sarah, née à Anvers le 17 juin 1926.
En Belgique depuis 1924, elle a une autre fille, Dora, elle aussi née à Anvers le 28 octobre 1923. Cette fille figure sur sa fiche d’inscription à la commune d’Anvers. A noter aussi que Dora, sur la fiche d’identification de l’AJB est mentionnée comme Belge, contrairement à sa sœur Sarah, qui, elle, conserve la nationalité polonaise. Il semble aussi que Rachel Bronner ait d’abord habité clandestinement en Belgique, avant de faire régulariser sa situation. A l’époque, la guerre est encore loin, et il ne semble pas qu’on lui ait causé beaucoup de tracasseries administratives…
Ni Rachel, ni ses filles ne semblent avoir été déportées. En tous les cas, si elles l’ont été, elles n’ont pas transité par Malines. Le livre des décès d’Auschwitz ne reprend pas non plus leur nom…
Peut-être ont-elles pu « passer au travers des mailes du filet » ?
Le père des deux filles s’appelait Kopfenberg[11]. Il ne figure pas sur le registre des Juifs d’Ecaussinnes. Sur ce registre, Dora et Sarah portent respectivement les N° 8 et 9.
10°. DYMENSTAYN Laya.
Née en Pologne le 15 août 1896, elle va résider un temps en Allemagne, d’où elle émigre vers la Belgique en 1924.
Elle arrive à Ecaussinnes le 20 mars 1942, avec son fils, Jozef Wajnberg, né à Towaszow, en Pologne, le 06 avril 1920.
Le fils et la mère vont s’installer au N° 115 de la rue Joseph Wauters, dans une maison appartenant à la Commune d’Ecaussinnes d’Enghien.
Laya est l’épouse de Nizel Wajnberg[12], né en Pologne le 15 octobre 1885.
D’après les documents de la Ville d’Anvers, où la famille a résidé avant de venir à Ecaussinnes, il semble qu’ils aient aussi une fille, Bina, née à Lodz le 07 octobre 1921.
Nizel, le mari, a apparemment eu quelques démêlés avec la Justice, pour une histoire de coups, classée sans suite le 15 novembre 1927, comme l’atteste le document ci-après, émanant du Parquet de Charleroi :
Ci-dessous : le recto et le verso de la fiche du registre des Juifs qui concerne Nizel :
Il semble bien que les deux époux et leurs enfants aient échappé à la tourmente…
12°. WIEN (WIN) Lewek et 13°. WEJNBERG Bina
Bina est la fille du couple précédent. Arrivés à Ecaussinnes le 26 mars 1942, ils s’installent dans la même demeure que les parents, au 114 de la rue Wauters. Bina est enceinte. Le 15 novembre de la même année, elle donne naissance à un petit garçon : David, dont le nom figure sur la fiche ci-dessous :
A notre connaissance, le couple et l’enfant auraient survécu.
13°.KAZA UNGLIK et sa famille :
Ci-dessus, nous avons les photos de Kaza Unglik et de Samuël David Brokman, son compagnon. Kaza apparaît fatiguée, tendue. Son regard traduit une angoisse certaine : nous ne savons pas dans quelles circonstances cette photo a pu être prise. Ce qui semble sûr, par recoupement, c’est qu’elle date d’avant 1929, date de son arrivée à Anvers. (Le style de la coiffure est d’ailleurs bien dans la ligne des années ’20 !)
Kaza et Samuël vont s’installer à Ecaussinnes, rue du Docteur Bureau, numéro 20. Quatre enfants sont avec eux : Wolf, Joachim, Ephraïm et Maria. Deux (Wolf et Ephraïm) portent le nom de Wien (parfois, selon certains documents, orthographié « Win ». C’est le nom de leur père, David Win, né en Pologne en 1886, et décédé lors de l’arrivée de la famille en Belgique. Les deux autres (Joachim et Marja) portent le nom d’Unglik.
Il y a , autour de cette famille, qui a vécu à Ecaussinnes durant la dernière guerre, beaucoup d’émotion : en effet, ayant été mis en contact par le truchement de Monsieur Maucq, avec l’une des filles (Maria), j’ai eu l’honneur et la joie de la rencontrer, dans le courant du mois de mars dernier, avec René Brancart , trésorier de notre paroisse et cheville ouvrière de notre exposition.
Dire que ce fut un choc équivaut à formuler un euphémisme : choc pour nous, sans doute, mais aussi, très certainement pour Maria !
Lorsque je lui ai montré les photos de ses parents, elle a immédiatement reconnu son papa, mais elle n’a pas reconnu sa maman. Il est vrai que la photo est très dure, et a dû être prise dans des circonstances difficiles, voire tragiques. Mais en examinant des photos récentes de Kaza (elle est décédée il y a quelques années) nous en avons conclu, René et moi, que c’était bien elle qui figurait sur les documents d’époque. Du reste, pourquoi y aurait-il eu une erreur ?
Maria aujourd’hui va bien. Elle réside dans notre capitale et coule des jours heureux en contact suivi et permanent avec sa famille. Elle se souvient, avec beaucoup d’émotion, de la gentillesse des Ecaussinnois qui l’ont cachée : la famille Bulteau, avec laquelle elle est toujours en contact.
Une grande souffrance aussi, qui saute aux yeux dès qu’on franchit sa porte : la mort de son frère Ephraïm, assassiné par les nazis à Auschwitz. Elle se souvient : « Ephraïm m’a dit, avant de partir, qu’il avait trouvé du travail, et qu’il devait se rendre à Malines… » En fait, Ephraïm s’était laissé piéger par le discours soigneusement préparé par les nazis, et diffusé par l’AJB[13] : il était persuadé que le fait d’aller à Malines lui permettrait de refaire sa vie, au travers d’un nouveau travail et de nouvelles espérances. Il ignorait bien sûr la finalité du piège qui venait de se refermer sur lui. Avec bien d’autres, il allait partir par le premier convoi, pour une destination sans retour…
Fort heureusement, les Juifs allaient vite comprendre le piège que les nazis leur tendaient, et rapidement, ils furent de moins en moins nombreux à se présenter spontanément à Malines.
Il n’empêche que plus de 25.000 d’entre eux furent envoyés dans les camps de la mort, et que, parmi les enfants, aucun n’en revint vivant !
Ci-contre : Ephraïm Wien, le frère de Maria.
Né en Pologne en 1925, Ephraïm arrive en Belgique en 1929, avec sa famille. Durant la guerre, en 1942, ils s’installent à Ecaussinnes, au numéro 20 de la rue du Docteur Bureau, un bâtiment de quatre pièces plus cuisines, qu’ils louent à la famille Brockmans.
A l’arrivée de la famille, la police d’Ecaussinnes d’Enghien fait une enquête administrative et envoie un rapport concernant Ephraïm à l’Administrateur de la Police des Etrangers à Bruxelles. Bien sûr, c’est la Loi, et le policier qui envoie ce rapport ne fait que s’y conformer. Mais en ces temps de guerre et de troubles, il aurait tout aussi bien pu s’abstenir de faire de l’excès de zèle. D’autant qu’on sent fort bien, à la teneur de ce rapport, qu’il s’apparente plus à la dénonciation qu’à une simple note administrative.
Quoi qu’il en soit, ce rapport ne nuira pas (du moins pas directement) à la sécurité d’Ephraïm.
En effet, comme nous l’avons déjà noté plus haut, le jeune homme ne sera pas arrêté, mais viendra, de son plein gré, se livrer à la Caserne Dossin.
Quelques temps auparavant, le 10 août 1942, Ephraïm et son frère Wolf avaient déménagé d’Ecaussinnes pour Schaarbeek, où ils logeaient rue Dupont, Numéro 73.
Ephraïm partira pour Auschwitz par le premier convoi. Son nom est repris sous le numéro 858, page 31 de la liste de transport. La mention « AB » qui précède le numéro indique qu’il s’est rendu à Malines « sur convocation ».
Non immatriculé, non rapatrié : Ephraïm a sans doute été gazé dès son arrivée au camp.
Ce sera sans doute aussi le cas du compagnon de sa mère, qui était resté à Anvers et dont on n’a plus aucune trace, pas même sur les listes de transport de la caserne Dossin[14]…
De cette famille survivront Kaza, Maria, Wolf et Joachim. Kaza est décédée il y a peu, à l’âge de 98 ans !
Ci-dessus : Excès de zèle ou dénonciation camouflée ?
15. WI(E)N Wolf & 8. HOPFENBERG Dora.
Dora est née à Anvers en 1923. C’est la fille de Rachel Bronner. Elle possède la nationalité belge, contrairement à sa sœur Sarah qui bien que née à Anvers en 1925 est, elle, de nationalité polonaise.
Détail : sur ses papiers officiels, Dora signe…Dolly !
Le jeune couple survivra à la tourmente, malgré l’arrestation de Dora par les Allemands vers août 1942.
Dora et Wolf sont toujours en vie aujourd’hui.
19. BRYSKOWSKI Israël & 20. WYSZOGRODZKA Sura.
Juifs Polonais, émigrés en Belgique, ils viennent élire domicile à Ecaussinnes le 3 mars 1941, à la rue Joseph Wauters. Tous deux résidaient auparavant à Anvers. Le 10 mars 1942, ils quittent la rue Wauters pour la rue du Docteur Bureau. Tous deux seront arrêtés par les Allemands le 7 juillet 1942.
Sura sera déportée à Auschwitz par le premier convoi, Israël le sera par le 14ème. Ni l’un ni l’autre ne sont repris au registre des décès du camp : Sans doute ont-ils été gazés à leur arrivée…
21. SZLUKIER Alte Calka & 22. KANTOROWICZ Zysa-Tanba.
D’origine Russe, la famille qui compte le couple et une petite fille née à Anvers en 1929, s’installe à Ecaussinnes, rue Belle Tête, 66, le 13 mars 1942. Zysa est enceinte et va mettre au monde, à Ecaussinnes, une petite Betty, le 7/11/1942.
Treize jours plus tard, la famille quitte Ecaussinnes pour aller s’installer à Bruxelles, au 35 de la rue de Mérode.
Ci-contre : l’extrait d’Acte de Naissance de Betty, délivré le jour du déménagement à Bruxelles.
Zysa et Betty ne seront pas déportées. Alter et Sara, par contre, le seront. Ils ne seront pas immatriculés, ce qui signifie qu’il y ait peut de chance pour qu’ils aient survécu…
Avec cette dernière famille se termine notre évocation des « Juifs d’Ecaussinnes ».
Une évocation douloureuse, difficile et complexe. Comme on a pu le remarquer, plusieurs familles étaient apparentées ou le sont devenues par alliance. On manque aussi parfois d’éléments essentiels, qui pourraient nous apporter des certitudes quant à la survie ou au décès de certaines personnes.
Heureusement, il y a le témoignage direct des survivants, et celui des personnes qui les ont connus. Et ici transparaît une qualité qui est loin d’être légendaire à Ecaussinnes : on avait (et on a gardé) le sens de l’accueil et de la solidarité. Marja Unglik s’en souvient avec beaucoup d’émotion. Elle se souvient, par exemple, de la rangée de cafetières pleines, placée sur le seuil de leur porte, à leur arrivée : toutes les voisines avaient ainsi voulu leur souhaiter la bienvenue ! Mais elle se rappelle surtout le dévouement de ceux et celles qui, ici à Ecaussinnes, souvent au péril de leur sécurité, voire de leur vie, ont caché des enfants juifs, les accueillant et les aimant comme s’ils avaient été les leurs. Des gens qui ont presque toujours agit dans l’ombre et la discrétion et qui, même après la guerre, n’ont jamais voulu que leurs actes soient mis en avant.
Les vrais héros font généralement peu de bruit !
Ce qu’ils ont fait mérite cependant qu’on en parle, ne serait-ce que dans le but d’éduquer nos « générations montantes ».
Les temps ont changé, les mentalités ont évolué. Du moins en apparence.
Il est clair qu’aujourd’hui, les vielles idées nazies resurgissent sous de multiples formes. Les Juifs continuent d’être la cible de ces idéologies, mais le dénigrement de l’étranger passe par d’autres populations immigrées.
Sans vouloir jouer les pessimistes ni les oiseaux de mauvais augure, je pense ne pas me tromper lorsque je pressens un renouvellement de l’histoire. Et je me demande comment nous réagirons, comment surtout réagiront nos jeunes qui manquent aujourd’hui cruellement d’un enseignement sur ces sombres périodes évoquées dans notre exposition.
Je ne suis pas d’accord lorsque l’on dénigre les « jeunes d’aujourd’hui » en disant qu’ils n’ont plus le sens des valeurs. Je crois au contraire qu’ils valent bien les jeunes des époques passées. Et s’il leur manque quelque chose, ce sont essentiellement des repères, et notre appui pour les vivre.
Le sixième et dernier volet de cette exposition voudrait, pour nos jeunes, et aussi pour les moins jeunes, souligner les liens entre l’époque de la Shoah et la nôtre, pour éviter qu’un jour nous ne retombions dans ce mal sans nom.
6. Lorsque l’Histoire se prolonge et se répète :
Du VNV au Vlaams Blok : une continuité inquiétante !
Un modèle aujourd’hui encore pour le Vlaams Blok : Staf De Clercq durant un meeting nazi au début de l’Occupation allemande.
De nos jours encore, des hommages sont organisés en l’honneur de « personnalités » de l’histoire du mouvement national flamand dont les accointances avec l’idéologie nazie ne sont plus à démontrer. Ils étaient plus de deux cents, le 19 septembre 2004, réunis autour du monument funéraire érigé, à Gooik, à la mémoire de Staf De Clercq, qui fut jusqu’à sa mort en 1942 le chef du VNV, le parti nazi flamand de l’époque (voir ci-contre notre encadré). Parmi les nostalgiques de ce nationaliste flamand notoirement collaborateur et antisémite, des figures emblématiques de l’extrême droite d’aujourd’hui…
Le « Vlaams Blok Magazine », le mensuel du parti du même nom, avait déjà annoncé l’événement dans ses colonnes. Et, dans la foulée, Francis Van den Eynde, député Vlaams Blok et dirigeant historique du Voorpost (groupe néopaïen d’action nationaliste réclamant la création d’une Flandre « ethniquement pure » : voir ci-contre l’encadré consacré à Voorpost), avait jugé utile de rehausser ( !) par un discours une soirée que le Voorpost consacrait à Staf De Clercq.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Johan Vanslambrouck, l’actuel président du Voorpost, ait été l’un des organisateurs de l’hommage rendu, en septembre dernier, à ce collaborateur à l’Occupant nazi durant la Deuxième guerre mondiale. Un Vanslambrouck qui est également le président de l’Ijzerwake – ce comité d’organisation du pélérinage de l’Yser « bis », fondé par ceux qui, dans les rangs des nationalistes flamands, estimaient le pélérinage original trop modéré – et le représentant du Blok à la Commission nationale du Pacte culturel…
Invitation à l’hommage organisé le 19 septembre 2004 en l’honneur du nazi flamand Staf De Clercq. Public cible : la base militante du Vlaams Blok et du Voorpost.
Le Vlaams Blok se met au brun !
Quant au Vlaams Blok, il organisait ce week-end-là une mise au brun – pardon, au vert…– en Bourgogne. Simple coïncidence ou manière d’éviter que trop de mandataires du Blok ne se commettent en fâcheuse compagnie, à l’heure où il s’agit plus que jamais pour le parti d’extrême droite de se donner un verni de respectabilité ?[15]
Staf De Clercq
une personnalité de référence,
aujourd’hui encore, pour le Vlaams Blok et C°
Portrait
Il est l’une des principales références historiques du mouvement national flamand, tendance « pure et dure ». Au Vlaams Blok, comme au sein d’autres représentants actuels du « nationalisme flamand radical » (comme le Voorpost ou le Vlaams nationaal jeugdverbond), le culte de la personnalité de Staf De Clercq (1884-1942) est toujours en vigueur en 2004.
Staf De Clercq, chef nazi de la Flandre pro-allemande. Drapeau du VNV rappelant celui du NSDAP d’Adolf Hitler et logo du « National-socialiste », le titre du journal du VNV.
Dès les années trente, ce sinistre personnage dirige, comme chef suprême, les destinées du Vlaamsch nationaal verbond (VNV), le principal parti nationaliste d’extrême droite flamand fondé en octobre 1933, dix mois après l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne. Présent au Parlement depuis les élections législatives de mai 1936, avec 17 députés, le VNV comptera près de 26.205 membres, d’après De Clercq lui-même, à la veille de la Deuxième guerre mondiale. Ce parti politique – qui deviendra le modèle du Vlaams Blok, lors de sa création en 1978 - était composé de plusieurs tendances rivales : Thiose radicale (prônant la création des « Grands Pays-Bas »), fédéraliste modérée, nationale-socialiste… Staf De Clercq se singularisait quant à lui par ses prises de positions contre la démocratie et un discours crypto-nazi de la pire espèce. Le VNV demeurera une formation revendiquant un régime totalitaire, dont le modèle restera la dictature hitlérienne. Dès le milieu des années trente, le chef du VNV eut des relations régulières avec les autorités nazies. Dès l’invasion de la Belgique par les troupes du IIIe Reich, le parti de De Clercq, officiellement devenu national-socialiste, se mit au service de l’occupant. Mais Staf De Clerq ne connaîtra que les débuts de l’Ordre nouveau, puisqu’il décèda en octobre 1942. Il évita ainsi également l’épuration des collabos…
Le passé nazi de Staf De Clercq ne posera jamais, ensuite, le moindre problème de conscience à ses fidèles disciples. Son « désintéressement et le dévouement sans limite avec lesquels il s’acquittait de sa tâche… » sera retenu et mis en valeur dans sa notice biographique figurant en bonne place dans l’« Encyclopedie van de Vlaamse Beweging » (*).[16]
(*) Comme il est rappelé dans l’ouvrage « La répression des collaborateurs – 1942 – 1952 – Un passé toujours présent », de Luc Huyse et Steven Dhondt, publié en français par le Centre de recherche et d’information socio-politique (CRISP), en 1993, p. 306.
Voorpost
l’avant-poste
pur et dur du Vlaams Blok
Portrait
Voorpost joue un rôle essentiel au sein du nationalisme flamand, version Vlaams Blok : entretenir la flamme du souvenir des « héros » d’hier. C’est ainsi qu’il participe activement aux hommages rendus aux leaders du « mouvement national flamand », comme celui organisé en l’honneur de Staf De Clercq, le 19 septembre dernier.
Pilier à la fois structurel et idéologique du Vlaams Blok (VB), cette organisation se revendique comme étant un « groupe d’action nationaliste ». Apparu en 1976, elle a été fondée par des militants du groupe de réfléxion Were Di, ouvertement nostalgique de l’Ordre nouveau nazi. Frère jumeau de l’ex-milice para-militaire néonazie Vlaamse militante orde (VMO), Voorpost s’occupe toujours aujourd’hui, entre autres, du service d’ordre du VB.
Vouant un culte aux « héros » de la Flandre historique, y compris à ceux de la SS flamande, ce groupe est basé à Gand, mais est fort de plusieurs sections locales éparpillées un peu partout sur le territoire flamand. Ses responsables occupent des postes importants au sein du Vlaams Blok : Roeland Raes fut le vice-président de 1978 à 2001 de ce parti, Francis Van den Eynde est l’un de ses « vieux » députés et Luc Vermeulen, le responsable de la sécurité du VB.
Voorpost est également connu pour ses célébrations païennes et ses liens avec la plupart des mouvements « racialistes » actifs en Europe, comme l’organisation française Terre et Peuple.[17]
L’Extrême droite est-elle nazie ?
Les partis politiques catalogués à l’extrême droite se revendiquent souvent comme étant de « simples » partis de « droite nationale » ou « populaire ». Ils mettent en avant les transfuges de formations classiques (PRL, PSC, VLD, CVP…) qui ont rejoint leurs rangs. Pourtant, leur origine fondatrice nous démontre à chaque fois que c’est sur un terreau fasciste, voire nazi, qu’ils sont nés. Rappel historique.
Léon Degrelle (à l’extrême droite), ex-chef des nazis wallons, en compagnie de Patrick Sessler, un des actuels dirigeants du Front national de Daniel Féret (document : RTBF).
Les liens entre l’extrême droite d’aujourd’hui et celle d’hier sont très nombreux. Des nazis et des fascistes français et belges, qui avaient pendant la Deuxième Guerre mondiale collaboré avec l’occupant nazi, ont directement participé à la création du Front national français (en 1972), du Vlaams Blok / Belang (en 1978) et du Front national belge (en 1985). Léon Degrelle, un des plus importants collaborateurs belges des nazis et chef de la SS wallonne, a soutenu politiquement, jusqu'à sa mort en mars 1994, les actuels partis d’extrême droite. Des contacts réguliers seront ainsi maintenus entre plusieurs dirigeants du FN et du VB avec Léon Degrelle.
Honneur à un néonazi et fondateur du FN
Aujourd’hui encore, Jean-Marie Le Pen rend hommage à François Duprat, membre historique de la direction de son « front » et chef des néonazis des années septante. La plupart des dirigeants actuels de l’extrême droite proviennent d’organisations néonazies. Par exemple, Filip Dewinter était le chef du NSV, une association d’étudiants nationalistes liée au mouvement néonazi et aux négationnistes.
Roeland Raes, vice-président-fondateur et aujourd’hui toujours dirigeant de ce parti, a fait partie d’un réseau international néonazi. Raes n’a jamais renié son parcours militant et reste entièrement soutenu par l’appareil de direction du VB.
Daniel Féret affirme avoir milité à Jeune Europe, un mouvement d’extrême droite fondé par un ancien collaborateur qui, pendant la Guerre 39-45, était membre de l’association des Amis du Grand Reich Allemand. Plusieurs élus et dirigeants frontistes proviennent des rangs d’une formation politique néonazie, le Parti des forces nouvelles. C’est le cas de Patrick Cocriamont (député fédéral) ou de Patrick Sessler (le secrétaire général du FN jusqu’il y a récemment).
Léon Degrelle, référence des néonazis, ici en compagnie de Koen Dillen, fils du fondateur du Vlaams Blok. Koen Dillen est actuellement député européen du VB (document RTBF).
De nos jours, l’extrême droite parlementaire reste soutenue par des organisations ouvertement néonazies ou néofascistes (Altaïr, Renaissance européenne – Terre et Peuple wallonie, Voorpost, Vlaamse jongeren Mechelen, Blood and Honour…). D’ailleurs, c’est un cercle de réflexion politique se revendiquant du nazisme, du nom de Were Di, qui est à la base du manifeste de fondation du Vlaams Blok. Son fondateur et actuel président d’honneur, Karel Dillen, dirigea autrefois Were Di.
Aux Etats-Unis, l’extrême droite est bien moins « politiquement correcte » qu’en Europe. Elle défile sous ses vraies couleurs, comme ici les nervis du « Mouvement national-socialiste », en juin 2005.
Influence nazie pour le VB
Le 18 novembre 1992, le Parlement flamand vote une motion qui condamne le programme « anti-immigrés » du Vlaams Blok et affirme que celui-ci s’inspire directement des lois racistes de l’Afrique du Sud, à l’époque de l’apartheid, et de la dictature d’Adolf Hitler en Allemagne. Aujourd’hui encore, le VB revendique une Flandre indépendante fondée sur une « communauté homogène », c’est-à-dire une « race pure », comme hier, les nazis. Enfin, en novembre 2004, lorsque le Vlaams Blok devient le « Vlaams Belang », il se choisit un nouveau sigle : le dessin d’un lion flamand qui jusqu’alors était utilisé par une association d’anciens combattants flamands… nazis ! Un hasard, comme de bien entendu.
Le 18 novembre 1992, le Parlement flamand vote une motion qui condamne le programme « anti-immigrés » du Vlaams Blok et affirme que celui-ci s’inspire directement des lois racistes de l’Afrique du Sud, à l’époque de l’apartheid, et de la dictature d’Adolf Hitler en Allemagne. Aujourd’hui encore, le VB revendique une Flandre indépendante fondée sur une « communauté homogène », c’est-à-dire une « race pure », comme hier, les nazis. Enfin, en novembre 2004, lorsque le Vlaams Blok devient le « Vlaams Belang », il se choisit un nouveau sigle : le dessin d’un lion flamand qui jusqu’alors était utilisé par une association d’anciens combattants flamands… nazis ! Un hasard, comme de bien entendu.
N’oublions donc jamais ceci : qu’elle soit radicale ou BCBG, le l’extrême droite entretient toujours, aujourd’hui, des sympathies nazies.[18]
Enquête sur des néonazis « politiquement corrects »
Persistance des liens entre Nation et le néonazisme
Le mouvement Nation se présente comme étant « l’unique opposition, la seule alternative » (c’est son slogan générique). Il a l’ambition d’éliminer le Front national du docteur Daniel Féret et de le remplacer au poste de leadership de l’extrême droite francophone. Cofondé par l’un des dirigeants du néonazisme belge des années 80-90, Nation entretient toujours des relations avec ce milieu, notamment via Blood and Honour Vlaanderen, la « division flamande » d’une organisation internationale combattant au nom d’Adolf Hitler…
| Autocollant de la section bruxelloise francophone du Vlaamse militanten orde (VMO), une organisation indépendantiste flamande nostalgique du dictateur Hitler. Le VMO est à la base du groupe l’Assaut ; la référence militante du mouvement Nation (doc. : Archives-RésistanceS). |
L’extrême droite est négationniste, relativiste et révisionniste. Chacun sait cela depuis belle lurette. Même si l’histoire de ce courant politique multiplie ses tentatives de travestissement de sa présentation publique. Multipliant les appellations, les marques de fabrique et autres labels, l’extrême droite se cache souvent derrière des noms volés à l’adversaire (c’est le cas de « Front national », appellation durant la Deuxième guerre mondiale de l’une des organisations communistes de résistance, ou de « Nouvelle résistance », nom de la branche paramilitaire de la Gauche prolétarienne, groupe maoïste français des années post-68), passe-partout (ainsi existait aux Pays-Bas le « Parti du centre »), « démocratisés » (en Allemagne, l’un des principaux partis néonazis se dénomme « Parti national-démocrate ») ou se revendique de « concepts politiques » vagues et pouvant donner lieu à diverses définitions (« droite nationale », « nationaliste-révolutionnaire », « identitaire »…).
L’extrême droite n’aime pas qu’on lui rappelle sa vraie nature. C’est pour cette raison, que mordicus, elle tente de nier, relativiser et réviser sa propre histoire, ses origines et son véritable programme de société.
Hervé Van Laethem (fluoté en jaune), lors d’un rassemblement néonazi flamand, quelques mois avant la création de Nation (photo : AFF-Vlaanderen).
Les racines nazies de Nation
C’est le cas du Front national, du Vlaams Blok / Belang, mais aussi du mouvement Nation. Apparu en septembre 1999, autour de dissidents et d’anciens du Front national et du Front nouveau de Belgique, Nation est conduit par Hervé Van Laethem. Dans les années 80-90, il dirigeait le groupe l’Assaut, un groupuscule violent ouvertement néonazi. L’Assaut était directement issu de la « section francophone » du Vlaamse militanten orde (VMO) de Bert Eriksson, le « führer » des nostalgiques flamands d’Adolf Hitler toujours actif de nos jours. L’ex-général SS wallon Léon Degrelle le parrainait politiquement. A l’exemple de ce dernier, le groupe de Van Laethem était de toutes les aventures néonazies, en Belgique mais aussi en Allemagne, en France, en Espagne… Il faisait partie d’un réseau européen, lui-même lié à des organisations passées au terrorisme. L’ancêtre de Nation apportait encore son appui militant aux « négateurs-nazis », aux faux historiens Robert Faurisson et Olivier Mathieu, ainsi qu’à VHO, une officine anversoise vouée à la négation des crimes commis par la dictature hitlérienne durant la Deuxième guerre mondiale.
C’est le cas du Front national, du Vlaams Blok / Belang, mais aussi du mouvement Nation. Apparu en septembre 1999, autour de dissidents et d’anciens du Front national et du Front nouveau de Belgique, Nation est conduit par Hervé Van Laethem. Dans les années 80-90, il dirigeait le groupe l’Assaut, un groupuscule violent ouvertement néonazi. L’Assaut était directement issu de la « section francophone » du Vlaamse militanten orde (VMO) de Bert Eriksson, le « führer » des nostalgiques flamands d’Adolf Hitler toujours actif de nos jours. L’ex-général SS wallon Léon Degrelle le parrainait politiquement. A l’exemple de ce dernier, le groupe de Van Laethem était de toutes les aventures néonazies, en Belgique mais aussi en Allemagne, en France, en Espagne… Il faisait partie d’un réseau européen, lui-même lié à des organisations passées au terrorisme. L’ancêtre de Nation apportait encore son appui militant aux « négateurs-nazis », aux faux historiens Robert Faurisson et Olivier Mathieu, ainsi qu’à VHO, une officine anversoise vouée à la négation des crimes commis par la dictature hitlérienne durant la Deuxième guerre mondiale.
Cérémonie néonazie en l’honneur d’Adolf Hitler organisée, en 2002, par le groupuscule B&H Vlaanderen. A la tribune : Bert Eriksson, l’un des parrains politiques d’Hervé Van Laethem.
Lors de sa création, en 1999, Nation tentera de faire croire aux profanes qu’il ambitionne de faire de la « politique autrement » (sic) et se présentera comme étant « l’unique opposition, la seule alternative » (resic), tout en se qualifiant à ses débuts de « nationaliste-révolutionnaire ». Aujourd’hui, il se revendique comme « identitaire ». Et affirme représenter un mouvement démocratique, populaire et social. La réalité est tout autre…
Des liens avec le néonazisme toujours en 2005
Nation et sa revue théorique, « Devenir », ont toujours maintenu leurs liens étroits avec les organisations de la « galaxie néonazie ». « Devenir » vient de se fondre dans une entreprise éditoriale francophone transfrontalière produisant dorénavant la revue « ID ». La base rédactionnelle, sous le vocable d’« identitaire », garde son profil folklorique modernisé pour une culture d’Ordre nouveau, conservatrice, contre-révolutionnaire, rétrograde et totalement dépassée. Mais bon, il y en a bien, dans certains établissements de soins, qui continuent à se persuader qu’ils sont la réincarnation de Napoléon ...
Nation et sa revue théorique, « Devenir », ont toujours maintenu leurs liens étroits avec les organisations de la « galaxie néonazie ». « Devenir » vient de se fondre dans une entreprise éditoriale francophone transfrontalière produisant dorénavant la revue « ID ». La base rédactionnelle, sous le vocable d’« identitaire », garde son profil folklorique modernisé pour une culture d’Ordre nouveau, conservatrice, contre-révolutionnaire, rétrograde et totalement dépassée. Mais bon, il y en a bien, dans certains établissements de soins, qui continuent à se persuader qu’ils sont la réincarnation de Napoléon ...
En parallèle, Nation poursuit son « chemin du combattant » avec des organisations néonazies. C’est le cas à travers les activités du « comité Nationalistes contre l’Otan ». Le 20 février dernier, ce comité manifestait devant l’ambassade des Etats-Unis contre la visite en Belgique du président George Bush. Le meneur principal de ces « nationalistes » est, encore et toujours, Hervé Van Laethem.
Plusieurs compte-rendus de cette petite manifestation ont été diffusés. Et Nation se réjouira de cette mobilisation militante, sans pour autant entrer dans les détails (1). Pour notre part, nous avons consulté un PV de ce rassemblement : le PV établi par « Bloed, Bodem, Eer Trouw », une revue publiée par des néonazis du Nord du pays. Celle-ci mentionne – contrairement aux informations « politiquement correctes » de Nation - qu’à la manifestation du 20 février, « B&H VL », « B&H NL » et la « NVU » étaient présentes aux côtés de Nation. Or, sous le sigle « NVU » se cache la Nederlands volksunie, un parti néonazi hollandais groupusculaire. « B&H » sont les initiales de « Blood and Honour », une organisation nazi-skin internationale, dont est issu un groupe paramilitaire clandestin à vocation terroriste : Combat 18 (1 pour la premier lettre de l’alphabet, 8 pour la huitième, soit AH, c’est-à-dire les initiales d’Adolf Hitler). « VL » et « NL » signifiant qu’il s’agissait des « divisions » flamande et hollandaise de B&H.
Délégation de Nation à une manifestation organisée par des néonazis flamands à Anvers, en janvier 2004. Parmi ceux-ci : les activistes de Groen-rechts et de Blood and Honour Vlaanderen, les deux principaux et actuels partenaires flamands du mouvement Nation.
En Flandre, Blood and Honour Vlaanderen et la publication « Bloed, Bodem, Eer Trouw » alimentent et animent la « scène néonazie ». Ils participent à la diffusion d’écrits hors-la-loi et soutiennent les activités criminelles des « négateurs-nazis » de VHO. Le 19 mars dernier, ce groupe de skinheads nazis et sa revue organisaient un meeting pro-négationniste près d’Anvers. Parmi les orateurs annoncés, figurent des proches de l’ex-groupe l’Assaut (les néonazis Siegfried Verbeke et Christian Worch) et un dénommé S. Balland, représentant officiel de la « Délégation Wallonie » du Comité d’entraide aux prisonniers européens (CEPE). Le CEPE est une émanation des « Identitaires », l’organisation française modèle de Nation et de son ex-organe théorique « Devenir ». Comme par hasard…
Le mouvement Nation, « alternative » autoproclamée au Front national, garde donc son ancrage dans les eaux profondes et peu mouvantes du pur et dur néonazisme[19].
(1) Lors de la manifestation néonazie contre George Bush du 20 février 2005, une centaine de militants de Nation, de la NVU hollandaise et des divisions néerlandophones de Blood and Honour était présente. Le lendemain, l’extrême gauche et la gauche altermondialistes rassembleront devant l’ambassade des Etats-Unis à Bruxelles entre 4.000 et 5.000 militants.
L’une des couvertures de « Bloed, Bodem, Eer Trouw ». Ce journal néonazi, antisémite, négationniste flamand préconisant des actions armées contre les « ennemis de la race blanche » est réalisé dans la mouvance de Blood and Honour Vlaanderen, l’un des partenaires politiques actuels de Nation (doc : Archives-RésistanceS »).
| L’une des couvertures, préconisant l’action armée contre les étrangers, de « l’aSSaut ». Le fondateur de ce journal néonazi belge dirige, aujourd’hui, le mouvement électoraliste d’extrême droite Nation (doc. : Archives-RésistanceS). |
Pourquoi et comment l’extrême droite est financée par la Démocratie
Manifestation nationaliste flamingante à Bruxelles, en 1991. Le Vlaams Blok / Belang, un parti néofasciste séparatiste voulant que la « Belgique crève » (« België barst ! ») est financé, depuis 1989, par tous les contribuables belges… Est-ce logique ? (photo : Manuel Abramowicz).
Dans notre système démocratique, les partis politiques parlementaires sont financés par l’Etat, y compris les formations d’extrême droite antidémocratiques. Cette situation a déjà fait couler beaucoup d’encre et a ouvert la porte à de nombreuses polémiques. Beaucoup de voix se sont élevées pour supprimer cette dotation publique aux ennemis de la démocratie. Mais les mécanismes de privation de financement des partis liberticides sont compliqués à mettre en oeuvre.
RésistanceS s’est penché sur cette délicate question. Voici, en un jeu de dix questions/réponses, notre explication.
1er question Comment sont financés les partis politiques?
Le financement des partis politiques est majoritairement public. A condition qu’ils remplissent certaines conditions, notamment celle d'être représentés au sein du Parlement fédéral, ils reçoivent, en vertu de la loi du 4 juillet 1989, une dotation publique prévue au budget de l'Etat fédéral. Cette dotation est en partie proportionnelle au nombre de voix qu'ils ont recueillies aux élections législatives fédérales.
Depuis la réforme de l'Etat de 2001 (Lambermont - Saint Polycarpe) les Régions et Communautés sont compétentes pour octroyer une dotation complémentaire aux partis représentés au sein de leurs assemblées.
Les règlements des parlements des différents niveaux de pouvoir prévoient enfin, dans des proportions variables, des dotations de fonctionnements aux différents groupes politiques présents en leurs seins.
Le volet privé du financement des partis politiques est constitué par les donations des personnes privées (max 500€/personne/an), les cotisations des militants et, dans des proportions très diverses selon les partis, par les quotes-parts de leurs mandataires et cadres sur leurs rémunérations et traitements.
Les personnes morales, qu'elles soient ou non à but lucratif (entreprises, asbl,...), ne peuvent en aucun cas apporter une aide en nature ou financière aux partis politiques.
2e question Pourquoi un financement public ?
Dans plusieurs pays européens, l'absence de toute législation sur le financement des partis politiques a abouti à des situations troubles, des conflits d'intérêts voire même des affaires de corruption. Les années quatre-vingt ont été particulièrement marquées par ce type d'affaires.
Dans ce contexte, la loi du 4 juillet 1989 a eu pour objectif double d'assurer une transparence totale sur les modes de financement des partis politiques et une limitation drastique de leurs possibilités de dépenser leur argent. En contrepartie du caractère public du financement des partis, les dons d'entreprises ont également été totalement interdits.
3e question Les partis politiques ont-ils des obligations à respecter pour avoir droit à ce financement ?
Oui. Outre les conditions de représentativité (avoir au moins un élu au Parlement fédéral), les partis politiques doivent remettre chaque année à la Commission Parlementaire de Contrôle instaurée par la loi à cet effet, un rapport financier sur leurs comptes, visé par un réviseur d'entreprise. La Commission de Contrôle peut se faire assister de la Cour des Comptes.
Le non respect de cette obligation entraîne la perte de la dotation fédérale pour une période déterminée.
Par ailleurs, les partis politiques doivent s'engager solennellement à respecter les droits et libertés consacrés par la Convention Européenne des Droits de l'Homme.
4e question Les partis politiques sont-ils limités dans leurs dépenses ?
Oui. La loi prévoit qu'en période électorale, chaque parti et chaque candidat ne peut dépasser un plafond de dépenses fixé par la loi pour ses dépenses de propagande électorale. Ce plafond peut varier entre les candidats selon la place qu'ils occupent sur la liste. Il peut également varier en fonction de la taille de la circonscription dans laquelle se présente le candidat.
La période électorale débute trois mois avant la date prévue pour les élections. Pendant cette période, certains types de publicité électorale sont interdits: affiches de plus de quatre mètres carrés, distribution de cadeaux ou de gadgets... .
En-dehors de la période électorale, les dépenses des partis politiques, en ce compris les dépenses de propagande, ne sont pas limitées. Le parti qui dépense le plus d'argent pour sa propagande hors campagne électorale est, de très loin, le Vlaams Blok. En 2001 et 2002, il a dépensé à cette fin respectivement 2 et 2,5 millions € soit, selon les cas, approximativement deux à cinq fois plus que les autres partis représentés au Parlement.
5e question Les partis politiques peuvent-ils perdre le droit à leur financement ?
Oui. En ce qui concerne la dotation publique fédérale, ils peuvent perdre le droit à celle-ci pour une période déterminée si:
– ils ne se conforment pas à leur obligation de transmission de rapports financiers ou si ceux-ci contiennent des inexactitudes conduisant à leur non approbation par la Commission de contrôle : c'est d'ailleurs le cas pour le FN en 2005 ;
– ils dépassent, lors d'une campagne électorale, le plafond de dépenses autorisé ;
– ils ne se conforment pas à leur obligation de déclarer solennellement de respecter la Convention Européenne des Droits de l'Homme. A ce jour, tous les partis représentés au Parlement fédéral on effectué cette déclaration de pure forme, en ce compris le Vlaams Blok et le FN ;
– en principe, l'article 15ter de la loi du 4 juillet 1989 prévoit que les partis pourraient être privés de leur dotation si, en dépit de leur déclaration solennelle relative au respect de la Convention Européenne des Droits de l'Homme, il est constaté que dans les faits, ils sont en réalité hostiles aux droits et libertés qu'elle garantit (sur l'application de ce mécanisme : voir infra).
Les règlements des différentes assemblées du pays contiennent également des dispositions qui permettent de priver un groupe politique de sa dotation de fonctionnement si un des ses membres a été condamné sur base des lois réprimant le racisme et le négationnisme ou si le parti a perdu sa dotation en vertu de l'application de l'article 15 ter de la loi du 4 juillet 1989.
6e question La loi permettant de priver un parti du financement public fédéral en raison de son hostilité à la démocratie a-t-elle déjà été appliquée?
Non. L'article 15ter qui a été ajouté en 1999 dans la loi du 4 juillet 1989 sur le financement des partis politiques n'a jamais été applicable. A l'époque, le législateur avait pris conscience que la simple formalité de déclaration solennelle de respect des droits et libertés garantis par la Convention Européenne des Droits de l'Homme ne suffisait pas et qu'il fallait pouvoir déterminer concrètement le respect de cet engagement.
L'article 15ter nécessitait une série d'arrêtés d'application devant fixer la procédure permettant de constater, au terme d'une procédure juridictionnelle, une éventuelle hostilité envers ces droits et libertés.
Des projets d'arrêtés ont été adoptés par le Gouvernement arc-en-ciel en 2001 mais à cette occasion, le Conseil d'Etat (section législation) a relevé un vice de constitutionnalité dans la loi elle-même. Une correction de celle-ci était donc impérative.
Lors de la législature 1999-2003, il a été impossible de dégager une majorité politique pour corriger la loi. Les partis flamands craignaient en effet que l'application de cette loi au Vlaams Blok ne contribue à faire de celui-ci un martyr dans l'opinion publique
7e question Cette loi a-t-elle des chances d'être rendue applicable à court terme ?
Oui. Sous la législature actuelle, une nouvelle loi de correction a enfin été votée après de nombreuses péripéties. En raison des élections régionales, il aura fallu attendre plus d'un an entre son vote à la Chambre en février 2004 et son vote au Sénat en janvier 2005.
Entre l'adoption de l'article 15ter en 1999 et la correction de son vice d'inconstitutionnalité, ce sont donc 6 années qui se sont écoulées pendant lesquelles le principe de la privation de financement pour les partis liberticides était inscrit dans la loi sans pouvoir être appliqué.
Le Ministre de l'Intérieur doit maintenant prendre les arrêtés d'application nécessaires. Ceux-ci devraient intervenir dans le courant de l'année 2005.
8e question Qui peut enclencher le mécanisme de privation de financement ?
C'est la Commission de Contrôle du Parlement qui, à l'initiative d'un tiers de ses membres, peut saisir le Conseil d'Etat contre un parti déterminé. La Commission a soixante jours pour introduire une demande de privation de financement devant le Conseil d'Etat à partir de la survenance du fait sur lequel se fonde la plainte.
Au terme d'une procédure juridictionnelle devant le Conseil d'Etat, celui-ci peut constater que le parti incriminé a, de son propre fait ou du fait de ses composantes, candidats ou mandataires élus, au travers d'indices concordants, manifesté son hostilité aux droits et libertés consacrés par la Convention Européenne des Droits de l'Homme.
C'est l'assemblé générale du Conseil d'Etat, composée paritairement sur le plan linguistique, qui statue. Dans la première version de la loi, un recours contre cette décision était ouvert devant la Cour de Cassation mais celui-ci a été supprimé lors de la modification de 2005.
Si le Conseil d'Etat considère que la demande de privation est fondée, il peut décider de priver le parti en question de sa dotation publique pour une période de trois mois à un an.
Il faut noter que l'ensemble des règlements des assemblées législatives prévoit qu'en cas de sanction par le Conseil d'Etat, le groupe politique correspondant au parti sanctionné, perd également sa dotation de fonctionnement.
9e question Le fait que le Vlaams Blok ait été condamné pour racisme pourra-t-il entraîner sa privation de financement ?
Lorsque la loi sera d'application, dans l'hypothèse où une plainte serait déposée devant le Conseil d'Etat, les arguments contenus dans la motivation de l'arrêt de la Cour d'Appel de Gand pourraient certainement être appréciés en tant « qu'indices concordants » de l'hostilité du parti à l'égard des libertés fondamentales.
Il faudrait cependant qu'un fait nouveau, imputable directement au parti, ses composantes, candidats ou mandataires se soit produit qui ait justifié le dépôt de la demande de privation de financement devant le Conseil d'Etat. Les débats devront alors permettre d'établir si les faits, les déclarations, les opinions qui ont donné lieu à la condamnation pénale peuvent toujours être considérés comme révélateurs de la ligne du parti au moment de la demande.
Formellement, il n'y a aucune limitation dans le temps concernant les faits pouvant êtres invoqués à l'appui de la plainte, mais il appartiendra au Conseil d'Etat d'apprécier au cas par cas la pertinence de ceux-ci comme fondement de la demande.
10e question Le changement de nom du Vlaams Blok peut-il avoir une influence sur le risque de privation de financement?
Il s'agit en réalité d'une appréciation de fait qui appartiendra, le cas échéant, au Conseil d'Etat. Ce sera à lui de déterminer si certains éléments remontant à l'époque où le parti s'appelait Vlaams Blok sont pertinents pour déterminer l'hostilité éventuelle du Vlaams Belang vis-à-vis de la démocratie.
A priori, le changement de nom est moins important qu'un éventuel (et peu probable) changement de ligne politique.
Par ailleurs, en raison d'une jurisprudence de la Cour d'arbitrage, un parti peut éviter la sanction s'il se démarque clairement des propos ou des actes imputables à un des ses mandataires, par exemple en excluant celui-ci, lorsque ces propos ou ces actes sont à l'origine d'une demande de privation de financement introduite par la Commission de Contrôle devant le Conseil d'Etat[20].
En prévision des élections communales de 2006
Des « Intérêts communaux » contre Elio Di Rupo ou le retour d’un leurre d’extrême droite
Un nouveau « parti politique » vient de voir le jour à l’échelon communal à Mons, commune pauvre du Hainaut dont Elio Di Rupo, le président du Parti socialiste, est le bourgmestre. Cette formation a pris un nom passe-partout : « Intérêt communal ». Derrière ce sigle se cache en réalité Arnaud Franchini (21 ans), l’ancien chef montois des « jeunes » du Front national de Daniel Féret. Une vieille connaissance de RésistanceS.Elio Di Rupo (au centre), lors d’un meeting de Lionel Jospin, en avril 2002, en compagnie de Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Comme ces deux derniers, le bourgmestre de Mons et président du PS a toujours été dans la ligne de mire de l’extrême droite belge © Photo : Manuel Abramowicz
Il y a un peu plus d’un an, notre site Internet d’investigation antifasciste a consacré trois articles à Arnaud Franchini (voir ci-contre). Alors jeune « étoile montante » d’un Front national en constante débâcle politique interne, il était néanmoins promis à un bel avenir dans les rangs du « frontisme à la Belge ». Seulement voilà : comme d’autres, comme beaucoup d’autres avant lui, il s’est frotté à la personnalité complexe du docteur Féret, le président-à-vie du FN. A la suite de cela, Franchini a fait dissidence, sur les traces de tous ceux qui avaient déjà fait défection. Pour rester en activité, le jeune montois fonde, en avril 2004, sa propre organisation : la Jeune alliance nationale (JAN). Il se rapproche du Front nouveau de Belgique (FNB), une autre dissidence du FN, présidé par Xavier-François Robert, un ex-PRL. La JAN devient officiellement l’organisation de jeunesse du FNB. Pour peu de temps.
Quelques semaines après ses épousailles avec ce “nouveau front”, Franchini annonce son soutien inconditionnel à Michel Delacroix. Notamment avocat de militants d’extrême droite, il est surtout l’un des plus fidèles compagnons politiques et l’ami de longue date de Daniel Féret. Sénateur coopté du FN, Delacroix se présente aux éléctions régionales de juin 2004 dans la région montoise. Malgré son hostilité maladive à Féret, la JAN fait campagne pour Delacroix. Depuis lors, Franchini et sa JAN ont disparu de la circulation. Jusqu’il y a récemment.
Un défi à Elio Di Rupo ?
De façon assez discrète, Arnaud Franchini a mis sur pied, en avril 2005, un prolongement structurel de sa Jeune alliance nationale. Sa nouvelle organisation politique se prénomme « Intérêt communal » (IC). Une appelation banale, régulièrement utilisée au scrutin communal par les partis généralement au pouvoir. Ses objectifs ? « Faire émerger une force politique de renouveau et rassembler une nouvelle génération de cadres politiques, en misant sur la jeunesse. Avec une volonté de construire une formation crédible et constructible (sic) capable de conduire les jeunes au pouvoir et d'assurer un renouveau communal dans la région de Mons Borinage », dixit le texte de présentation de IC de Franchini, que nous nous sommes procuré.
A son agenda, la présentation en octobre 2006 d’une liste aux élections communales à Mons, dans le fief du président du Parti socialiste belge francophone, Elio Di Rupo. Un politicien régulièrement pris pour cible par l’extrême droite. A Mons, Franchini ambitionne de faire élire un conseiller communal, voire plus. Il pourra ainsi directement interpeller Elio Di Rupo, actuel bourgmestre de Mons et candidat bourgmestre en 2006.
Pour l’heure, Arnaud Franchini, comme à son habitude, diffuse de la contre-information afin de faire croire que son nouveau mouvement est en plein envol et bénéficie d’excroissances dans les écoles, les universités, le monde du travail… Ceci n’est que de la propagande pur jus. La « bande Franchini » ne rassemble qu’une poignée de fidèles et ne peut se targuer d’être un mouvement politique solide,même s’il présente un organigramme proche de celui du FN ou de tout autre parti. Comme la plupart des groupuscules de ce genre, IC ressemble bien plus à une « armée mexicaine » qu’à une véritable formation politique. Pour l’anecdote, Arnaud Franchini a été désigné « Président du parti » (sic), le 17 mai 2005, pour un mandat de deux ans. Les autres dirigeants et unique membres de IC sont Christophe Vincent (qui devient son trésorier) et Marie-Laure Dubuisson (élue au poste de secrétaire politique). Jeune vendeuse de 20 ans, cette dernière figurait en deuxième position sur la liste du Front nouveau de Belgique déposée dans la circonscription électorale de Mons, pour les éléctions régionales, en juin 2004.
A l’instar de la JAN, ce nouvel avatar de Franchini ne risque pas de décoller sur le plan régional. Cependant, si IC dépose bel et bien une liste aux prochaines élections communales à Mons, où plus de 25 % de la population active est au chômage, et y fait élire un représentant, il se peut qu’Elio Di Rupo doive faire face à un conseiller communal qui ne sera pas de tout repos. A l’instar du conseiller communal FN Salavatore Nicotra qui, , entre 1994 et 2000, secoua régulièrement l’hémicycle communal saint-gillois par des prises de parole tonitruantes.
Franchini se revendique des droits de l’Homme !
En prévision des élections communales de 2006 et en vue d’éviter des ennuis judiciaires, Arnaud Franchini présente « Intérêt communal » comme un nouveau « mouvement centriste (ni droite, ni gauche, ni extrême) ». Il affirme même, comble de l’ironie, se revendiquer de la « Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne entérinant les principes de respect des droits de l’Homme et des valeurs démocratiques » et n’hésite pasà réutiliser, sans l’accord de celle-ci, le logo de la Ligue des droits de l’homme. Le cinquième point du « manifeste de fondation » d’Intérêt communal précise même : « Nous sommes également opposés au néonazisme, au racisme et à la xénophobie... ». On apprend encore que « bon nombre de sympathisants d'origine allochtone nous soutiennent ». Franchini est en effet d’origine italienne…
Agissant en catimini à l’heure actuelle, ce jeune ex-frontiste se prépare néanmoins ardemment pour pouvoir déposer sa liste communale contre Elio Di Rupo. Pour l’instant, il reçoit déjà le soutien médiatique de son ami Georges-Pierre Tonnelier, alias « GPT ». Autre connaissance de RésistanceS, GPT est un activiste de longue date issu de la « galaxie frontiste ». Son parcours politique est quasi similaire à celui du « président-fondateur » de IC. En 2004, ils avaient tous les deux été les « jeunes lieutenants » du sénateur FN Michel Delacroix. Depuis, Franchini et GPT sont restés actifs dans cette « mouvance ». C’est sans doute pour cette raison que le forum que le second modère sur son site Internet est essentiellement fréquenté par des individus provenant des divers courants de l’extrême droite belge, venant du FN ou de sa dernière dissidence, Force nationale. Avec eux conversent aussi des adeptes du « White power », le « pouvoir blanc », cher aux nervis racistes du KKK d’outre-Atlantique. Arnaud Franchini ou GPT restent des leurres d’extrême droite. Mais, encore fallait-il le rappeler…[21]
La JAN rejoint la tendance radicale du FN
Un « pôle » radical regroupant les purs et durs du nationalisme francophone est-il en train de se constituer au sein du FN ? La JAN, un groupuscule maigrichon rassemblant des petits jeunes adeptes d’un nationalisme radical, après avoir flirté avec Daniel Féret (le « boss » du Front national) et François-Xavier Robert (le patron du Front nouveau de Belgique), annonce désormais son alliance avec Michel Delacroix, sénateur du FN « féretiste ». Cette alliance juvénile pourrait, demain, secouer le FN de l’intérieur et donner naissance à une nouvelle structuration de l’extrême droite en Communauté française.
| Affiche s’attaquant au sénateur Michel Delacroix (FN), réalisée par le « Front wallon », une organisation politico-humoristique ciblant en particulier l’extrême droite francophone. |
La Jeune alliance nationale (JAN), fondée il y a quelques semaines par Arnaud Franchini (un jeune montois déjà dissident du Front national de Daniel Féret), et qui se définissait alors comme étant la « branche jeune du Front nouveau de Belgique » (FNB, une dissidence du FN apparue en 1996), soutient désormais, en vue des élections régionales du 13 juin prochain, Michel Delacroix… sénateur du Front national et « compagnon de route » de longue date de Féret.
Par ailleurs, Michel Delacroix fait partie de « l’aile radicale » du FN, qui est notamment une habituée des cérémonies organisées, encore à notre époque, par les ex-Waffen SS wallons degrelliens qui décidèrent de trahir notre pays après son invasion par l’armée allemande.
Le soutien de la JAN à Delacroix est la préfiguration d’un rassemblement des purs et durs de l’extrême droite francophone autour de celui-ci. Dans la même période, on apprenait également le retour dans le « giron frontiste » de Patrick Sessler, un radical lui aussi, qui avait fait partie jusqu’en 1989 de la direction du Parti des forces nouvelles, une formation néo-nazie directement parrainée par l’ex-dirigeant collabo belge hitlérien Léon Degrelle !
Mais pourquoi donc la JAN est-elle revenue à ses « amours de jeunesse » ? Ce revirement fait officiellement suite à la décision du FNB de ne pas faire figurer le leader de la JAN, Arnaud Franchini, sur sa liste électorale bruxelloise à l’occasion des Régionales du 13 juin prochain, décision que ce dernier attribue à la volonté de Daniel Féret (FN) de protéger son poulain, Emanuele Licari di Castel Mola, responsable quant à lui du FNJ, la branche jeune du FN. Comme si Féret avait un quelconque pouvoir de décision sur le FNB, qui ne sait pas le voir en peinture ! Le jeune Arnaud est un grand naïf. Il a encore beaucoup de choses à apprendre. Pour l’heure, il vient de brillamment rater son « entrée » en politique et comme il est parti, ça promet pour l’avenir du nationalisme…[22]
Jeune alliance nationale
au service du FNB
Après Nation, la Ligue, le Bloc wallon, REF et autres Renaissance européenne, voici venue la Jeune alliance nationale (JAN), dirigée dans la région de Mons par un ex-militant du Front national (FN). La JAN est une nouvelle organisation qui souhaite ratisser large. Pour l’heure, au service du maigrichon Front nouveau de Belgique (FNB).
Avec une base militante maigrichonne (pas plus de cinquante militants en tout), en Communauté française, l’extrême droite francophone est constituée de plusieurs organisations. La rivalité et les conflits internes sont leur singularité. Le Front national de Daniel Féret a produit plus de vingt dissidences, en moins de vingt ans d’existence. Un record absolu dans l’Histoire politique belge, voire mondiale !
Du Front à la Ligue
Dernière scission structurée à l’heure actuelle, celle apparue à Charleroi autour d’Olivier Delcourt, le dernier responsable local du parti de Féret. Lui et les siens ont mis sur le marché politique une nouvelle organisation : la Ligue. Se revendiquant aussi du « lepénisme », cette ligue est plus folklorique que dangereuse (voir la notice que nous lui avons consacré dans « La Radioscopie de l’extrême droite francophone »). Exclus ou en désaccord avec l’échec de sa voie électorale, des ex-militants de Nation, pour leur part, s’apprêtent maintenant à lancer une nouvelle structure politique. Le moribond Front nouveau de Belgique (FNB) vient quant à lui de recevoir l’appui de nouvelles recrues, transfuges du FN dans leur majorité. Ceux-ci se sont rassemblés dans la JAN.
JAN : qu’est ce que c’est ?
Apparue à Mons, au mois d’avril 2004, la Jeune alliance nationale (JAN) se définit maintenant comme étant l’organisation de jeunesse officielle du FNB, présidée par Xavier-François Robert (un ancien militaire de carrière membre du PRL). En voie de disparition, le FNB sert en réalité de refuge aux initiateurs de la JAN. En effet, la cheville ouvrière de cette « alliance nationale », Arnaud Franchini, provient en droite ligne du Front national.
| Arnaud Franchini, hier FN, aujourd’hui au FNB et demain ? |
Ce jeune militant nationaliste, actif depuis quelque temps dans cette mouvance, , tenta de structurer les jeunes du FN entre Mons et Charleroi. Mal lui en a pris puisqu’il fut très vite (et à juste titre) considéré comme un concurrent potentiel pour l’actuel « chef » des « jeunesses frontistes », le baron Emmanuel Licari di Castel. Protégé de Daniel Féret, di Castel n’a pas que des amis au cœur du FN. Selon Georges-Pierre Tonnelier, qui était jadis dans les grâces du big-boss du « front » et qui est devenu aujourd’hui le porte-serviette du sénateur frontiste Michel Delacroix, ce baron néofasciste est « un lèche-bottes de première qui ne fait d'ombre à personne... » (1). Contrairement à Tonnelier, Franchini quittera le FN pour le FNB. Il fondera ensuite la JAN avec d’autres transfuges du FN.
Aujourd’hui, à travers la JAN, Arnaud Franchini prépare sa vengeance contre di Castel, Féret et leurs derniers « lieutenants ». Au départ de son fief localisé à Mons, il tente de développer sa Jeune alliance nationale contre l’ensemble des structures d’extrême droite encore présentes sur le terrain. Arnaud Franchini recrute notamment des militants du groupuscule Nation.
La JAN regrouperait déjà une dizaine d’adhérents (dont 50 % sont des jeunes filles, une exception dans l’extrême droite), essentiellement à Mons et à Charleroi. Elle se prépare à lancer une grande campagne d’affichage en vue des élections régionales du 13 juin 2004. Arnaud Franchini vient d’ailleurs d’annoncer qu’il sera l’un des candidats du FNB. La présence de ce dernier aux élections, grâce à l’apport des jeunes de la JAN, est bien entendu une très mauvaise nouvelle pour le Front national et autres groupuscules, tels Nation.[23]
(1) Selon un messsage électronique de Georges-Pierre Tonnelier diffusé, le 26 avril 2004, sur le forum de discussion du site Internet belge d’extrême droite « Belgique libre ».
TABLE DES MATIERES
[1] Texte en italique ©MJDR
[2] Les chiffres romains indiquent le numéro de convoi , les chiffre arabes sont les numéros attribués aux personnes.
[3] Jesoda Hatora = traduction = « Les fondements de la Torah »
[4] Haschara: Il s’agit de l’endroit où les jeunes qui désiraient immigrer en Palestine se préparaient à la “Aliyah” (montée). Le groupe se composait de membres de plusieurs organisations de jeunesse.
[5] Bar-Mitsvah: (Textuellement Fils du commandement)
Il s’agit de l’accès au statut d’adulte responsable du point de vue religieux, pour un garçon qui atteint l’âge de 13 ans et est dès lors inclus dans le quorum de la prière. En règle générale, c’est à partir de ce moment là que le garçon aura le droit de porter lesTefillin (Phylactères).
[6] Texte de Laurence SCHRAM, MJDR Malines.
[7] Texte de Laurence SCHRAM (Musée Juif de la Déportation et de la Résistance de Malines – Caserne Dossin)
[8] INFORMATIONS DE COPYRIGHT : Les copies de documents reprenant les « listes de transport » sont sous copyright du Service des Victimes de la Guerre. Les fiches des membres de l’AJB sont sous copyright du CGES. Les fiches du Registre des Juifs sont sous copyright du Musée Juif de Belgique. Ces différents documents nous ont été transmis sous forme de copies digitales par le Musée juif de la Déportation et de la Résistance de Malines. La reproduction de ces différent documents est strictement interdite sans l’autorisation de leurs ayant droit.
[9] L’actuelle rue Duray.
[10] La mention « non immatriculé(e) signifie, dans la plupart des cas, la mort de la personne par gazage, dès l’arrivée au camp !
[11] En fait « HOPFENBERG » Il s’agit d’une erreur de transcription du fonctionnaire.
[12] Le nom se retrouve dans plusieurs documents, orthographié de manières différentes : Wajnberg, Wejnberg, Weinberg, Wynberg. C’est le cas aussi de la famille Wien, qu’on retrouve également sous le nom de Win.
[13] Association des Juifs en Belgique, l’équivalent du « Judenrat » allemand, mis en place par le système nazi, et destiné à manipuler « en confiance » les populations juives. Une idée diabolique, mise en œuvre » par des hommes qui n’avaient sans doute que très peu de qualités humaines…
[14] Le fait, pour une personne de ne pas figurer sur ces listes ne signifie nullement qu’elle ait échappé à la déportation. Cela veut seulement dire qu’elle n’a pas « transité » par la sinistre caserne de Malines.
[15] Nadia GEERTS © RésistanceS – Bruxelles – Belgique – 4 octobre 2004
[16] Manuel ABRAMOWICZ
[17] M.AZ. © RésistanceS – Bruxelles – Belgique – 4 octobre 2004
[18] Manuel ABRAMOWICZ © RésistanceS – www.resistances.be - Bruxelles – Belgique – 23 septembre 2005
[20] Benjamin CADRANEL, Juriste et membre de la rédaction de RésistanceS, © RésistanceS - www.resistances.be – Bruxelles - Mis en ligne le 23 avril 2005.
[21] Simon HARYS © RésistanceS – www.resistances.be - Bruxelles – Belgique – 28 juillet 2005
[22] Manuel ABRAMOWICZ Avec Nadia GEERTS © RésistanceS – www.resistances.be - Bruxelles – Belgique - 25 mai 2004
[23] Simon HARYS
RépondreSupprimer"Je me présente à vous
Mme Annabella Deshant
je suis particulier française .
je suis la 36eme femme reconnue en 2012 comme prêteuse particulier française du
Cour de cassation - Arrêts
Cour de cassation
Article L. 12-5, alinéa 2, du code de l'expropriation
Non renvoyée au Conseil constitutionnel
Alinéas 3 et 4 de l'article 662 du code de procédure pénale
Irrecevabilité
Alinéas 3 et 4 de l'article 662 du code de procédure pénale
Irrecevabilité
Article 35 quater de la loi du 29 juillet 1881
Non renvoyée au Conseil constitutionnel
Articles 222-22, 222-27, 222-28, 222-29, 222-29-1, 222-30 et 222-31 du code pénal
Non renvoyée au Conseil constitutionnel
Article 88 du code de procédure pénale
[Internet Audience]
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Son email: michelfinance@gmx.fr
Contacté-le si vous êtes dans le besoin.
Bonne et heureuse année
On m'appelle Sylvienne Planchet.
RépondreSupprimerJe vie en PLUM un village côtier de la commune de Le Mont-Dore, sur la côte sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie
voici mon témoignage. Je suis victime d’une arnaque
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Cher ami (es) ne croyez pas tout ce que les gens vous disent à propos des prêts sans vérifier si ce qu'ils disent est vrai et si vous êtes aussi dans le besoin de prêt d'argent, je vous prie de bien vouloir adresser vos demandes à l’adresse suivante : (irannabrun@gmail.com)
N'oubliez pas de partager pour aider vos proches qui sont dans le besoin Mais le client a le dernier mot. Ecrivez a Mme IRANNA BRUN, et vous aurez la chance de votre vie.
PERSONNE NON SÉRIEUX S'ABSTENIR
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